Cécilien Berthiaume répond aux Éleveurs de Porcs du Québec suite à l’article publié dans La Terre de chez nous

(LVA) Selon un article de La Terre de chez nous du 2 juin, il est écrit : «Les Éleveurs de porcs du Québec ne voient finalement pas d’un bon œil la démarche entreprise par un groupe d’éleveurs indépendants de la Beauce, qui souhaitent vendre eux-mêmes une partie des animaux qui seront prochainement désassignés par l’entreprise Olymel.». Il y est précisé aussi qu’une lettre a été envoyée par Les Éleveurs à la Régie des marchés pour demander de « ne pas déstructurer la mise en marché collective». Cécilien Berthiaume, leader du groupe de producteurs de porcs indépendant réagit et répond aux Éleveurs de porcs du Québec.

 

OPINION : Cécilien Berthiaume répond aux Éleveurs de porcs du Québec

Je me dois de fournir une réponse à la déclaration des Éleveurs dans La Terre de chez nous

Après plusieurs rencontres avec des producteurs et discussions avec différents intervenants, le projet initial qui se voulait de sortir temporairement 350 000 porcs pour diminuer les coûts de plus de 1,4 million. Il a été bonifié et devient un outil collectif qui mérite d’être entendu.

C’est bizarre!  Le projet que je veux présenter est loin de déstructurer. Il y a deux semaines les Éleveurs annonçaient que le projet était intéressant et méritait d’être analysé, ensuite volte-face, c’est devenu dangereux que le projet soit évalué par la régie et de tout faire pour couper le projet. D’où vient cette pression ? De craindre qu’un projet déstabilise l’industrie ?? Les producteurs pourraient donner moins à l’industrie ??

Le projet est simplement pour réduire les coûts et rétablir un rapport de force entre les Éleveurs et l’industrie à l’intérieur des outils collectifs mis à notre disposition par la régie des marchés agricoles

Je suis impressionné par la volonté des Éleveurs et du MAPAQ de vouloir soutenir à tout prix à même le programme ASRA l’industrie de la transformation

Je ne comprends pas pourquoi les Éleveurs se butent à ne pas entendre une nouvelle approche structurante…

Le projet de regroupement que je veux présenter à la régie est pour les Éleveurs à leurs comptes, il serait à l’intérieur du plan conjoint

Calcul des rabais offerts par les Éleveurs

À partir de 2022 et incluant 23,24 et 25,  le montant d’aide directe de soutien consenti aux transformateurs va dépasser le 500 millions.

À cela s’ajoute le soutien temporaire aux abattoirs de plus de 25 millions pour qu’ils transforment les porcs d’ici le début janvier 2024. À cela rien n’indique qu’ils n’en demanderont pas plus, car ça fonctionne de demander aux Éleveurs…

Ensuite on ajoute le programme de retrait temporaire 5 ans de 80 millions et le 5 millions pour le programme spécial :

Sans compter que si l’objectif de diminution de 15% n’est pas atteint il y aura une diminution sur chaque entreprise qui sera contrôlée par les Éleveurs cette approche apportera des coûts supplémentaires pour ceux qui vont rester ??? $$$. Les entreprises Naisseur Finisseurs sur le même site seront plus affectées.

Au bas mot c’est plus de 600 millions dont 200 millions qui seront supportés directement par les producteurs à leurs comptes.

À cela nous devons ajouter le manque à gagner en lien avec la conjoncture nord-américaine, une dette phénoménale pour les producteurs qui vont rester à leur compte. Selon moi, le producteur- transformateur est mieux positionné

Écart de prix

Selon l’hebdomadaire Échos Porcs fourni par le CDPQ,  les producteurs de l’Ontario ont touché la semaine passée un revenu supérieur aux producteurs du Québec de 30$ au 100 . Je me demande si le MAPAQ et le gouvernement sont conscients de cet écart ? C’est cet écart positif qui diminue le coût d’exporter temporairement de nos porcs.

Cette entreprise collective va servir à régulariser la production par les producteurs

Le projet va offrir plusieurs solutions :

  1. Par une approche structurée temporaire pour vendre à l’extérieur des porcs à meilleur prix que les programmes offerts en attendant que notre environnement soit stabilisé,
  2. En vendant à l’extérieur nous serons en mesure de mieux connaître le véritable prix payé aux autres producteurs au Nord-Est de l’Amérique et ainsi mieux négocier pour le collectif,
  3. De savoir quel est la prime offerte par les abattoirs pour des porcs qui sont élevés avec le bien-être animal,
  4. De mieux contrôler la redistribution des surplus aux abattoirs d’ici,
  5. De ne plus dépendre d’une entreprise qui contrôle 80% et d’un système oligopole au Québec,
  6. De diminuer les porcs en attentes par les ventes à l’extérieur et les connaissances que nous aurons des marchés,
  7. De nous donner un outil collectif en période de grève pour limiter l’accumulation des porcs dans les bâtiments d’élevages en les déplaçant par notre entreprise collective vers l’extérieur
  8. De limiter les dégâts financiers des producteurs s’il y a une fermeture complète d’un établissement,
  9. Nous pourrons aussi régulariser l’écart de poids depuis le début de l’année il y plus de 10 kg d’écart entre les producteurs du Québec à 116,35 kg et de l’Ontario de 106,5 kg. Le poids supplémentaire coûte très cher aux producteurs : un bon agronome pourrait vous faire le calcul.
  10. D’autres éléments qui seront ajoutés lors des présentations pour compléter le projet structurant pour les producteurs

Je crois que le projet mérite d’être analysé le plus rapidement possible. C’est pour cette raison que je me suis adressé directement à la Régie. Vous comprenez qu’avec la demande des Éleveurs à la régie présentée dans La Terre de chez nous de ne pas entendre notre proposition, mon interprétation c’est qu’il était impossible qu’elle passe par le système au risque de déranger la filière.

Pour qui les Éleveurs travaillent vraiment?

Il reste moins de 500 entreprises porcines à l’ASRA et considérant que plusieurs entreprises ont plus de 2 entreprises assurées selon moi, il ne reste pas plus de 250 entreprises et 11 d’entre elles contrôlent environ 60% de la production au Québec. Il serait important d’avoir les bons chiffres, car en bons gestionnaires  nous devons avoir des bases de calcul crédibles et non politiques.

Des bonnes nouvelles

Le départ du président actuel M. David Duval à l’AGA le 9 juin : Il va laisser sa place à deux candidats qui sont des producteurs à leurs comptes qui selon moi seront en mesure d’évaluer toutes les bonnes idées qui pourront créer de la richesse. Les deux personnes ont une écoute pour tout projet structurant pour aider les producteurs. D’aider les producteurs ne veut pas dire aller contre la filière bien au contraire que le maillon des producteurs indépendants, soit solide va consolider notre industrie.

Il y a aussi l’ouverture du président de l’UPA,  M. Martin Caron, il offre son soutien pour nous aider à trouver des solutions avec les Éleveurs à l’intérieur du plan conjoint . Selon M. Caron notre proposition mérite d’être étudiée et il comprend que nous voulons assurer la survie des fermes indépendantes.

Suggestion d’aide au gouvernement provincial et fédéral :

-Considérant que le secteur de la première transformation est dépendant de plusieurs facteurs internationaux et hors de contrôle de la gestion courante,

-Considérant que de telles situations peuvent mettre en péril un secteur au complet d’activité agricole,

Je demande que les gouvernements mettent en place des outils de soutien financier spéciaux pour aider financièrement le secteur qui sera en crise et lui permettre de se replacer à même le fond prévu,

Conclusion

J’ai un projet qui mérite d’être analysé par les Éleveurs et être bonifié par les Éleveurs pour donner un équilibre à cette chaîne de production.

Ensuite le projet collectif doit s’intégrer dans la mise en marché collective avec les règlements qui vont donner toute la force et la structure légale.

Les producteurs ont l’option actuelle d’une approche d’intégration collective ou de trouver une formule inclusive pour tous les producteurs pour diminuer l’impact financier.

Le projet que j’offre est un projet de régularisation, intégré dans le plan conjoint et pour procurer aux producteurs de la création de richesse,

Je crois en cette production et comme disait Darwin ce n’est pas les plus gros qui passent à travers le temps, mais ceux qui savent s’adapter.

Cécilien Berthiaume

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