La décision de Loblaw de mettre fin à son programme de rabais sur les achats multiples chez Maxi sème la controverse. Bien que cela promette de niveler les règles du jeu pour tous les consommateurs, les effets à long terme sur les prix et le choix des consommateurs restent aléatoires.
La semaine dernière, Loblaw annonçait la fin des rabais pour les achats à volume, par exemple, « 2 pour 5 $ » ou « 3 pour 10 $ ». Cette stratégie créait un sujet de discorde parmi les consommateurs depuis des années. Le Comité parlementaire et le Bureau de la concurrence ont longtemps critiqué cette pratique, et même le ministre François-Philippe Champagne a appelé à sa fin.
Plusieurs groupes démographiques, notamment les personnes vivant seules ou les personnes âgées qui consomment moins de nourriture considéraient cette pratique, connue sous le nom de « rabais sur le volume », comme discriminatoire. Selon un sondage mené par l’Université Dalhousie et Caddle l’année dernière, 38,1 % des Canadiens n’aimaient pas cette stratégie et souhaitaient sa fin. La seule autre stratégie de l’industrie plus détestée était la réduflation, où la quantité d’un produit alimentaire est réduite tandis que le prix demeure le même.
Les rabais sur le volume ont fait leur apparition il y a des années en réponse à une augmentation des achats en gros par les consommateurs. Un modèle largement inspiré par Costco qui encourageait les consommateurs à acheter en grande quantité, soutenant l’idée que des quantités plus importantes offraient de meilleures affaires. À mesure que les rabais sur le volume gagnaient en popularité, les critiques se multipliaient. Beaucoup affirmaient que cela conduisait à plus de gaspillage alimentaire, car les consommateurs se voyaient obligés d’acheter plus de nourriture pour obtenir une meilleure affaire.
Cependant, une étude récente publiée dans l’European Economic Review a révélé que la fin des rabais sur le volume avait des conséquences inattendues. Les épiciers dans certaines régions d’Europe ont commencé à offrir plus de rabais sur les unités individuelles, motivant les ménages à haute consommation à faire leurs courses plus fréquemment et à acheter davantage. Loblaw a probablement lu cette étude.
Inversement, une étude dans Health Economics suggérait que les achats multiproduits incitaient davantage de consommateurs à acheter de plus grandes quantités d’aliments malsains.
Mettre fin à cette pratique découle certainement d’une décision politique astucieuse pour Loblaw et sera probablement considérée comme une victoire par de nombreux consommateurs. Cependant, les véritables répercussions dépendront de la façon dont Maxi fixera ses prix à l’avenir. Les achats multiproduits ou les rabais sur le volume bénéficiaient à la fois aux détaillants et aux fournisseurs ayant des excédents de stock ou souhaitant promouvoir certains produits. Il est donc fort possible que les relations entre Loblaw et ses fournisseurs aient changé.
Ce changement ne garantit pas une baisse des prix et ne signifie pas que les offres deviendront plus abordables pour les petits ménages. Il assure simplement que tout le monde se verra traité de la même manière, ce qui ne se traduit pas nécessairement par un traitement bonifié ou plus abordable.
En fin de compte, nul ne sait si cette décision est la meilleure pour les consommateurs, car elle pourrait en priver certains de l’occasion d’économiser grâce aux rabais sur le volume. Les grandes familles et les groupes tiraient parti avantageusement de ces réductions. Les rabais sur le volume aidaient également la chaîne d’approvisionnement à gérer les stocks plus efficacement. La solution idéale serait d’offrir la même remise au prix unitaire à ceux qui la demandent. Une pratique déjà en vigueur chez certains épiciers.
Les prix chez Maxi devront faire l’objet d’une surveillance accrue pour déterminer si ce changement profite réellement aux consommateurs. Si Loblaw promet des bas prix, en particulier chez Maxi, l’entreprise devrait honorer cette promesse sans les rabais sur les achats multiples et éviter d’utiliser cette décision pour augmenter les prix pour tous, simplement pour apaiser une minorité vocale. Il sera également pertinent de voir si d’autres épiciers suivent cet exemple.