L’Ouest canadien veut notre lait !

Selon un article publié dans le Calgary Herald signé par Will Verboven le 10 octobre dernier, il semble que la stratégie du gouvernement fédéral dans l’entente entre les États-Unis et le Canada(AEUMC), en plus d’affaiblir le système de gestion de l’offre, ait été de rapatrier de la production laitière dans l’Ouest canadien. Le Québec en ferait trop au regard de la proportion de population qu’il représente dans le Canada!: «Est-il juste que le Québec contrôle jusqu'à 40% de la production laitière alors qu'il ne compte que 23% de la population?» se demande Will Verboven! Il écrit : «Les producteurs de lait doivent passer au Plan B, par exemple en déplaçant davantage de production dans l'Ouest». Justin Trudeau a-t-il organisé le plus grand hold-up  du siècle de notre production laitière ?

Tout le monde savait!

Selon le Calgary Herald : «Presque tout le monde, y compris l’ensemble de l’industrie laitière canadienne, savait que le gouvernement fédéral allait capituler pour davantage d’importations de produits laitiers américains dans le cadre d’un nouvel accord commercial» puisque ça c’était produit aussi avec l'accord commercial entre le Canada et l'Union européenne et le partenariat transpacifique. Soit !

La publication de Calgary martèle que «Les conséquences politiques de bouleverser 10 000 producteurs laitiers sont bien moindres que celles de centaines de milliers de travailleurs de l'automobile au chômage». C'est une question de point de vue géographique il me semble !

Le Calgary Herald rappelle aussi dans ce texte de Will Verboven que les agriculteurs plutôt « des voteurs du parti conservateur» auraient pu perdre plus encore avec les libéraux dans la négociation!

Pas le droit de se plaindre!

Le journal s’étonne que les producteurs de lait veuillent se plaindre : «Cette approche négative ne va pas très bien avec les consommateurs qui ne comprennent pas ce qu'est la gestion de l'offre – sauf que cela semble signifier des prix de détail plus élevés». Ça et dire aux producteurs laitiers du Québec, ferme ta gueule, c'est pareil !

Un plan B à l’ouest 

«L’industrie devrait adopter un plan B ambitieux pour faire face aux nouvelles importations de produits laitiers, qui représenteront toujours moins de 15% de son marché (…) Il faut rappeler aux producteurs de produits soumis à la gestion de l'offre que le droit d'exploiter leur système de commercialisation de la production et de contrôle des prix n'est pas un droit donné par Dieu. Il leur a été donné il y a 50 ans (…) Je pense qu’une telle législation ne serait jamais envisagée dans la situation politique et économique actuelle» de signer Will Verboven !

Même s’il reconnaît toutefois du bout des lèvres que : «la gestion de l’offre s’est révélée être l’un des meilleurs systèmes de commercialisation des aliments au Canada», on semble assister à un hold-up de la production du lait au Québec au profit de l’Alberta. Messieurs Legault, Groleau et Letendre auront fort à faire pour contrer une dynamique de transition si tel est le cas souhaité par Justin Trudeau !

Indemniser les inefficaces au Québec et en Ontario !

Alors qu’on entend souvent dire que  les Ontariens sont plus pragmatiques et plus vite sur l’innovation que les producteurs québécois, ils viennent de tomber dans le même bateau ou dans le même abreuvoir devrais-je dire que les Québécois sous la plume de M.Verboven :  «Une indemnisation réaliste devrait être la voie principale pour éliminer toute production excédentaire. Elle devrait viser spécifiquement à racheter des producteurs disposés au Québec et en Ontario, où la majorité des petits producteurs de lait inefficaces sont actifs. (…) L'Alberta devrait réévaluer sa position dans les systèmes nationaux de gestion de l'offre, en particulier dans la production laitière. (…) L'Alberta possède l'espace, l'alimentation et l'expertise nécessaires dans les exploitations d'élevage à grande échelle qui pourraient permettre une expansion significative de la production laitière plus rentable. Du point de vue économique, l’industrie laitière doit être davantage tournée vers l’Ouest» poursuit le Calgary Herald.

La hache dans le Québec laitier !

«Cependant, le principal obstacle à un réel changement dans la gestion de l'offre dans les produits laitiers est l'intransigeance dans la modification de la répartition des quotas à travers le Canada. Cela concerne les provinces qui protègent leurs propres intérêts – mais est-il juste que le Québec contrôle jusqu'à 40% de la production laitière alors qu'il ne compte que 23% de la population? » de se demander enfin l’éditorialiste du Calgary Herald.

«Que diriez-vous de cela pour une stratégie de discussion en Alberta – le Québec ne veut pas de notre pétrole – eh bien, nous ne voulons pas de leurs produits laitiers. Ce serait un bon début pour réformer la gestion de l'offre nationale – un accord vieux de 50 ans qui doit être modernisé et dans les meilleurs délais», conclut-il. Quelle belle vision de l'unité canadienne ! 

Le Québec va devoir envisager plus que des petits rassemblements régionaux et une plus large mobilisation pour renverser une telle tendance si Justin Trudeau s’inspirait de ce qu’écrit cette semaine Will Verboven. Ça sent le Waterloo pour le secteur laitier du Québec cette affaire-là ! «Où est l’UPA quand le feu est pris dans l’étable?», écrivions-nous au printemps 2015, on le répète à l’automne 2018!

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