Les conclusions suite à la nouvelle entente entre les États-Unis, le Mexique et le Canada varient selon que l’on s’attarde, aux propos de Justin Trudeau, premier ministre du Canada qui pense que la gestion de l'offre est épargnée, aux propos des représentants de l’Institut économique de Montréal qui auraient voulu plus de libre-marché ou aux propos du premier ministre Philippe Couillard, qui se range derrière la vision de défense de la gestion de l’offre. Selon l’Institut Économique de Montréal (IEDM), concernant la nouvelle entente autour de l’ALENA, «Les meubles ont été sauvés, mais on est loin d’un véritable libre-échange». Pour Philippe Couillard, le premier ministre du Québec : « La gestion de l’offre est ébranlée».
L’entente commerciale conclue hier entre le Canada, les États-Unis et le Mexique semble, «selon les informations préliminaires, jeter les bases d’un dénouement relativement positif, compte tenu de son importance pour l’économie canadienne dans son ensemble, malgré des irritants importants», de dire l’IEDM.
« Évidemment, des centaines de milliers d’emplois au pays en dépendant, et la sauvegarde de l’accord est de ce point de vue une bonne chose », souligne Michel Kelly-Gagnon, président et directeur-général de l’IEDM. « Il est cependant regrettable de constater que nous avons de plus en plus affaire à des ententes commerciales qui mettent de l’avant un ?commerce dirigé” (managed trade) plutôt qu’un véritable libre-échange ».
Les producteurs laitiers encore prisonniers du régime actuel
«En ce qui a trait aux parts de marché laitier cédées dans le cadre de l’entente, on doit se rappeler que, malgré ce qui est souvent rapporté, la quasi-totalité de notre secteur agricole est déjà soumise à la concurrence et tire son épingle du jeu sur les marchés mondiaux», de préciser l’IEDM.
M. Kelly-Gagnon estime, fidèle à sa philosophie contre la gestion de l’offre, que le problème est que l’entente cède encore des parts de marché, «tout en gardant nos producteurs laitiers prisonniers du régime actuel».
« On réduit leur marché sans leur donner les moyens de concurrencer », souligne Alexandre Moreau de son côté, analyste en politiques publiques à l’IEDM.
« Les contribuables devront vraisemblablement assumer une facture salée pour compenser ces pertes, et le système de quotas et de tarifs va quand même rester en place. Enfin, ces concessions ne seront pas suffisantes pour engendrer une baisse substantielle des prix pour les consommateurs. C’est perdant, perdant, perdant.», dit-il.
Pour Vincent Geloso, chercheur associé à l’Institut économique de Montréal,en entrevue ce midi avec Nathalie Normandeau à la radio à Québec, il s’agit d’une situation «politiquement conséquente mais économiquement sans conséquence». Il a ajouté que la gestion de l’offre est encore là et qu’elle « limite le choix du consommateur et augmente les prix».
La gestion de l’offre est ébranlée selon Couillard
Si Justin Trudeau estime que la gestion de l’offre est épargnée, Philippe Couillard, premier ministre et chef du Parti libéral, en point de presse ce midi a quant à lui estimé que la gestion de l’offre est ébranlée: « C’est un jour sombre pour les régions», a-t-il dit.
Tôt ce matin, Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec (PLQ) déclarait à TVA : « Si c’est 300 millions la compensation, c’est pas une bonne compensation».
Concernant les concessions faites sur l’ensemble des accords internationaux, Bruno Letendre les estiment à 9 % sur 365 jours : «environ 27 ou 28 jours de revenus perdus pour les producteurs», dit-il. « Le gouvernement a négocié à genoux et je suis généreux quand je dis qu’il a négocié à genoux. Il pouvait pas y avoir pire entente».