Les administrateurs de l’UPA n’auraient pas la liberté de faire partie d’une autre association agricole !

Collaboration spéciale

Un membre de l’association professionnelle des Céréaliers du Québec, par ailleurs président de son syndicat UPA de base, aurait fait l'objet de pressions pour lui faire quitter ses fonctions et s'est vu interdire de représenter le syndicat agricole «en raison de son appartenance à un groupe dissident».

Roland Daneau n’est pourtant pas n’importe qui. Ce producteur a été honoré par l'UPA pour ses 25 années de syndicalisme agricole. Mais c’était en 2009. Un an plus tard, il vient d’être sanctionné par le comité de déontologie de l’UPA. Son crime? Être membre actif d’une association, «les Céréaliers du Québec», qui milite pour le pluralisme syndical agricole. La peine? Deux ans d'interdiction de siéger et de représenter les producteurs agricoles. Condition pour redevenir un élu de plein exercice? Ne plus être membre des Céréaliers du Québec. Roland Daneau, qui affirme avoir fait l’objet de pressions, a préféré démissionner de ses fonctions à l'UPA de Saint-Jean/Valleyfield pour pouvoir rester membre des Céréaliers du Québec.
Roland Daneau
M. Roland Daneau
L’UPA n’admet pas les autres associations agricoles?

L’UPA est une véritable ruche, qui couvre largement l’activité des producteurs agricoles. Elle est scindée en 2 blocs de Fédérations, qui chapeautent elles-mêmes des syndicats dits« régionaux» ou «spécialisés». Un producteur agricole de céréales est membre du syndicat de base de l’UPA de son lieu de résidence. Il est aussi membre du syndicat spécialisé des producteurs de cultures commerciales, lui-même affilié à la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec qui fait également partie de l’UPA. Puisque tout le faisceau des activités possibles est couvert par un seul syndicat, qui détient le monopole de la représentation syndicale, celui-ci semble ne pas admettre l’existence d’autres associations professionnelles agricoles.

Les pressions de l’UPA, subies par Roland Daneau, ont été particulièrement fortes. «Mon syndicat de base a été sollicité pour m'expulser, ce que les membres ont refusé de faire. Cette expérience vécue me questionne sur la place et le rôle de l'administrateur dans le syndicalisme agricole ». Il n’a pas supporté ces pressions et a préféré démissionner. Daneau n’est pas le seul dans son cas. C’est aussi le cas d’une dame qui a été obligée de choisir. Elle aspirait à devenir membre du conseil d’administration de son syndicat UPA, spécialisé en cultures commerciales. «Elle m’a déclaré ne pas pouvoir renouveler son membership aux Céréaliers du Québec», déclare son vice-président Gilles Brouillard. « Si j’ai bien compris», lui a-t-elle écrit pour expliquer son geste, pour être candidate, «je devais signer un document… (Je ne sais trop quoi…) indiquant ne pas être membre d’un autre groupe que l’UPA». Elle a choisi d’être administratrice de son syndicat spécialisé UPA, ce que comprend parfaitement monsieur Brouillard. «Un membre des Céréaliers a grand intérêt à devenir administrateur d’un syndicat spécialisé comme le syndicat UPA spécialisé des producteurs de cultures commerciales. Cela lui permet d’administrer directement le plan conjoint qui existe désormais dans le domaine céréalier. C’est un bon exemple du poids de l’UPA et de ses fédérations spécialisées, puisqu’elle perçoit d’importantes contributions pour ce service». Mais l’UPA en reçoit-elle la légitimité de demander l’exclusivité de l’appartenance?

Toute personne adhérente à un groupe dissident peut-être expulsée de l’UPA Est-il justifié d’exclure les agriculteurs, membres d’un conseil d’administration d’une organisation affiliée à l’UPA, parce qu’ils sont membres des Céréaliers? «N’est ce pas de la discrimination d’exclure du système un individu, tenu par ailleurs de le financer, sur la seule base qu’il ne supporte pas les idées de l’organisation qui gère le système», se demande Roland Daneau? «Ne dit-on pas en morale syndicale que l'union fait la force? À l’UPA, c’est à condition que l'union se fasse du bord qu'on nous impose, ce que j'ai refusé de faire». Il estime avoir été «interdit de représentation pour cause de fréquentations malsaines», ce qui lui semble contraire aux principes démocratiques. «Comme cette sympathie pour ces «groupes marginaux dérangeants», comme les Céréaliers du Québec, est immorale pour l’UPA, on a donc entreprit une procédure de destitution à mon endroit, déplore-t-il.

Patrice Juneau, le porte-parole de l'UPA, que LVA voulait interroger à ce sujet, a choisi de raccrocher le téléphone au nez de son journaliste, à la seule évocation du nom de Gérard Samet…Un journaliste qui doit lui aussi être mis au rencard de l’UPA, s’il se met à étudier les dossiers sensibles pour l’organisation?

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