Les spécialistes alertent sur la fragilité de la santé des lacs au Québec

Le constat est alarmant : au Québec, 10 % des lacs habités au sud du 47e parallèle vieillissent de manière prématurée. Les causes de cette détérioration sont multiples, notamment certaines activités non durables en agriculture, en foresterie et en villégiature, l’utilisation de pesticides, les changements climatiques et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. D’ailleurs, environ 200 lacs et cours d’eau sont touchés par la propagation du myriophylle à épis, une  espèce exotique envahissante qui affecte directement la santé des lacs et leur accessibilité par les citoyens.

 

À l’occasion du début de la saison des lacs et du Mois de l’eau, le Conseil régional de l’environnement des Laurentides lance le 4e Forum national sur les lacs. Cet événement de deux jours, qui rassemble plus de 250 participants issus de différents milieux, vise à informer, sensibiliser et outiller les acteurs concernés sur l’état de santé de nos lacs.

Sous le thème ‘’Y plonger pour mieux les comprendre’’, le Forum national sur les lacs est le lieu d’échanges par excellence au Québec pour permettre au milieu scientifique de partager les connaissances les plus récentes et de discuter entre gestionnaires du territoire, décisionnaires gouvernementaux et municipaux, secteur associatif et communautaire, usagers et spécialistes des actions concrètes déjà entreprises et à mettre en place pour protéger nos lacs.

Il s’agit du 4e Forum national sur les lacs. Nous avons encore le pouvoir d’agir pour préserver ces joyaux de biodiversité, symboles de notre identité pensent les spécialistes conviés à cette rencontre.

Pour suivre la situation, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs recense 875 lacs membres du Réseau de surveillance volontaire des lacs. Ce partenariat entre l’État et les citoyens, qui a vu le jour en 2004, permet d’acquérir des données sur un grand nombre de lacs et de suivre leur évolution dans le temps, de dépister les lacs montrant des signes de dégradation, de sensibiliser et d’outiller les riverains.

« À Mont-Tremblant, le lac Maskinongé est le premier lac eutrophe connu des Laurentides. C’est le lac de mon enfance. Lorsque j’y retourne et que je constate dans quel état il est, ça me brise le cœur. D’autant plus que cette situation aurait pu être évitée. Les solutions existent pour éviter la détérioration de nos lacs », exprime Anne Léger, directrice générale du CRE Laurentides.

Des acteurs passent à l’action

Le Forum sera une occasion unique de présenter des solutions mises en place par des champions de la protection des lacs. C’est le cas de la municipalité de Saint-Donat qui a adopté il y a 15 ans un règlement sur la protection des plans d’eau contre les espèces exotiques envahissantes. Grâce aux mesures prises depuis, Saint-Donat a réussi à éviter l’introduction du myriophylle à épis dans ses lacs, et ce malgré la présence de cette espèce exotique envahissante dans une dizaine de lacs dans un rayon de 50 kilomètres de la ville. Le maire Joé Deslauriers et le directeur général de Saint-Donat Mickaël Tuilier aborderont les outils de prévention utilisés et le système de contrôle des accès aux lacs.

Lors de cet atelier au Forum national sur les lacs, ils seront accompagnés de représentants de l’Association des Propriétaires du Lac Chaud. Cet autre exemple en prévention d’introduction d’espèces exotiques envahissantes démontre que le leadership des acteurs locaux est essentiel pour protéger et gérer nos lacs de façon durable. Ces citoyens sont investis et agissent pour protéger les lacs et pour participer au bon fonctionnement des plans gouvernementaux en assurant un suivi de leur application sur le terrain.

Riverains, vacanciers, municipalités, gouvernements, entreprises : tous ont le pouvoir d’agir pour renverser la situation

Le Forum rappelle que des mesures concrètes sont à la disposition de tous les acteurs impliqués pour protéger la santé de nos lacs et renverser la tendance, notamment :

  • Pour les municipalités : concevoir un meilleur aménagement de leur territoire en limitant ou interdisant le développement autour des plans d’eau; mieux contrôler l’érosion, assurer un suivi des installations septiques et le respect de la réglementation des bandes riveraines;
  • Pour les gouvernements : consacrer davantage de financement au Réseau de surveillance volontaire des lacs grâce au nouveau Fonds bleu mis en place par le gouvernement du Québec; offrir un meilleur accompagnement et un soutien financier aux municipalités pour mieux protéger les lacs, notamment par le développement d’outils pour agir de manière plus cohérente en aménagement et en urbanisme ;
  • Pour les acteurs économiques : faire respecter le règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État ainsi que le règlement sur les 3 mètres de bandes riveraines des terres agricoles pour éviter le ruissellement de contaminants et d’éléments nutritifs tels que le phosphore et l’azote ;
  • Pour les riverains et les vacanciers : faire preuve de prudence à l’égard des solutions dites “miracles”, telles que les nouveaux herbicides contre le myriophylle à épis, qui ne sont pas encore approuvés par Santé Canada; utiliser systématiquement les stations de lavage d’embarcations lors de l’accès à un plan d’eau pour éviter la propagation d’espèces aquatiques envahissantes. Une carte gouvernementale accessible permet de trouver des points de services dans sa région.

 

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