Le bien-être d’une récolte abondante

 

Les chiffres sont clairs. Statiques Canada a estimé la production des récoltes 2015 au Québec. Le résultat est spectaculaire (voir le tableau). Il y a beaucoup de grains. La deuxième plus importante récolte de maïs (rendement de 10,3 t/ha), la plus grande récolte de soya (rendement de 3,2 t/ha), 30% d’augmentation en avoine, 33% d’augmentation en blé de printemps et 78% en blé d’automne. La météo a été favorable et, on le dit pas assez souvent, les producteurs ont fait un excellent travail aux champs.

Les silos sont pleins, les producteurs sont heureux. Ont-ils raison de l’être? Assurément. Cependant, les producteurs de grains vivent avec un faux sentiment de sécurité généré par cette abondante récolte. Le travail de commercialisation va être compliqué.

Environ 600 000 tonnes de maïs devront être exportées principalement via le Saint-Laurent. En date du 7 décembre, le prix du maïs FOB sur les marchés américain, argentin et ukrainien est d’environ US$170/tonne. Pour être compétitif à ce prix, le maïs québécois devra se vendre à environ CAN$200/tonne livré aux élévateurs portuaires ou encore $185 à la ferme en fonction de la position de la ferme par rapport à l’élévateur portuaire. Cela donne une idée de la valeur du maïs pour la période janvier à mars 2016, si le dollar se maintient à US$0,75 et Chicago à $4,80.

Avec une récolte d’un million de tonnes fève de soya dont environ 40% en soya non-OGM, les élévateurs du Saint-Laurent vont être occupés en 2016! Le prix FOB du soya OGM au Golfe du Mexique est de US$365 la tonne tandis que celui de l’Argentine est de US$340 la tonne. Pour être compétitif au soya argentin, le soya québécois devra se vendre à environ CAN$415 livré aux élévateurs portuaires ou encore $400 à la ferme en fonction de la position de la ferme par rapport à l’élévateur portuaire. Pour ce qui est de la récolte de soya non-OGM, l’écart de prix avec le soya omg sera très petit. Cette récolte est tellement abondante que des producteurs ont été contraints à vendre du soya non-OGM au prix du OGM lors des battages.

Lorsque le Québec produit d’important surplus qui doivent être exportés, sa compétition vient du Golfe du Mexique (USA), de l’Amérique du sud et de la mer Noire (Ukraine). On est rendu là. Le surplus sera écoulé, c’est certain. Le prix sera bas, ça aussi c’est certain.

Un prix, ça ne se subit pas, ça se construit. Le plan de commercialisation d’une récolte doit être élaboré à partir du mois de décembre précédent la récolte, c’est à dire 10 à 11 mois avant les battages. Les producteurs qui ont un plan de commercialisation depuis décembre 2014 ont capitalisé sur les bases et contrats à terme de Chicago élevés de l’été 2015. Ils ont déjà une partie de la récolte de vendue à ces prix.

C’est au producteur que revient la responsabilité d’évaluer son rendement potentiel, semaine après semaine. Aucun producteur ne devrait se faire surprendre par son rendement au moment des battages.

Voici venu le moment de l’année pour écrire votre plan de commercialisation de la récolte 2016 et de vous souhaiter une excellente année. En 2016, faites changement, faites autrement!

 

 

 

 

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