De quoi devenir dingue avec les dindes d’Olymel?

Il y a de quoi devenir dingue avec le monde des dindes vu par Olymel!

 Tout a commencé lorsqu’un producteur (détenteur aussi d’un poste important à l’UPA) nous a fait savoir qu’il avait entendu lors du huis clos de l’assemblée générale de Sollio qui s’est tenue en février dernier que la coopérative prévenait ses «producteurs membres» de diminuer leur production de dindes en raison d’une arrivée massive de dindes du Chili, pays qui aurait la volonté de se prévaloir de la totalité de ses droits de quotas d’importation au Canada pour ce secteur agricole.

Nous avons tout naturellement (sans sauce Chili) interpellé Sollio, la maison mère d’Olymel, en écrivant le 19 mars dernier à Stéphanie Couturier, vice-présidente principale aux communications de Sollio. Voici les questions :

Des questions simples sans réponses claires

  1. Pouvez-vous nous confirmer que cette approche de diminution de la production de dindes au Québec a été abordée lors de vos rencontres ?
  2. Quel est le quota autorisé au Chili dans son entente avec le Canada ?
  3. Quelles sont les orientations données par Sollio aux producteurs suite à cette information?
  4. Quel impact cela aura-t-il pour les prochaines années pour les producteurs de dindes au Québec?
  5. Sollio est-il par ailleurs importateur de dindes ou se fournit-elle seulement auprès de producteurs au Québec ?

Les longues recherches d’Olymel

Sollio a refilé le ballon à sa filiale Olymel. Stéphanie Couturier nous a spécifié : « Je copie Audrey Giboulet du service des communications d’Olymel, elle sera plus à même de vous répondre. Merci et bonne journée!»

J’ai alors demandé à Audrey Giboulet de nous revenir dans la semaine avec les réponses d’Olymel. Le 21 mars, celle-ci nous a écrit : « Je vous reviendrai demain avec des éléments».

Le 24 mars : « Bonsoir, Yannick, je ne vous oublie pas, j’étais sur une urgence. Je vous reviens dès que j’ai l’info!»

Ne voyant rien venir, j’ai réitéré ma demande: «Bonsoir, avez-vous pu récolter les réponses aux questions en lien avec la production de dindes»,  ce à quoi la réponse fut  : «Oui, j’attends présentement une validation sur un dernier point et vous reviens rapidement!»

Sollio se fournit-elle exclusivement auprès de ses membres?

Ce à quoi nous en avons déduit qu’une seule question demandait peut-être tout simplement plus de recherches.

L’histoire à ce stade-ci ne dit pas si la question dont la réponse tarde à venir est de savoir si Olymel importe de la dinde du Chili ou se fournit exclusivement auprès de ses membres ?

Nous relançons le 27 mars : «Bonsoir, Audrey, auras-tu toutes tes réponses demain matin?»

Le 3 avril  toujours rien alors nous insistons: «Audrey, bonsoir. Je n’ai toujours pas reçu vos réponses. Merci de nous revenir cette semaine svp».

Enfin le 4 avril réponse d’Olymel : «Pour l’instant je ne suis pas en mesure de vous fournir  d’informations sur ces points. Si cela venait à changer, je ne manquerais pas de vous contacter.»

Là ça tourne à la sauce Chili, ça pique, ça chauffe dans mon esprit!

Ce à quoi je réponds sur le champ le 4 avril alors que je m’exaspère : «Je ne comprends pas !! L’autre jour il vous manquait un point pour finaliser les réponses aux questions ! Dois-je comprendre qu’aujourd’hui vous n’avez plus de réponses à aucune question !! Merci du suivi rapide. Il est très étonnant qu’une structure comme la vôtre mette des semaines à donner des réponses simples à des questions simples !! Il me conviendrait mieux de publier vos réponses qu’un texte disant qu’Olymel n’a aucune réponse à toutes ces questions!!».

Ma montée de lait enclenchera un appel d’Audrey Giboulet qui me justifie qu’une compagnie n’a pas nécessairement obligation de répondre aux questions des journalistes. Je relance alors Stéphanie Couturier pour essayer de comprendre ce manque de transparence.

Olymel aurait-elle des choses à cacher ?

Olymel finira par m’écrire une réponse globale. Je dois donc me résoudre à publier un texte qui dit qu’Olymel n’a aucune réponse claire à ces questions. Voici le dernier courriel reçu d’Audrey Giboulet le 5 avril après que je me sois étonné de l’attitude d’Olymel auprès de la vice-présidente aux communications chez Sollio:

« Pour répondre à votre demande, voici quelques éléments qui, je l’espère, vous guideront dans la rédaction de votre article : la production de dindons au Canada est régie par un système de gestion de l’offre. Les volumes annuels de production sont établis par les Éleveurs de dindons du Canada et sont par la suite répartis selon les mécanismes prévus aux ententes opérationnelles entre les 8 provinces productrices. En ce qui concerne les droits d’importation de dindons, ceux-ci sont émis selon les règles établies par Affaires mondiales du Canada. Quant aux volumes attribués et/ou importés, il s’agit d’une information confidentielle. Je vous invite à vous rapprocher des Éleveurs de dindons du Canada pour obtenir davantage d’informations au besoin. ».

Nos démarches auprès des Éleveurs de dindes et dindons du Canada porteront sûrement fruit: on nous informe que les réponses à nos questions nous parviendront d’ici lundi prochain.

D’où viendront les dindes d’Olymel?

Vous noterez qu’à ce stade-ci, on ne sait toujours pas si Sollio s’approvisionne exclusivement auprès de ses membres!

On ne nous confirme pas non plus que le sujet a bien été abordé en assemblée générale ( ce que nous a confirmé une tête dirigeante de l’UPA qui y était), on ne semble pas savoir le quota autorisé pour le Chili chez Olymel, on ne nous dit pas non plus les orientations prévues par Olymel face à cette situation.

On ne semble pas savoir ou ne pas se soucier des impacts que cela aura sur la production locale et surtout on ne nous dit pas si Sollio/Olymel est importateur de dindes du Chili ou si la coopérative se fournit exclusivement auprès de ses membres au Québec !

Comme je disais, il y a de quoi devenir dingue avec les dindes d’Olymel!

C’est quoi finalement les quotas de dindes?

Vu qu’Olymel nous a orientés vers les ministères, nous avons tenté une première approche au ministère de l’Agriculture et agroalimentaire du Canada (AAC) et leur avons écrit et envoyé ces questions:

Il se parle que le Chili souhaite utiliser tout son quota d’importation de dindes au Canada.

  • Pouvez-vous nous confirmer que vous avez cette information ?
  • Quel est le quota autorisé au Chili dans son entente avec le Canada selon les traités commerciaux en vigueur ?

La réponse n’est pas venue non plus du ministère de l’Agriculture qui nous a orientés vers les Affaires mondiales, comme le suggérait Olymel.

À l’agriculture, Bronwyn Goodman, media relations officer à AAC nous a écrit : «Nous avons examiné votre requête et pensons qu’elle serait mieux placée auprès d’Affaires mondiales Canada (également en copie ici). Veuillez contacter leur équipe de relations avec les médias : media@international.gc.ca. »

Enfin un éclaircissement par les Affaires mondiales : les importations du Chili sont déclenchées à la demande d’importateurs canadiens!

Nous nous sommes donc dirigés vers la direction Affaires mondiales et avons posé les mêmes questions.

Réponses de M. Jean-Pierre J. Godbout, porte-parole relation avec les médias aux Affaires mondiales, avec lequel nous comprenons alors que pour remplir ces quotas le Chili doit avoir des demandes d’importateurs canadiens. L’histoire ne dit pas si les coopératives sont parmi les principaux importateurs.

«Le Canada est conscient du désir des exportateurs chiliens d’augmenter leurs exportations de produits de volaille vers le Canada. Nous notons par contre que les décisions concernant ces importations sont prises uniquement par les détenteurs d’allocation, qui doivent être des résidents du Canada.» nous écrit M.Godbout.

Il ajoute: «Les importations de dindes en provenance du Chili sont autorisées et ont eu lieu dans le cadre des deux contingents tarifaires (CT) du Canada pour les dindes et les produits de dindon. Le Chili a accès aux deux contingents tarifaires pour les produits de la dinde, soit celui de l’OMC et celui de l’accord global et progressif pour l’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Chaque contingent tarifaire autorise un certain volume d’importations par an. Pour l’OMC, le niveau d’accès pour le CT OMC 2024 est de 5 588 000 kg d’équivalent éviscéré. Pour le PTPGP, le niveau d’accès au CT 2023/2024 du PTPGP (du 1er mai 2023 au 30 avril 2024) est de 3 500 000 kg d’équivalent éviscéré. Pour 2024/2025, le CT du PTPGP (du 1er mai 2024 au 30 avril 2025) a un niveau d’accès de 3 535 000 kg d’équivalent éviscéré.»

On ne sait par contre toujours pas quelles quantités Sollio ou d’autres coopératives importent du Chili.

 

 

 

 

 

 

 

 

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