Des visions diamétralement opposées: Letendre et Charlebois

Depuis l’annonce de la ministre de l’Agriculture du Canada, Marie-Claude Bibeau octroyant des subventions de 1,75 milliard sur 8 ans aux producteurs laitiers, les commentaires sont variés sur les réseaux sociaux. Bruno Letendre, président de la fédération des producteurs de lait (PLQ) a un avis diamétralement opposé à celui de l’expert agroalimentaire, Sylvain Charlebois.

Du côté officiel, ça file doux à en croire Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec. Lui qui disait l’an passé à la caméra de LVATV : « On a la meilleurs équipe» à propos des négociations internationales, déclare que l’annonce fédérale va dans le sens de l’engagement du gouvernement Trudeau : «Nous souhaitions qu’il n’y ait pas de concessions pour nous dans ces accords, mais des concessions ont été faites. Il fallait donc indemniser les producteurs. »

De son côté le Sylvain Charlebois, économiste canadien, professeur titulaire à la Faculté en management et en agriculture de l'Université Dalhousie à Halifax et parrain de l’Institut Jean-Garon considère que ce nouveau programme d’aide à l’industrie laitière canadienne en est un «d’aide sociale» qui ne la sauvera pas !

Critiqué sur Twitter ces jours-ci par des défenseurs de l’UPA, pour avoir dévoilé une étude qui estime la valeur moyenne des fermes laitières au Canada à 5 millions de dollars et 160 000 $ le salaire moyen d’un producteur laitier, Sylvain Charlebois leur a répondu : «L'UPA ne finance aucunement notre recherche, et nous ne dépendons pas de l'UPA pour avoir accès à des données. L'UPA ne peut pas nous toucher. C'est pour cela que ces membres (vous) sont frustrés et nous menacent constamment.»

Ce à quoi France Gagnon, ex-conseillère aux communications au MAPAQ a ajouté elle aussi sur Twitter: « Les menaces c’est la spécialité de certains producteurs frustrés, surtout si on n’adhère pas au discours de l’UPA. Crois ou meurs! Et tous les politiciens à genoux devant eux ! Pu capable!»

Sylvain Charlebois a confié ce matin à La Vie agricole : «De manière officielle, les producteurs laitiers deviennent maintenant des fonctionnaires, travaillant pour l’État. Malgré les paiements, les quotas appartiennent toujours aux agriculteurs. Il n’y a donc aucune stratégie, aucune condition rattachée à ces paiements. Nous n’incitons aucunement les agriculteurs à atteindre des objectifs de compétitivité et de développement durable avec ces indemnisations. Au grand plaisir des producteurs laitiers, ils recevront de la part des contribuables de véritables chèques en blanc pour les huit prochaines années.». Il aurait préféré, dit-il, que comme d’autres pays que le Canada «modifie ou mette fin au système de quotas afin d’encourager certains producteurs à délaisser l’industrie. »

Selon le professeur Sylvain Charlebois, le Canada s’expose donc plus que jamais à des représailles et des critiques venant de l’extérieur : «Pour nos partenaires externes et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la compensation offerte aux producteurs se veut un support à la production et donc une subvention.»

 

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