Le sol est couvert de blanc, le thermomètre est bien en dessous de zéro et l’hiver s’est pointé le bout du nez très tôt cette année. Peut-être même un peu trop tôt quand je regarde le champ qui n’est pas complètement récolté. Parfois c’est comme ça, on ne peut pas toujours tout prévoir. Ça me fait penser au dollar canadien : les banques, les courtiers et les experts misaient sur une appréciation de notre huard, mais depuis le mois d’octobre, c’est le contraire. Explorons.
ALENA 2.0
Dernier week-end d’octobre, les trois gouvernements nord-américains annoncent conjointement une entente de principe sur le nouvel accord de libre-échange qui a remplacé l’ALENA, soit l’Accord États-Unis—Mexique—Canada. C’est une nouvelle importante pour l’économie canadienne puisque les trois quarts de ses exportations vont vers les États-Unis. Après des mois de négociations et d’incertitude, enfin le ciel s’éclaircit et les experts misent sur une économie canadienne plus forte.
Habituellement, lorsqu’une économie est en croissance, l’emploi est solide, le coût de la vie augmente (inflation) et les banques centrales resserrent les politiques monétaires en haussant les taux d’intérêt. L’impact est donc positif sur les taux de change. Pourtant, depuis l’annonce, notre monnaie se déprécie face au billet vert. Intéressant.
Recul des prix du pétrole
L’économie canadienne, bien que mieux diversifiée aujourd’hui qu’il y a 10 ou 15 ans par rapport au pétrole, demeure tout de même sensible face au cours de l’or noir. Au début du mois d’octobre, le cours du pétrole à New York se trouvait à 76 $ US le baril. Aujourd’hui, le 23 novembre, il est à 51 $ US, un recul de 26 $ ou près de 35 %. D’ailleurs, le pétrole canadien sur la base West Canada Select se transige fortement à escompte étant donné les problèmes de logistique et de transport. Le pétrole canadien à moins de 20 $ n’aide pas à créer une croissance pour l’économie canadienne. Le secteur pétrolier compte pour près de 10 % du produit intérieur brut au Canada.
AEUMC : piège politique
Même si les gouvernements américain, mexicain et canadien ont conclu une entente, cette entente n’est toujours pas ratifiée et de plus en plus d’économistes craignent un retard ou même pire, un retour à la planche à dessin. À la suite des élections de mi-mandat aux États-Unis, la chambre des représentants a changé de couleur et selon certaines sources, certains membres du Congrès maintenant démocrate pourraient faire dérailler l’entente.
Aussi, le nouveau président mexicain entre en poste, et lui aussi pourrait refuser de ratifier l’entente et renvoyer tout le monde à la case départ. Bref, il est impossible de prévoir ce qui va arriver mais étant donné la présence de ces pièges politiques, les cambistes sont sur le qui-vive pour ce qui est du dollar canadien.
La force du dollar américain
Lorsqu’on compare deux devises, la faiblesse relative du dollar canadien peut s’expliquer par la force de la monnaie étrangère. On voit depuis quelques semaines qu’une des raisons de la faiblesse du dollar canadien est partiellement expliquée par la force du dollar américain. Les politiques protectionniste et inflationniste du président Trump forcent la Réserve fédérale américaine à monter les taux et renforcent donc le dollar américain.
En conclusion
La combinaison de jeux politiques ainsi que le recul massif des cours du pétrole depuis quelques semaines ont affaibli la devise canadienne. Le dollar canadien se situe actuellement entre 75 et 76 cents américains, ce qui favorise nos bases locales, alors profitons-en.
Simon Briere est un stratège de marché qui travaille avec RJO Canada, une filiale de R.J. O'Brien & Associates, LLC (RJO) de Chicago, spécialisée dans les contrats à terme et les options. RJO est le plus ancien et le plus important cabinet indépendant de courtage aux États-Unis.
Le contenu et les opinions exprimés dans ce commentaire sont uniquement ceux de l’auteur et ne sont pas nécessairement partagés par R.J. O'Brien & Associés Canada Inc. Les données et les commentaires fournis ici sont à titre informatif seulement.