Faut-il réguler les marchés par des interventions d’états ?

(YP) Le 9 octobre dernier dans le cadre du Sommet international des coopératives, un panel était réuni pour s’exprimer sur l’instabilité des marchés et le rôle des coopératives pour y remédier.

Marcel Groleau, président de l’UPA animait cette plénière : “ L’instabilité des marchés touche les producteurs, les consommateurs mais aussi les pays en développement. Si certains pensent que les gouvernements sont responsables de l’instabilité des marchés, d’autres dont je suis, pensent que les gouvernements doivent intervenir pour les réguler. L’instabilité des prix est un phénomène complexe en agriculture et celui-ci ne peut être traité comme dans les autres secteurs économiques.“ a-t-il- dit, en introduction.

Pierre Pagesse, président de Momagri* en France ( mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture depuis 2005 et agence de notation depuis 2011 ) explique : “ On constate une instabilité structurelles des marchés en regardant les prix du blé sur 150 ans. Il faut savoir que l’agriculture est stratégique pour le maintien des trois piliers de l’humanité : éducation, santé et nutrition. L’agriculture est spécifique par la longueur du cycle de production et parce que bien qu’en croissance l’agriculture ne connait pas forcément d’élasticité dans la demande. Momagri considère que la financiarisation croissante en agriculture amplifie la volatilité.“ Pierre Pagesse estime que Momagri vient combler un besoin alors que la gouvernance agricole internationale est éclatée en 21 institutions ( OMC, FAO, Banque mondiale etc) sans concertation politique véritable. Il est lui aussi un grand défenseur de la régulation gouvernementale des marchés qui, dit-il, favorise le développement équitable des échanges en luttant contre les dérives spéculatives.

Denis Richard, président de La Coop Fédérée partage une bonne partie du discours de M.Pagesse :  “ Le fait d’avoir des spéculateurs dans le marché des grains amplifie la fluctuation et l’instabilité des prix“, dit-il. “ On voit que l’OMC ( Organisation Mondiale du Commerce) a de la difficulté à réguler. Je suis ouvert à améliorer la situation de la sécurité alimentaire sur la planète par des collaborations coopératives dans différents pays.“, conclut-il.

Robert Keating, président, directeur général de la Financière agricole du Québec  (FADQ) est plus mesuré. “ Oui, il y a parfois des risques sanitaires de type vache folle ou DEP et les pays amènent de la stabilité par leurs actions en supportant dans des proportions différentes l’agriculture : à hauteur de 60 % pour la Norvège par exemple, de 15 % pour le Canada, 20 % pour l’Union européenne et 18 % pour les États-Unis mais il faut aussi s’interroger à savoir si les producteurs privés n’ont pas de meilleurs outils ?“. Il rappelle que la bourse de Chicago a fait en moyenne 80 transactions quand le producteur en fait au maximum 3 ou 4 par an.

Le débat reste ouvert entre plus ou moins d’intervention d’État dans le monde agricole !

 

 

*Momagri est considéré par ses adeptes comme un outil de premier plan construit pour prendre en compte l’instabilité des prix agricoles due aux risques des marchés, et conçu pour éclairer les décideurs politiques. Momagri est donc une agence de notation dédiée à l’agriculture et a pour objectif de promouvoir un système de régulation des marchés agricoles à l’échelle internationale.

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