«On nourrit et on construit avec des dollars américains»

Dans le cadre d’un panel, animé par le professeur Doyon, qui se tenait à Québec les 7 et 8 novembre au Château Laurier, les Éleveurs de porcs du Québec ont mis de l’avant leur stratégie. Le thème abordé était : «Comment la filière peut-elle mieux collaborer pour améliorer sa compétitivité?». Il a notamment été mis de l’avant que le Québec a un défi d’optimisation de la carcasse qui s’ajoute à des coûts élevés de nutrition des porcs et que notre système d’abattage n’est pas complètement efficient.

Yvan Brodeur, représentant des transformateurs, vice-président principal chez Olymel à l’approvisionnement et la production porcine, a expliqué qu’au Québec on abat 45 000 porcs par semaine alors qu’aux États-Unis ils sont organisés pour en abattre 90 000 par semaine.

Janin Boucher, du groupe Ceres, lui aussi représentant des transformateurs, a précisé qu’en termes de robotisation, le Québec accuse du retard, mais a rappelé aussi que de tout automatiser coûte cher. Il a précisé que « 50 % du coût d’abattage c’est de la main-d’œuvre. Il faut donc maximiser le temps d’hommes», a-t-il dit.

René Harton, éleveur de porcs,  a expliqué de son côté que si l’intégration a un plus grand pouvoir de négociation, la petite entreprise a ses avantages : « L’intégration c’est un gros bateau, mais la production familiale c’est plus libre et plus innovateur».

Mathieu Couture, représentant de meuneries chez Sollio, a soutenu que le coût d’alimentation pour les producteurs du Québec est plus élevé que pour les compétiteurs. « On s’est amélioré depuis 2021, mais la guerre en Ukraine a eu un impact. Il faut aussi tenir compte qu’aux États-Unis 80 % de  la production porcine est dans un rayon de 130 kilomètres alors qu’ici il y a de la distance.»

Si augmenter la compétitivité n’est pas compatible avec la baisse de travailleurs étrangers temporaires, Mathieu Couture ajoute : « Ça passe en partie par la robotisation qui enlève des tâches physiques et redondantes, mais il faudra aussi penser à l’intelligence artificielle».

Samuel Lefebvre, un autre éleveur de porcs,  a rappelé que la production porcine ce n’est pas ce qui génère le plus de diplômés à Québec et que s’il y a moins de travailleurs étrangers temporaires, il faudra penser à robotiser, mais ce à quoi Yvan Brodeur et Janin Boucher ont rappelé qu’il faut « garder des hommes notamment pour la coupe».

Yvan Brodeur a ensuite fait valoir qu’il est important  de créer des produits de niche et concernant le marché international Janin Boucher a rappelé que «Si le dollar canadien à la baisse ça aide pour la vente aux brokers, on nourrit et on construit avec des dollars américains».

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