La peste porcine aux portes du Canada? Qu’en pense le bureau de Mme Bibeau?

Dans le cadre d’un dossier sur la peste porcine, nous avons posé des questions au bureau de Mme Bibeau, ministre de l’Agriculture du Canada. Comme vous le savez Canada est exempt de la peste porcine. Plusieurs éleveurs et vétérinaires à qui nous parlons pensent que ce n’est qu’une question de temps. Qu’en pense le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire au  fédéral?

 

  1. Pensez-vous que la peste porcine au Canada peut encore être évitée ou c’est maintenant une fatalité à venir?

«Étant donné la propagation continue de la maladie en Asie et en Europe depuis 2018, et, plus récemment, dans les Caraïbes, le risque que la peste porcine africaine (PPA) s’introduise au Canada demeure élevé. C’est pourquoi le Canada reste vigilant et qu’il continuera à prendre des mesures pour prévenir l’entrée de la PPA, tout en se préparant à la possibilité qu’un cas puisse être détecté au Canada.

Comme nous l’avons mentionné dans notre réponse précédente (référence à un courriel précéent), la priorité absolue est de s’assurer que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux (FPT) et l’industrie mettent en place des plans pour soutenir une réponse coordonnée en cas d’introduction de la PPA au Canada. En plus de permettre une intervention collective, ces plans joueront aussi un rôle important dans le redressement de l’industrie. La collaboration et la coordination entre les gouvernements FPT et l’industrie, par l’intermédiaire du Conseil exécutif de la gestion de la PPA, sont essentielles pour réduire le plus possible les répercussions de la PPA sur l’industrie porcine au Canada.

Le 26 août 2022, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, l’honorable Marie Claude Bibeau, a annoncé un investissement pouvant atteindre 45,3 millions de dollars pour renforcer les efforts visant à prévenir l’entrée de la PPA au Canada. Le 16 novembre 2022, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) a lancé le Programme de préparation de l’industrie à la PPA, un programme de 23,4 millions de dollars conçu pour aider l’industrie porcine canadienne à se préparer à la possibilité d’une introduction de la PPA au pays. Le financement du nouveau programme permettra de soutenir des projets tels que l’évaluation et l’amélioration de la biosécurité, la gestion des porcs sauvages, la modernisation des abattoirs existants, l’analyse de l’industrie et les projets de recherche sur la PPA.»

 

  1. Certaines sources évoquent même que l’arrivée de la peste porcine est tellement inscrite dans les agendas des décideurs que cela justifie la non inquiétude face à l’affaiblissement du secteur porcin, la baisse de l’abattage et au final la chute à l’export. Est-ce une analyse exagérée et quel avenir voyez- vous pour l’industrie porcine?

«Comme nous l’avons mentionné dans notre réponse précédente, l’industrie canadienne du porc est un moteur économique majeur pour le Canada avec 6,3 milliards de dollars de recettes monétaires agricoles en 2021.  L’industrie canadienne du porc exporte environ les deux tiers de sa production. En 2022, 1,4 million de tonnes de porc évalué à 4,8 milliards de dollars ont été exportés vers 77 pays.  Cependant, il est important de noter que la production porcine au Canada est restée assez constante. Entre 2018 et 2022, le nombre de porcs dans les exploitations agricoles ont diminué de 1%. La volatilité du marché, les impacts de la pandémie, le manque de main d’œuvre, ainsi que les coûts des intrants ont créé des défis dans le secteur. Le succès du secteur canadien du porc dépend fortement de notre capacité d’exporter partout dans le monde. Il est important que le secteur puisse s’adapter aux différentes conditions du marché afin de soutenir sa compétitivité. Le gouvernement du Canada s’engage à continuer son travail avec le secteur pour faire avancer les intérêts agricoles du Canada dans les marchés d’exportation.»

 

  1. De son côté le ministre l’Agriculture du Québec était au Japon entre autres pour promouvoir le porc du Québec. Quelles actions similaires sont entreprises par le gouvernement fédéral ?

«La ministre Bibeau se rendra au Japon, en avril, pour participer à la réunion des ministres de l’Agriculture du G7, où elle discutera des questions internationales qui ont une incidence sur l’ensemble du secteur agricole. Elle participera également à une rencontre bilatérale avec ses principaux homologues de l’agriculture des pays du G7, dont le Japon, afin de faire avancer les intérêts du secteur agricole canadien. En route vers le G7, la ministre s’arrêtera à Tokyo pour promouvoir les produits agricoles canadiens, notamment le porc, pour souligner l’intérêt du Canada à accroître les échanges commerciaux mutuellement avantageux et pour promouvoir le commerce fondé sur la science. Elle se rendra ensuite à Singapour pour promouvoir les produits agricoles canadiens dans le cadre du Food and Hotel Asia, le plus important événement du secteur des aliments et des boissons de l’Asie du Sud-Est. Son objectif principal consiste à mettre les entreprises canadiennes en contact avec des acheteurs locaux et à s’informer sur les possibilités en matière d’exportations canadiennes dans la région.

En septembre dernier, la ministre était aux Philippines pour y rencontrer les principaux intervenants du secteur agricole des Philippines, dont des représentants du gouvernement, des chefs d’entreprise et des représentants d’associations d’importateurs.

Accroître le commerce, l’investissement et la résilience de la chaîne d’approvisionnement est l’un des cinq objectifs stratégiques de la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique. Dans le cadre de cet engagement, le gouvernement du Canada investira 31,8 millions de dollars pour créer le premier bureau d’Agriculture et Agroalimentaire Canada dans la région indo-pacifique en but de:

  • renforcer les partenariats déjà en place dans la région indo-pacifique;
  • poursuivre la collaboration technique et le partage de savoir faire avec les partenaires régionaux;
  • offrir de nouvelles possibilités de diversification des exportations pour les producteurs, transformateurs et exportateurs canadiens;
  • positionner le Canada comme un fournisseur de choix dans tous les marchés de l’indo-pacifique.

 

De plus, par l’entremise du Service des délégués commerciaux du secteur agroalimentaire et du Programme des spécialistes techniques à l’étranger de l’ACIA, AAC et l’ACIA offrent de l’aide sur le terrain aux entreprises, par l’intermédiaire d’un réseau de 50 délégués commerciaux et spécialistes techniques en poste à l’étranger dans plus de 20 marchés. Cette présence s’ajoute à un réseau de plus de 100 délégués commerciaux financé par Affaires mondiales Canada pour appuyer les entreprises agroalimentaires partout dans le monde. Ces agents aident les entreprises à entrer en contact avec des acheteurs qualifiés, à résoudre des problèmes commerciaux, grâce à leur bonne connaissance des marchés, et à faciliter l’accès des produits canadiens aux marchés. Le gouvernement du Canada vient également de lancer une mise à jour de son programme de promotion de la marque Canada, conçu pour aider les produits canadiens à se démarquer sur la scène internationale. L’accès à ce programme, conçu avec la participation et la collaboration des membres de l’industrie, est gratuit. Cette version améliorée de la marque Canada qui est moderne et adaptée aux plateformes numériques, a été lancée au début du mois de mars au Japon afin de promouvoir les produits canadiens lors du salon international FOODEX.

Le gouvernement sera toujours solidaire de nos agriculteurs, producteurs et travailleurs qui exportent les meilleurs produits dans le monde entier. Nous sommes déterminés à diversifier le commerce pour que les agriculteurs canadiens aient accès à de nouveaux marchés, tout en continuant à travailler à l’accroissement de nos exportations.»

 

4) Des sources nous informent aussi que des bateaux ont accosté ces derniers temps dans des ports au Québec (notamment Trois-Rivières) avec à leur bord un chargement de fève soya bio sous import (nécessitant des permis d’importation puisqu’en provenance de pays où la peste porcine a été détectée). Pouvez-vous nous confirmer que c’est bien la situation?

«L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ne fait pas de commentaires publics sur des expéditions ou des entreprises spécifiques, car certaines informations personnelles, commerciales et relatives aux mesures de conformité sont protégées. Toutefois, les graines de soja provenant de pays où la peste porcine africaine a été détectée peuvent être importées au Canada à condition que les parties importatrices respectent les exigences en matière d’importation d’ingrédients d’origine végétale destinés aux aliments du bétail.»

 

5) Si tel est le cas puisqu’une quarantaine est nécessaire et qu’elle exige qu’elle soit effectuée 20 jours à 20 degrés ou 100 jours à 10 degrés, pouvez-vous nous expliquer comment et où cette quarantaine s’est effectuée?

«Nous ne sommes pas en mesure de fournir des informations sur des expéditions spécifiques. Le Canada a mis en place des contrôles rigoureux des importations qui portent sur les voies d’introduction de la peste porcine africaine les plus risquées, telles que l’importation d’animaux vivants, de produits/sous-produits animaux et d’aliments pour animaux contenant des ingrédients d’origine animale. Le secteur agricole canadien dépend de l’accès à un large éventail de marchés pour l’approvisionnement en ingrédients d’origine végétale pour l’alimentation animale. Afin de maintenir les importations d’ingrédients essentiels tout en minimisant le risque d’entrée de la peste porcine africaine au Canada, des exigences provisoires ont été établies pour certains ingrédients d’aliments pour animaux à base de plantes afin de renforcer les contrôles d’importation existants. Des exigences supplémentaires, telles que la rétention d’ingrédients d’aliments pour animaux à base de plantes provenant de pays où la peste porcine africaine est préoccupante, sont en vigueur dans les principaux ports d’entrée du Canada, notamment Vancouver, Montréal, Toronto, Prince Rupert, Halifax et le Québec, où la majorité des ingrédients d’aliments pour animaux arrivent au Canada.

Pour plus d’informations sur le traitement post-entrée requis en fonction du produit importé, consultez les documents Exigences relatives à l’importation d’ingrédients d’origine végétale destinés aux aliments du bétail et Importateurs : Comprendre les mesures de contrôle des aliments destinés aux porcs afin de prévenir l’introduction de la peste porcine africaine sur le site web de l’ACIA.»

 

6) Avez-vous connaissance de la compagnie responsable de ces bateaux et de ces déchargements de fève soya bio sous import?

«L’ACIA et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ne font pas de commentaires publics sur des envois ou des entreprises spécifiques, car certaines informations personnelles, commerciales et relatives aux mesures de conformité sont protégées. Toutes les importations de produits alimentaires, végétaux et animaux, y compris les graines de soja, doivent satisfaire aux exigences de l’ACIA en matière d’importation afin d’obtenir l’autorisation de l’ASFC de dédouaner les marchandises au Canada.»

 

7) Selon nos sources le transbordement de ce chargement se serait fait via des camions en direction de silos au Québec, si tel est le cas quelle a été alors la procédure de stérilisation des transports pour s’assurer de la non propagation d’une éventuelle peste porcine à bord?

«Toutes les orientations et procédures figurent dans le document Exigences relatives à l’importation d’ingrédients d’origine végétale destinés aux aliments du bétail et Importateurs : Comprendre les mesures de contrôle des aliments destinés aux porcs afin de prévenir l’introduction de la peste porcine africaine sur le site web de l’ACIA.»

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