Le rapport manipulateur de l’Ordre des agronomes, un tsunami !

Le 11 mars dernier, l’Ordre des agronomes (OAQ) a envoyé une correspondance à l’ensemble de ses membres afin de leur faire part de sa réflexion sur l’indépendance professionnelle et sur ce que compte faire l’ordre des agronomes concernant ce sujet dans les prochaines années. Il invite les agronomes à lire le RAPPORT DU COMITÉ SUR L’INDÉPENDANCE PROFESSIONNELLE. Ce rapport est un Tsunami pour la pratique de l’agronomie au Québec, il remet en question le rôle des agronomes et leur façon d’être rémunéré.

En marche pour une chasse aux sorcières!

Ce rapport remet en question des pratiques de rémunérations qui existent depuis des décennies et qui étaient acceptées de tous. Le changement suggéré par le rapport sera difficile à implanter et risque de se transformer en une chasse aux sorcières. Pas sûr que l’indépendance professionnelle des agronomes et l’éthique soient gagnantes dans cet exercice.

Le premier paragraphe du rapport donne le ton, « Notre société interpelle les agronomes et les questionne sur tous les aspects de leur travail. Nos concitoyens sont de plus en plus sensibles aux enjeux touchant l’environnement, la santé, la qualité de l’eau et l’innocuité des aliments. Ces questions sont d’autant plus importantes que le retrait de l’État de plusieurs secteurs d’activités entraine une perte d’expertise qui touche l’ensemble de ses services à la société. »

Beaucoup d’agronomes de mon âge ont passé leur vie professionnelle à améliorer les pratiques agricoles afin de rendre plus disponibles et à meilleur cout les denrées agricoles. Le tout se faisant dans des cadres réglementaires de plus en plus contraignants sur les solutions possibles.

Dans ce contexte, beaucoup d’entreprises et d’agronomes y ont vu d’excellentes opportunités d’affaires. Les entreprises se sont mises à engager des agronomes afin de relever le défi d’augmenter la productivité de l’agriculture québécoise. Le gouvernement a évalué aussi que l’apport des entreprises était suffisant pour assurer la prospérité du monde agricole, et s’est désengagé des services professionnels.

On est loin d’être des cancres !

Le résultat, après des décennies de travail, le Québec a une des agricultures les plus productives et durables de la planète. Il y a certainement des améliorations à faire, des pratiques agricoles à modifier, des choses à corriger, mais globalement on est loin d’être des cancres si on se compare à ce qui se fait ailleurs. Notre système professionnel a livré la marchandise.

Revenons au premier paragraphe du rapport. L’aspect amélioration de la productivité de notre agriculture semble complètement évacué : un gros changement du rôle des agronomes. L’on ne parle pas non plus de l’expertise développée par les agronomes employés par des sociétés autres que gouvernementales, c’est comme si toute cette expertise ne comptait plus ou n’avait jamais existé.

Des affirmations gratuites

Ce rapport comporte des affirmations d’ailleurs surprenantes et qui semblent être des prémices à ses conclusions. L’on y affirme que « La situation traditionnelle où le professionnel est un travailleur autonome qui rend des services en échange d’honoraires est de moins en moins fréquente ».

Traditionnellement les services professionnels en agronomie ont été dispensés par le gouvernement puis par des agronomes à l’emploi d’entreprises et plus récemment des clubs conseils, il n’y a jamais eu traditionnellement de service-conseil agronomique en échange d’honoraires. Cette pratique est plutôt au contraire en expansion avec l’arrivée des clubs conseil.

Cette affirmation est donc gratuite et ne repose sur rien, mais met la table à la série de recommandations.

L’autre affirmation gratuite et sensationnaliste est de faire un rapprochement entre la situation des ingénieurs (commission Charbonneau) et la situation des services-conseils agronomiques!

Faut-il rappeler que les professionnels qui étaient visés par la commission Charbonneau étaient des professionnels qui facturaient des services et n’étaient pas à l’emploi de fournisseurs d’intrants. Ils n’étaient pas censés recevoir de commissions, ils étaient sous un régime d’éthique professionnelle semblable aux recommandations de ce rapport.

Élimination de l’entrepreneuriat

Les recommandations de ce rapport élimineront l’esprit d’entrepreneuriat qui a animé beaucoup d’entreprises qui se sont associées à des agronomes. Ces agronomes ont gagné leur vie (et parfois très bien) parce qu’ils ont eu de bonnes solutions et de bons produits. Leur rémunération était liée à la performance de leurs solutions et de leurs produits, mais était en constante compétition à de nouvelles solutions et de nouveaux produits.

Un rapport manipulateur!

Ce rapport fait table rase des pratiques professionnelles en cours, manipule les constats avec une logique surprenante et fait des recommandations sous le couvert que cela améliorera l’éthique des agronomes.

Oui, comme professionnel l’on se doit d’avoir un haut niveau éthique, cela s’apprend et cela se vérifie, c’est le rôle de l’ordre des agronomes, mais pas au prix d’éliminer l’entrepreneuriat de notre système d’encadrement professionnel, et cela au profit d’un système bureaucratique et corporatif !

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