Un conservateur exclu du débat dans Arthabaska se tourne vers La Vie agricole pour s’exprimer!

Alors qu’un débat a été tenu ces jours-ci dans la circonscription d’Arthabaska en lien avec les élections partielles qui s’y dérouleront le 5 décembre prochain, Guy Morin, candidat pour le Parti conservateur du Québec, s’est offusqué de ne pas avoir été invité à celui-ci. Il a donc décidé de fournir à La Vie agricole les questions qui ont été posées aux candidats dits traditionnels du parti québécois, du parti libéral et de la coalition avenir Québec et d’y répondre à son tour. La Vie agricole fidèle à son mandat de libre expression vous présente donc les positions de M.Morin. 

1) En octobre 2015, à l’occasion d’un grand rassemblement à Montréal, la relève agricole avait déposé un rapport étoffé sur ses aspirations et ses besoins pour nourrir le Québec de demain. En complément des outils de mise en marché collective et des programmes de sécurité du revenu, ce rapport proposait des mesures stratégiques et spécifiques à la relève visant à faciliter l’accès des jeunes à la terre, bonifier et adapter les aides existantes aux nouvelles réalités de l’agriculture et inciter la génération cédante à planifier à l’avance le transfert à la génération suivante. Quels outils votre parti compte-t-il mettre en place pour faciliter les transferts et les démarrages d'entreprises agricoles?

Guy Morin : Le Québec compte 8 000 agriculteurs de moins de 40 ans, ce qui est une bonne nouvelle.  Pour faciliter l’accès des jeunes à la terre, il faut attirer du capital, domestique ou étranger, qui appuiera cette relève et pour cela, il faut que le rendement après impôt d’un investissement en agriculture québécoise soit plus intéressant que les opportunités alternatives qui se présentent.  Le Parti conservateur du Québec propose de baisser les taux d’imposition de toutes les PME et de ceux qui y investissent, ce qui agira comme un aimant à capital pour nos PME.  De plus, nous proposons de réduire les irritants à l’investissement en agriculture, par exemple, ceux qui réduisent la marchandabilité des terres agricoles.

2) Le prix des terres au Québec augmente sans cesse, rendant ainsi la situation plus difficile pour les jeunes qui souhaitent prendre la relève ou démarrer leur entreprise agricole. Rappelons que les agriculteurs doivent de plus en plus compétitionner pour l’achat des terres agricoles avec une multitude d’acquéreurs (fonds d’investissement, promoteurs immobiliers, etc.) qui ne proviennent pas du milieu agricole. Alors que le nombre de transactions (+67 %) et la valeur globale de ces dernières (+84 %) s’est accru considérablement au cours des cinq dernières années, ces nouveaux joueurs ont d’autres buts et motivations, spéculatifs ou autres, que le développement de l’agriculture au Québec. Est-ce que votre parti compte limiter ce phénomène, et si oui, comment?

Guy Morin : Selon le CIRANO, il n'y a pas de phénomène d'accaparement des terres agricoles au Québec.  Les agriculteurs québécois possèdent 84 % des terres agricoles. Il s'agit d'une proportion plus élevée que ce que l'on retrouve dans la plupart des autres provinces canadiennes ou même dans la plupart des autres pays européens ou aux États-Unis. L’essentiel des transactions est réalisé par des agriculteurs et la hausse des prix des terres est stimulée par la confiance des agriculteurs qui veulent profiter d'une amélioration de leurs bénéfices nets pour prendre de l'expansion.  Bref, l'UPA s'invente un problème pressant comme prétexte pour justifier une autre intervention gouvernementale.

Nous prônons avant tout le libre-marché.  Nous ne voulons surtout pas imposer des contrôles étatiques enlevant la liberté des propriétaires de terres agricoles de décider à qui et à quel prix ils peuvent vendre leurs terres. La surenchère des terres est en raison des agriculteurs qui paient trop cher. Une meilleure formation des agriculteurs parviendrait à contrer l’augmentation des prix et ils seraient mieux protégés qu’avec une SADAQ. Les agriculteurs doivent être responsables et ils doivent connaître la valeur de ce qu’ils possèdent. Ils pourront ainsi acheter et vendre à des prix beaucoup plus raisonnables.

3) Dans son discours sur le budget 2016-2017, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il procéderait à une réforme administrative du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA) et qu’il en transférerait la gestion à Revenu Québec. Le gouvernement a aussi annoncé qu’à compter du 1er janvier 2017, les terres agricoles exploitées par un producteur enregistré au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) seront admissibles à une aide financière correspondant à 78 % de la valeur des taxes municipales. Selon le gouvernement, ce pourcentage équivaut globalement au niveau de soutien présentement accordé aux bénéficiaires du programme. Or, le nouveau programme appliquera un taux unique de 78 %; il exclura les taxes scolaires et abolira le crédit de 100 % sur les premiers 300 $ de taxes. Le crédit de 85 % du coût des taxes pour l’évaluation qui excède 1 813 $ par hectare (ha) sera aussi aboli. Est-ce que votre parti compte régler la situation, et si oui, comment?

Guy Morin : La réforme a l’avantage de simplifier le programme et d’éliminer l’obligation de cotiser à l’UPA pour obtenir le crédit de taxes.  Néanmoins, le fardeau fiscal de toutes les entreprises québécoises, y compris nos PME agricoles, est beaucoup trop lourd.  Non seulement le taux d’impôts des PME est élevé, mais les entrepreneurs croulent sous les taxes, cotisations et prélèvements de toutes sortes.  Nous proposons de réviser les dépenses fiscales et de réduire le fardeau fiscal des PME agricoles.  Par ailleurs, nous voulons aussi réduire le coûteux fardeau réglementaire qui écrase nos PME agricoles et les dédales et dédoublements réglementaires entre le MAPAQ et le MDDEL.

4) En 2014, l’agriculture et la transformation alimentaire ont généré des ventes s’élevant respectivement à 8 G$ et 24 G$. Les deux secteurs combinés sont à la source de plus de 200 000 emplois directs, indirects et induits, soit 5,1 % des emplois du Québec. À l’heure actuelle, avec l’absence d’une Politique agroalimentaire, les investissements dans notre secteur sont en baisse et un déficit de compétitivité par rapport à nos concurrents s’installe. Dans ce contexte, comment comptez-vous aider les producteurs agricoles de la circonscription d’Arthabaska?

Guy Morin : Même si le secteur agricole n’est plus le pôle central de la vie communautaire des Québécois comme jadis, il n’en conserve pas moins une mission essentielle et une source de création de richesse importante. Au cours des cinquante dernières années, l’agriculture s’est modernisée, elle s’est spécialisée, elle s’est intensifiée, elle s’est professionnalisée. Mais le monde aussi a changé.  Il s’est globalisé, les défis sont grands, la conjoncture, les nouvelles tendances de consommation et la concurrence d’autres produits d’ici et d’ailleurs soulève de nouveaux défis.  Les solutions du passé ne sont pas celles de l’avenir. Le Parti conservateur du Québec fait confiance à l’entrepreneurship, à la créativité et  à la débrouillardise de nos entrepreneurs agricoles pour y faire face.  Mais pour ce faire, il faut libérer leurs forces créatrices, cesser de limiter leur capacité d’explorer tout leur potentiel et les aider à se préparer à faire face à un monde d’ouverture que ne pourra pas arrêter la protection de plus en plus désuète de cette industrie.

 

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