![](https://lvatv.ca/wp-content/uploads/2023/12/DSC_0253-818x490.jpg)
Dès les premiers jours de la COP 28, 134 pays, dont le Canada et les États-Unis signaient un engagement d’inclure l’agriculture et l’alimentation dans leurs plans climat d’ici 2025. Pour une des premières fois, l’agriculture et l’alimentation sont considérées comme des secteurs-clés de l’action climatique. Cette entente met de l’avant plusieurs éléments, l’on peut en citer quelques-uns, comme la résilience des systèmes agricoles, la ferme familiale, la santé des sols et bien plus. Le tout devant « intégrer l’action climatique dans nos programmes politiques et nos actions liées à l’agriculture et aux systèmes alimentaires », mot pour mot dans l’entente signée.
Le point deux de cet accord, avec 2025 comme objectif, est encore plus précis. Il dit « Réexaminer ou orienter les politiques et le soutien public liés à l’agriculture et aux systèmes alimentaires afin de promouvoir des activités qui augmentent les revenus, réduisent les émissions de gaz à effet de serre et renforcent la résilience, la productivité, les moyens de subsistance, la nutrition, l’utilisation rationnelle de l’eau et la santé humaine, animale et des écosystèmes, tout en réduisant les pertes et le gaspillage alimentaires, ainsi que la perte et la dégradation des écosystèmes.» : nos systèmes de soutien à l’agriculture devront -il changer?
«Une bonne partie de notre soutien à l’agriculture est actuellement dirigé vers des programmes de soutien de prix, avec un éléphant dans la pièce, ou plutôt un gros porc»
Une bonne partie de notre soutien à l’agriculture est actuellement dirigé vers des programmes de soutien de prix, avec un éléphant dans la pièce, ou plutôt un gros porc. Cette année, comme cela été le cas plusieurs fois, une bonne partie du soutien à l’agriculture ira au sauvetage d’un intégrateur via le programme de l’asra. Un programme qui avec le temps était largement détourné de ses objectifs initiaux qui étaient de protéger la ferme familiale. L’accaparement d’une bonne partie du soutien public par la filière intégrée du porc, et du désir manifeste du gouvernement de la soutenir, fait en sorte qu’il en reste peu pour soutenir le reste et encore moins pour intégrer l’action climatique dans nos programmes agricoles, tel que le prévoit la nouvelle convention signée à la COP 28. L’on devra se contenter de saupoudrer ici et là.
Pourtant les signes de l’urgence d’adapter nos programmes de soutien agricole face au changement climatique sont là. L’on a qu’à penser à l’adaptation de nos programmes d’assurances récolte qui doivent s’adapter aux accidents climatiques plus fréquents et plus extrêmes, cela va nécessiter plus d’argent pour les compensations et pour se donner plus de résilience. Un des éléments clés de la résilience est l’augmentation de la santé des sols, identifiée très clairement dans cet accord. Les pratiques culturales vont être mises à contribution, utilisation de culture de rotation et de plante pérennes aussi. Cela veut dire moins de maïs et plus d’autres cultures et plus de prairies permanentes, de grands changements qui ne se feront pas sans des programmes de soutien importants.
Le retour vers la ferme familiale
D’autres pays ont déjà modifié leur soutien à l’agriculture. L’Europe a mis fin à la plupart de ses soutiens directs au prix et aux productions, elle a redirigé son argent vers des programmes de bonnes pratiques agricoles. En France, ces programmes représentent plus de 25 % des revenus d’une ferme, les producteurs ont d’ailleurs un vaste éventail de programmes liés à de bonnes pratiques qui leur permettent de choisir ce qui convient le mieux à leur situation. Ces programmes profitent à l’ensemble de la filière, car une partie de ces « subventions » se répercutent chez les transformateurs et les consommateurs : ils contribuent à diminuer les gaz à effet de serre et soutiennent largement, par choix politique, la ferme familiale.
«Il faudra revoir nos programmes actuels qui ne sont plus adaptés au nouvel environnement mondial, qui pour une fois semble mettre au centre du développement agricole la ferme familiale»
Les signataires de cet accord à la COP 28 pour l’agriculture se sont donnés jusqu’en 2025 pour mettre leur plan sur la table et jusqu’en 2030 pour le mettre en place. Au Québec, le défi est grand, à moins d’injections de beaucoup de nouvel argent par les gouvernements, il faudra revoir nos programmes actuels qui ne sont plus adaptés au nouvel environnement mondial, qui pour une fois semble mettre au centre du développement agricole la ferme familiale, espérons que nos syndicats et nos gouvernements prendront note de cela.