F.E.R.M.E. s’inquiète de l’avenir de l’agriculture au Québec

MONTRÉAL, le 29 mai 2012 /CNW Telbec/ – S’exprimant au nom de l’ensemble des producteurs agricoles qu’elle représente, la Fondation des Entreprises en Recrutement de Main-d’œuvre Agricole Étrangère (F.E.R.M.E.) s’inquiète des impacts négatifs découlant des modifications à être apportées à la Loi sur l’assurance-emploi, lesquelles entreront en vigueur en 2013.

Toujours cruellement confrontés à des pénuries de main-d’œuvre, celles-ci maintes fois attestées par les gouvernements du Québec et du Canada, les producteurs agricoles québécois doivent chaque année faire appel à de nombreux travailleurs étrangers temporaires afin de combler leurs besoins de main-d’œuvre. En 2011, plus de 7 500 travailleurs étrangers temporaires sont venus travailler dans les fermes du Québec.

Ces pénuries de main-d’œuvre ne constituent pas un phénomène récent, bien que sans cesse croissant. Depuis plus de quarante ans, l’industrie agricole souffre des conséquences liées à l’exode rural. Les campagnes se vident : les travailleurs locaux se font de plus en plus rares, préférant intégrer les zones urbaines dans l’espoir d’y dénicher un meilleur emploi. À chaque saison, les producteurs agricoles se retrouvent à court de main-d’œuvre.

Contraindre les chômeurs canadiens à accepter tout emploi convenable ne permettra pas de pallier le manque de main-d’œuvre dans les fermes du Québec : c’est un leurre. Il faut comprendre que le travail agricole n’est pas près de remporter la palme parmi les emplois les plus alléchants. Or, tout employeur n’a que faire de travailleurs mécontents ou très peu motivés, encore moins dans le monde agricole, là où les conditions de travail demeurent somme toute exigeantes. La capacité de produire de ces entreprises et la disponibilité des produits agricoles québécois sont compromises à moyen et long terme, car les chômeurs, forcés d’accepter des emplois dont, de toute évidence, ils ne veulent pas, n’apporteront pas une solution durable et permanente à un problème de main-d’œuvre tenace et récurrent. La démonstration n’est plus à faire.

Privilégier les chômeurs canadiens au détriment des travailleurs étrangers, c’est louable. En pratique, toutefois, il en va tout autrement. Un allongement encore plus important des délais dans le traitement des demandes de travailleurs étrangers est-il à craindre ? Aussi, sachant que tout employeur qui a recours aux travailleurs étrangers temporaires doit démontrer, année après année, qu’il a tenté de recruter dans le marché du travail local, et ce, selon des normes et règles très précises, qu’adviendra-t-il de ces obligations ? Seront-elles modifiées ? Si oui, à quel point ?

Et il y a plus. La mise en place des mesures annoncées risque de faire fuir la main-d’œuvre locale saisonnière, une denrée aujourd’hui très rare dans l’industrie agricole. Le caractère saisonnier des emplois agricoles fera en sorte d’éloigner les travailleurs locaux, compte tenu du sort peu enviable que la réforme leur réserve. Pourrait-il s’agir d’une façon détournée de vider les fermes de leur contingent de travailleurs locaux ? Une question s’impose : qui dorénavant comblera ces postes saisonniers ? Les employeurs agricoles, tant au Québec qu’ailleurs au Canada, n’auront d’autres choix que de se tourner encore davantage vers les travailleurs étrangers temporaires. S’agit-il là de l’effet recherché par le gouvernement Harper ?

L’industrie agroalimentaire, un secteur d’activités on ne peut plus saisonnier, demeure tributaire des conditions climatiques, et présente des besoins en matière de main-d’œuvre tout à fait singuliers. Elle doit pouvoir compter sur un large bassin de manœuvres agricoles, disponibles en grand nombre sur une courte période de temps. Le monde agricole doit pouvoir compter sur la présence de travailleurs stables, constants et volontaires : c’est une question de survie.

Or, les modifications annoncées la semaine dernière constituent une menace réelle pour l’agriculture au Québec. Les producteurs agricoles, déjà aux prises avec d’importants problèmes de main-d’œuvre, n’ont pas à faire les frais d’une politique fédérale sévère qui omet de tenir compte de réalité propres à certaines industries, dont la leur.

F.E.R.M.E. est une organisation sans but lucratif, formée à l’initiative d’associations de producteurs agricoles, tous utilisateurs de main-d’œuvre étrangère. Depuis plus de vingt ans, F.E.R.M.E. assiste ses membres dans toutes les étapes liées au recrutement des travailleurs étrangers temporaires, le tout en conformité avec les normes contenues aux programmes fédéraux en vigueur. En 2011, au total, plus de 8500 offres d’emplois ont été comblées par ces travailleurs au sein de l’industrie agroalimentaire québécoise. Bon an mal an, les activités de F.E.R.M.E. affichent un taux de croissance avoisinant les 13 %.


Renseignements :
M. René Mantha
Directeur général, F.E.R.M.E.

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