Les Organisations et producteurs entendent bien avoir une vraie réforme de la Loi sur les producteurs agricoles. Si le gouvernement du Québec révise la Loi sur les producteurs agricoles, l’UPA trouvera sur son chemin plusieurs organisations et producteurs mécontents qui réclameront une réelle réforme en profondeur.
Par contre, le scepticisme est puissant. Peu croient que l’UPA veuille une réforme en profondeur qui permettrait la fin de son monopole syndical et la cohabitation avec d’autres associations représentatives des agriculteurs, tels que le Conseil des entreprises agricoles (CEA) et l’Union Paysanne.
La possibilité de l’ouverture de la Loi sur les producteurs agricoles a été annoncée le 5 octobre dernier par l’actuel 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de la Fédération régionale de la Montérégie. Cette éventualité a été déposée en réponse à des producteurs qui contestaient fermement la hausse des cotisations et des prélevés à venir pour les années 2018 et 2019.
Plusieurs ont argumenté qu’il est inéquitable d’imposer des prélevés sur les productions spécialisées, tout en ne les réclamant pas aux producteurs maraîchers et de petits fruits.
C’est alors que Pierre Lemieux a avancé qu’il pourrait y avoir une réouverture de la Loi sur les producteurs agricoles, qui pourrait modifier sa section VIII, traitant des cotisations et contributions. L’objectif visé, qui sera répété dans plusieurs assemblées régionales, est de procéder à des modifications mineures à la Loi sur les producteurs agricoles afin que l’UPA soit en mesure de moduler les cotisations de manière équitable en fonction de la taille des entreprises agricoles.
Peu de confiance
Des producteurs de la Montérégie, dont Ange-Marie Delforge, doutent fortement que cette promesse soit tenue à court terme.
« Je n’y crois pas. Ça fait 15 ans qu’on en parle et maintenant l’UPA nous promet de régler cela en six mois. Je leur ai promis une bouteille de champagne s’ils y arrivaient, mais je pense bien que c’est moi qui vais la boire », a-t-elle commenté en marge de la réunion.
Alors qu'il arrive en fin de mandat, la productrice de pommes de terre de Côteau-du-Lac estime que Pierre Lemieux n’est pas dans un contexte politique pour faire ouvrir la Loi.
De son côté, le président du CEA, Jacques Cartier, croit que l’UPA passe un message qui se veut « transparent » à travers Pierre Lemieux, pour mieux sonder l’humeur des producteurs.
« Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Il n’y a pas de gros risque avec le nouveau ministre de l’Agriculture. C’est clair que rien ne va se faire avant les élections provinciales. L’UPA pense qu’avec son lobby elle pourra conserver son accréditation unique », commente-t-il.
Une Loi entièrement nouvelle
Benoît Girouard, président de l’Union Paysanne, se fait encore plus mordant : « C’est clair que s’il y a une réouverture de la Loi sur les producteurs agricoles, nous allons demander qu’elle soit entièrement révisée. Il ne faudra pas juste parler du monopole, mais aussi du financement, totalement perverti. Il faut qu’ils sachent qu’on va les attendre et se préparer en conséquence », a déclaré Benoit Girouard.