Robotisation des étables: beaucoup d’investissements, pour une satisfaction mitigée

Vus comme le progrès à instaurer dans les fermes laitières, l’installation de robots dans les étables n’apporte pas la richesse et la liberté que plusieurs producteurs escomptaient, selon une enquête menée par La Vie Agricole.  

Le Programme d’investissement pour fermes laitières que le fédéral a lancé en août fait une large place à des investissements de robotisation sur les fermes laitières. Or beaucoup, parmi ceux et celles qui y ont déjà recours, ne trouvent pas qu’ils y gagnent nécessairement au change, en comparaison d’avant.

« Le principal avantage c’est que j’en ai fini avec les heures de traite, car je suis seul à la faire. Mais je ne trouve pas que je suis plus avancé, j’aurais pu embaucher un employé pour les mêmes bénéfices. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je m’embarquerais », confie Simon Lavergne, un producteur laitier de Montebello en Outaouais.

Les avantages

Pour Richard Vincent, l’installation d’un robot de traite a permis à sa mère de prendre congé des heures de traite et à son  père d’en faire moins, et de son côté, de pouvoir quitter l’étable à 17h30, quoiqu’il doive travailler « comme un fou », avec la production de 130 kg de lait par jour.

Bertrand Désilets de Sainte-Clotilde-de-Horton estime quant à lui ne pas avoir gagné véritablement de temps car il a augmenté sa production laitière. « Le coût de production est assez élevé avec les robots par contre si tu tires beaucoup de lait, ça le ramène à des niveaux acceptables !! (Par contre) avec des robots, ça prend une bonne personne compétente », complète-t-il.

Un producteur du Saguenay qui n’a pas voulu être nommé, croit que peu de fermes seront en meilleure posture économique, au bout du compte, surtout si le prix du lait connaît une baisse dans les prochains mois. Il calcule que des coûts d’alimentation plus élevés, des dépenses supérieures de vétérinaire et d’entretien des équipements informatiques et mécaniques, pour ne nommer que ceux-là, viendront gruger les profits engrangés.

Par exemple, pour attirer les vaches vers les robots de traite, il faut une moulée plus « appétissante », ce qui oblige de l’acheter aux meuneries, délaissant la fabrication maison.

« Des avantages financiers : aucun….plus de termes qu'avant pour la même paye! Pas moins d'employés pour chez nous et des coûts d'alimentation plus élevés… les avantages sont autres que financiers », déclare pour sa part Dany Lavoie.

En alerte 24h sur 24

Simon Lavergne avoue qu’après un an et demi d’utilisation d’un robot de traite, son plus grand défi demeure la santé de ses vaches, dont plusieurs présentent des problèmes aux sabots et aux pattes, à cause de l’humidité.

« Avant, mes vaches étaient au sec.  Maintenant, avec le système, si elles ont mal aux pattes, elles ne se déplacent pas. Pas de traite, pas de lait. » Il a dû investir plus 25 000$ en tapis de caoutchouc pour amoindrir le problème.

Et il y a la robotique qui fait des caprices à toute heure du jour. Et parfois, il faut attendre les pièces jusqu’à sept jours, avec un technicien spécialisé.

« Là où se trouve la différence, c’est qu’on court plus, mais on produit plus. Il faut être présent 24 heures sur 24. On ne peut plus dire que c’est fini après la traite, ça peut lâcher en plein nuit, faut que tu réagisses vite, tout le temps », reconnaît le producteur laitier de Montebello.

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