
Par M. Christian Overbeek, président, Producteurs de grains du Québec (PGQ)
Une guerre commerciale en gestation menace l’autonomie alimentaire du Québec. Dans notre monde de plus en plus interconnecté, les soubresauts du commerce international, comme des barrières tarifaires, ont un impact direct chez nous. Les restrictions commerciales en place sont déjà très complexes alors que plusieurs pays imposent des restrictions de plus en plus lourdes. Les prochaines années s’annoncent particulièrement compliquées pour les producteurs de grains québécois, parce qu’après tout, les frictions tarifaires avec les États-Unis ne sont que la pointe de l’iceberg.
La menace tarifaire des États-Unis est bien réelle, et elle nuira assurément aux exportations québécoises. Les tarifs américains limiteront la capacité des producteurs québécois d’exporter ou les forceront à exporter à perte, ce qui contribuera à fragiliser l’équilibre déjà précaire de l’autonomie alimentaire québécoise.
Toutefois, le Canada n’est pas le seul pays visé par les tarifs annoncés. La Chine par exemple est aussi visée par des menaces tarifaires de la part de nos voisins du Sud. Si Trump met sa menace à exécution, on peut raisonnablement supposer que l’activation des tarifs américains entraînerait une réponse de la Chine sous forme de tarifs; amorçant ainsi une guerre commerciale dont les impacts sur notre économie pourraient être considérables.
De plus, si les États-Unis n’ont plus accès au marché de la Chine pour écouler leur stock de grains, et même d’autres produits agroalimentaires, il est fort probable qu’ils se tournent vers le marché canadien et québécois.
La conjoncture actuelle exerce énormément de pression sur le secteur des grains québécois et sur les secteurs économiques qui en dépendent; d’autant plus que les États-Unis offrent d’excellents programmes de soutien financier à leurs producteurs agricoles et que ces programmes sont présagés d’être bonifiés prochainement. Les programmes de soutien financier offerts aux producteurs d’ici ne sont actuellement pas à la hauteur face à ceux de nos voisins du sud, ce qui nous place dans une situation de désavantage compétitif. Cette situation de désavantage face à nos concurrents fragilise particulièrement le secteur, qui représente pourtant un pilier économique névralgique et essentiel au soutien de la filière agricole au grand complet et à une autonomie alimentaire durable.
De meilleurs programmes de soutien financier permettraient, par ailleurs, de rétablir la compétitivité du secteur et d’accroître sa résilience face à un avenir compliqué.
Il faut prendre des mesures pour que les pertes liées aux conflits géopolitiques soient à la charge complète des gouvernements qui en sont la plupart du temps les premiers responsables.
Alors que les tensions commerciales internationales s’intensifient et bouleversent les dynamiques des marchés, les producteurs de grains québécois font face à des défis de taille. La rentrée parlementaire est l’occasion de rappeler que ce secteur crucial doit être une priorité. Le budget du ministre des Finances arrive à grands pas et c’est une occasion à ne pas manquer pour consolider le secteur du grain. Il faut agir, maintenant.