L’inflation, Métro et la confiance

« Pendant que la tempête inflationniste à l’épicerie se résorbe tranquillement, c’est toujours la chicane dans l’industrie. Alors que Metro engage des poursuites judiciaires contre Loblaw et Weston pour les avoir « faussement impliqués » dans un complot de fixation des prix du pain, un nouveau rapport sur la confiance des consommateurs, financé par l’industrie, ne contribue en rien à rétablir la confiance des consommateurs. »

L’inflation alimentaire au Canada a chuté à 5,9 %, ce qui représente une baisse d’environ 1 % depuis août. À première vue, cela pourrait sembler être une raison de se réjouir, avec des courses d’épicerie devenant légèrement moins coûteuses pour nos porte-monnaie. Cependant, la question pressante demeure : les consommateurs ont-ils une véritable confiance dans les données publiées par Statistique Canada ?

Un simple coup d’œil aux commentaires sur les réseaux sociaux révèle le scepticisme que les gens entretiennent à l’égard des chiffres produits par Ottawa. La confiance semble être au plus bas, et beaucoup préfèrent se fier à leur instinct plutôt qu’aux statistiques officielles. Même si les données indiquent que l’inflation alimentaire est à son niveau le plus bas depuis janvier 2022, l’écart entre l’inflation générale et l’inflation alimentaire s’est réduit à 2,1 %, et plusieurs produits alimentaires sont devenus plus abordables, les consommateurs restent dubitatifs.

Le Canada affiche le deuxième taux d’inflation alimentaire le plus bas parmi les pays du G7, dépassant uniquement les États-Unis à 3,7 %. Cependant, il semble que, quelles que soient les statistiques rassurantes, les gens ne leur font pas confiance.

Le scepticisme et le cynisme dominent désormais le sentiment public à l’égard de l’industrie alimentaire, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Des événements récents, tels que les litiges juridiques entre les grandes chaînes d’épicerie, Métro, Loblaw et Weston, ne font qu’exacerber la méfiance du public. Metro a intenté des poursuites judiciaires contre Loblaw et Weston, prétendant qu’ils l’avaient “faussement impliqué” dans une conspiration de fixation des prix du pain. Ce scandale, tristement connu sous le nom de “cartel du pain”, aurait perduré pendant 14 ans, de 2011 à 2015, mais l’enquête du Bureau de la concurrence, qui a débuté en 2015, est toujours en cours. Alors qu’une entreprise, Canada Bread, a admis sa culpabilité et a payé une amende substantielle cet été de 50 millions de dollars, les querelles entre les épiciers se poursuivent. Ces troubles permanents nuisent à l’image de l’industrie et sapent davantage la confiance des consommateurs.

Dans ce contexte, le Centre canadien pour l’intégrité alimentaire, un centre peu connu mais largement financé par l’industrie, a publié son rapport annuel sur la confiance du public, une enquête visant à évaluer la confiance des consommateurs. Bien que le rapport aborde des questions cruciales telles que l’inflation, l’accessibilité alimentaire et les pratiques durables de l’industrie, il passe sous silence les préoccupations pressantes qui affectent actuellement la confiance du public. Notamment, il ne dit rien sur les bénéfices perçus comme excessifs, le gaspillage persistant dans les exploitations agricoles, en particulier dans le secteur laitier, la confiance dans les données fournies par Statistique Canada, ou la possible collusion au sein de l’industrie. Cette omission est regrettable, car ces questions sont essentielles pour rétablir la confiance du public.

Il n’existe actuellement aucune preuve concrète de la réalisation de bénéfices excessifs par les épiciers, les fabricants ou d’autres acteurs de l’industrie. Néanmoins, selon un récent sondage, 82 % des Canadiens estiment que l’abus est d’une manière ou d’une autre associée à la hausse des prix alimentaires. Cette perception pose un défi important que l’industrie doit rapidement résoudre.

Les litiges juridiques entre les épiciers, associés à un rapport sur la confiance du public largement financé par l’industrie, n’ajoutent qu’à la méfiance des consommateurs à l’égard de l’industrie alimentaire. La confiance dans le secteur est fragile, et il est essentiel que chaque partie prenante, des organismes gouvernementaux aux dirigeants de l’industrie, travaille avec diligence pour la restaurer.

Les efforts d’Ottawa pour stabiliser les prix alimentaires en encourageant les épiciers à les baisser sont louables, mais le véritable enjeu réside dans la confiance. L’industrie alimentaire ne peut plus considérer la confiance des consommateurs comme acquise. La reconstruction de la confiance nécessitera une communication transparente, une plus grande responsabilité et un engagement à répondre aux préoccupations du public, qu’elles concernent la perception de bénéfices excessifs, le gaspillage agricole, la confiance dans les sources de données ou une éventuelle collusion au sein de l’industrie.

Il est temps pour l’industrie alimentaire de non seulement offrir des produits de qualité, mais aussi de prouver qu’elle mérite la confiance des consommateurs. L’inflation alimentaire peut être en baisse, mais le rétablissement de la foi dans l’industrie est la véritable mesure du succès.

 

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