Peut-être le temps est-il venu de donner aux agriculteurs le choix de leur syndicat !

Quand l’U.P.A. a choisi dans les années 1980 de revendiquer l’assurance-stabilisation pour l’intégration comme pour la ferme familiale indépendante, elle a fait à mon avis une erreur fondamentale dont les agriculteurs n’ont pas fini de payer le prix. Aujourd’hui, il faut demander aux agriculteurs quel devrait être le rôle de leur syndicat et s’il y a plusieurs fonctions différentes qui devraient être assumées par des syndicats différents.

L’U.P.A. est devenu un “melting pot” et il faudrait mieux préciser les différentes fonctions à assumer et si ces fonctions peuvent être assurées par un seul et même syndicat. Ainsi, un syndicat d’éleveurs de bovins peut-il opérer un abattoir, un syndicat peut-il couvrir à la fois des agriculteurs propriétaires d’une ferme familiale indépendante et des agriculteurs intégrés à contrats?  Un agriculteur qui n’est pas propriétaire de sa ferme peut-il faire partie du même syndicat que celui qui est propriétaire de sa terre? Est-ce que le gouvernement souhaite que les banques achètent des terres agricoles en vue de les louer à des entrepreneurs qui vont développer un modèle agricole industriel? L’A.S.R.A. doit-elle continuer à assurer l’intégration, c’est-à-dire les intégrateurs et les intégrés ou réserver les fonds publics à la ferme familiale indépendante? Peut-on penser que les payeurs de taxes veulent payer des taxes pour les intégrateurs millionnaires contribuant ainsi à développer un modèle d’agriculture de type industriel?

Quand le gouvernement du Québec a permis que l’A.S.R.A. déborde de la ferme familiale indépendante, à la demande de l’U.P.A., le vers a été mis dans la pomme. Maintenant on peut s’attendre à tous les modèles que les écumeurs de l’économie pourront inventer pour faire plus d’argent.

Après cela, on se demandera d‘un air innocent comment il se fait qu’on en soit arrivé là.

Un syndicat est créé en vertu de la loi pour défendre les intérêts communs des membres qui en font partie. C’est pourquoi il doit regrouper les agriculteurs qui ont les mêmes intérêts qui sont définis dans la loi. Mais comment peut-on mettre ensemble des agriculteurs qui ont des intérêts différents quand il ne s’agit pas d’intérêts contradictoires? Aujourd’hui j’ai l’impression que les intérêts de l’U.P.A. sont plus importants que les intérêts de ses membres agriculteurs ou encore que la présence des agriculteurs a pour but ultime de leur faire payer des cotisations à l’U.P.A. avant tout, même si les agriculteurs sont plus ou moins desservis par le syndicat. Normalement, il faut vérifier la représentativité du syndicat et le travail fait à l’avantage de ses membres.

L’agriculteur paie à l’U.P.A. et à la coopérative mais ces institutions jouent-elles aujourd’hui les rôles pour lesquels elles avaient été créées il y a plus de 75 ans. Se sont-elles ajustées à l’évolution des besoins des agriculteurs ou plutôt est-ce l’agriculteur qui est maintenant au service de son syndicat et de sa coopérative qui ont bien changé au cours des années.

Ces questions de base doivent être résolues parce qu’autrement, il s‘ensuit un disfonctionnement de ces institutions qui ont pour but d’aider les agriculteurs. L’avenir nous dira si l’U.P.A. a le courage d’aborder ces questions. Ce débat sera de plus en plus nécessaire. Il permet au monde agricole de clarifier les choses au bénéfice des agriculteurs.

Pour rejoindre Jean Garon: jeanrgaron@videotron.ca

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