
La récente fermeture de l’usine d’Olymel à Vallée-Jonction est une conséquence directe de la politique de subventions agricoles du Québec. L’Institut Jean-Garon estime que la décision de subventionner l’industrie porcine en vue de l’exportation, en bonne partie par le biais de l’assurance-stabilisation des revenus agricoles (ASRA), a mis ce secteur en position fragile, en plus de créer des impacts majeurs dans le monde rural :
- expansion massive des monocultures de maïs et de soya, souvent transgéniques, pour nourrir le cheptel porcin;
- pression sur la valeur des terres en raison de la demande accrue pour des surfaces d’épandage;
- dépendance face aux marchés étrangers, comme c’est le cas pour la Chine qui a jugé préférable de produire au lieu d’importer.
L’Institut Jean-Garon recommande une réforme majeure de notre soutien à l’agriculture. Au lieu de subventionner des productions spécifiques sur la base des volumes, sans se soucier des impacts, il y a lieu de passer graduellement à un système de soutien universel aux entreprises agricoles modulé en fonction de la taille et de la nature des entreprises.
Est-il normal, demande l’Institut, que l’ASRA ait versé au fil des ans des centaines de millions de dollars à des firmes opérant des méga-centres d’élevage de porcs, ce qui a mené à la quasi-disparition des fermes porcines indépendantes de taille moyenne? Faut-il le rappeler, Olymel, à travers ses nombreuses acquisitions, contrôle l’essentiel des capacités d’abattage et possède la grande majorité des porcs couverts par l’ASRA.
Également, l’Institut estime qu’un nouveau système de soutien devrait tendre vers la rémunération des services rendus à la société par les agriculteurs, à savoir :
- nourrir notre population. Sans être contre l’exportation, elle ne devrait pas être subventionnée;
- protection des ressources, comme les sols, l’eau, la biodiversité;
- occupation du territoire, donc création d’emplois en région.
Il est temps de respecter la volonté de la société envers une agriculture plurielle créatrice d’emplois et de richesse collective, tel que préconisé par le Rapport Pronovost. Il est malheureux que les fermiers et les travailleurs œuvrant dans le secteur porcin fassent aujourd’hui les frais de politiques coûteuses qui les ont placés en situation précaire.
Comme il s’agit d’un enjeu qui concerne l’ensemble de la société et pas seulement la filière porcine, l’Institut Jean-Garon recommande la tenue d’une conférence socio-économique sectorielle sur le secteur porcin, regroupant producteurs, transporteurs, transformateurs, mais aussi consommateurs et payeurs de taxes afin de convenir d’un nouveau contrat social porteur d’avenir.