
La Vie agricole a suivi au cours des derniers mois les échanges entre l’association de trot et amble du Québec (l’ATAQ), et le Club Jockey du Québec (CJQ) et a mis en lumière des discordances entre les deux organisations : la première composée de propriétaires de chevaux de courses passionnés et la seconde responsable de gérer les courses professionnelles. Nous apprenions récemment en plus de l’enquête de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) sur la gestion du Club Jockey du Québec (CJQ) qu’une information circule dans le milieu du cheval à savoir que l’hippodrome de Trois-Rivières, la dernière piste professionnelle au Québec, serait convoité par la ville de Trois-Rivières. Nous avons posé quelques questions auprès de certaines personnes en vue dans ce dossier.
Nous avons contacté avant tout la présidente et directrice générale du Club Jockey du Québec, Me Mongeon. Nous voulions savoir si elle pouvait dans un premier temps nous confirmer que des entrevues pour remplacer certains administrateurs de son conseil d’administration ont eu lieu ces dernières semaines comme nous l’entendons dire et nous voulions connaître les noms des nouveaux administrateurs éventuels. Nous l’avons aussi interrogée sur la vente «éventuelle» de l’hippodrome de Trois-Rivières. L’occasion pour cette femme très active dans le monde des chevaux de course de se positionner face à des enjeux qui inquiètent tout un secteur.
Vivra-t-on un second « Blue bonnets»? Aucun risque, selon Me Mongeon.
«Je ne peux pas commenter le Conseil d’administration. Les démarches sont en cours. Pour la vente de l’hippodrome, ça n’arrivera pas. Le gestionnaire de l’hippodrome est le CJQ qui est un OSBL dont la mission est d’assurer la pérennité des courses au Québec. Le CA ne peut pas vendre l’hippodrome.»
Me Mongeon semble confiante pour la saison à venir : «Nous avons eu juste un programme à date mais ça semble être bien parti. », nous a-t-elle dit.
Les propriétaires et passionnés de chevaux de course sont inquiets, ayant encore en mémoire la fin de la piste de référence près de Montréal, Blue Bonnets. Rappelons que «Blue Bonnets» a été pendant des décennies la piste de course professionnelle de référence au Québec et pour l’ensemble de l’Amérique du Nord à une époque où le Québec était considéré comme la Mecque du monde des courses. Dans ses années de gloire, Blue Bonnets pouvait accueillir 8000 amateurs de courses de chevaux qui pouvaient gager jusqu’à 800 000 $ par jour.
Paul-André Lavigne, président du circuit régional lui aussi reste confiant
Le président du Circuit régional des Courses de Chevaux du Québec reste quant à lui confiant : « Je n’ai jamais entendu parler de la vente de l’hippodrome de Trois-Rivières. Il y a 4 ou 5 ans, il avait déjà été question de vendre à la Ville des terrains non utilisés pour les activités hippiques et qui sont la propriété du Club Jockey. C’est peut-être de cela qu’on parle», nous a-t-il dit. «Lorsqu’il en avait été question, c’était vu comme une façon de pallier aux augmentations des taxes municipales en ayant une moins grande parcelle de terrains taxables», nous a-t-il précisé
Que disent les acteurs politiques du moment?
Certains intervenants du monde des courses à qui nous avons parlé s’interrogent sur la compréhension que le monde politique fait de cette situation alors que l’industrie québécoise du monde des courses continue d’alimenter économiquement la province voisine, l’Ontario et que les éleveurs québécois sont prêts à se prendre en main notamment avec la création tout récemment de la Société du Cheval Québécois (SCQ) dédiée à la relance de l’élevage.
Jean Boulet, le député de Trois-Rivières refuse de répondre
Le député de Trois-Rivières Jean Boulet, aussi ministre du Travail, par la voie de son attachée politique, Yvana Labouba, a refusé de répondre à nos questions : « Nous avons bien reçu votre demande. Malheureusement nous déclinons votre invitation à répondre aux questions soumises», nous a-t-elle écrit.
La Ville de Trois-Rivières par le biais du cabinet du maire Jean Lamarche s’est engagée à nous répondre dans un avenir proche. Nous avons aussi sollicité le ministre de la Sécurité publique François Bonnardel, responsable de la RACJ et Donald Martel, député de Nicolet-Yamaska. D’autres textes suivront sous peu.
Voici les questions qui ont été acheminées à Jean Boulet
- Les courses hippiques à Trois-Rivières sont-elles bien au coeur et un moteur du développement de la ville et de la Mauricie depuis plusieurs décennies?
- Les hommes qui oeuvrent dans le secteur des chevaux de courses ont encore en mémoire la chute de leur piste de référence à Montréal, Blue Bonnets, et s’inquiètent d’informations qui circulent. À votre connaissance, l’hippodrome de Trois-Rivières est-il aujourd’hui à risque?
- L’économie du monde des courses a été dans le passé un fleuron du Québec. Pour diverses raisons, cette économie a été transférée en Ontario. Le Québec peut-il encore être une terre de succès pour les chevaux de courses ?
- Votre parti très soucieux du développement des régions voit-il la relance de l’élevage et de la génétique des chevaux de course comme une option d’occupation du territoire grâce aux retombées économiques que représentent l’ensemble des fournisseurs qui oeuvrent dans le secteur du cheval?
- Si le projet d’achat de l’hippodrome par la ville ou un promoteur se confirmait quel serait selon vous le nouveau projet et est-ce que le gouvernement s’assurerait d’un appui financier au monde du cheval pour relancer ailleurs une piste professionnelle?