Les perspectives d’avenir des producteurs laitiers moins roses que ce que prétend l’OCDE et la FAO!

Le 4 juillet dernier, l'Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont publié un rapport dont l’une des sections traite des perspectives agricoles 2016-2025 pour le « lait et les produits laitiers ». Ces perspectives mettent en lumière que «le marché mondial des produits laitiers est sensible à la variabilité des conditions météorologiques, aux réformes de l’action publique, et à l’ouverture ou la fermeture des échanges dans les pays clés. L’évolution du marché des produits laitiers dépendra en grande partie de la demande d’importations de la Chine et de la vitesse avec laquelle les producteurs réagiront à la baisse des prix».

De plus, «d’ici à 2025, la production mondiale de lait devrait augmenter de 177 millions de tonnes (23 %) par rapport à celle des années de référence (2013-15), soit un rythme de croissance moyen de 1,8 % par an venant principalement de pays en développement notamment de l’Inde et du Pakistan». Finalement, il est aussi question des principales questions et incertitudes dont le PTP : «le Partenariat Transpacifique (PTP), qui ne devrait pas sensiblement réduire les obstacles aux échanges de produits laitiers, concerne plusieurs grands pays exportateurs et pourrait consolider les échanges commerciaux régionaux, potentiellement aux dépens d’autres régions».

Qu’en sera-t-il exactement pour les producteurs laitiers du Canada et tout particulièrement pour ceux du Québec face aux perspectives décrites dans ce rapport ? Perspectives qui ont trait à l’augmentation de la production et de l’offre combinée à une faible augmentation de la demande et de la consommation intérieure. Qu’en sera-t-il dans les années à venir si la Chine importait moins de produits laitiers ou que la Russie décidait de ne pas lever son embargo en 2017 à l’encontre notamment des produits venant des États-Unis ou de la Communauté économique européenne ?

Le Canada ne figure pas parmi les grands exportateurs de produits laitiers, mais, me semble-t-il, il devrait en subir tout de même les effets collatéraux. Les prévisions entourant la hausse de la production laitière et la faible croissance de la consommation intérieure se traduiront, me semble-t-il, par une nécessité pour les grands pays exportateurs comme les États-Unis, la Communauté économique européenne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande de trouver de nouveaux débouchés. Ces pays le feront probablement par le biais des accords comme le PTP et l’Accord de libre-échange faisant en sorte que nos producteurs laitiers devront faire face à plus de volatilité des prix liée à cette exposition aux marchés internationaux.

Nul n’étant prophète dans son pays, la France nous fournit un exemple type des difficultés des producteurs laitiers et de la situation économique dans laquelle ils doivent évoluer quotidiennement. C’est un véritable bras de fer auxquels font face les producteurs laitiers avec les grandes entreprises transformatrices, comme Lactalis, qui achètent leur production en deçà du prix de revient. L’argument de ces grandes entreprises a trait à l’abondance de l’offre qui induit une baisse de prix notamment à la suite de la fin des quotas en Europe et de la baisse des exportations en Russie et en Chine

Plus près de nous, il y a la problématique de l’importation de protéines laitières par deux grandes entreprises québécoises qui nuit au maintien d’un secteur laitier vigoureux et de proximité.

Plusieurs solutions sont possibles comme de se tourner vers l'agriculture biologique ou celle de mettre fin aux intermédiaires et de privilégier une agriculture dite «paysanne» permettant la rencontre entre les consommateurs et les producteurs avec des prix fixés de manière équitable.

Les perspectives d’avenir pour les producteurs laitiers ne sont pas roses comme le soutient le rapport de l’OCDE et de la FAO. Les producteurs québécois n’y échapperont pas. Qu’attendent nos dirigeants politiques pour agir et comment expliquer une telle lenteur des actions gouvernementales notamment dans le cas des protéines laitières ?

 

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