On jette du lait au Québec et en Ontario !

La Vie agricole a été rejointe par deux producteurs laitiers qui ont souhaité garder l’anonymat. Ces deux producteurs nous ont assuré avoir eu la confirmation des présidents de l’UPA de leur région respective qu’il se jette du lait actuellement en Ontario et au Québec. 

“ Il se jette du lait écrémé en Ontario actuellement. Cela m’a été confirmé à deux reprises par mon président régional.  Même mon camionneur qui passe chez nous m’a dit. “On allait en Ontario. On n’y va plus. Ils ont trop de lait!“, a déclaré notre première source. La réalité n'est pas aussi brutale et visible que sur la photo de présentation de l'article. Le tout est plutôt tenu secret. La méthode utilisée est la méthanisation ( voir entrevue avec Maurice Montcalm , président de Les Producteurs de Lait Montérégie / Ouest )

Discrétion à la Fédération !

L’autre source anonyme déclare : “ Ce que j’ai su, c’est qu’ils ont fait du beurre à partir de lait entier et que le restant a été jeté!  Luc Bournival, responsable des contrôles techniques à la Fédération des producteurs de lait m’a confirmé qu’on a aussi jeté du lait au Québec cet été mais qu’il aurait reçu l’ordre de ses supérieurs de ne pas parler. “

M. Bournival rejoint par La Vie agricole nous a répondu: “ Oui, j’en ai eu des échos mais il faudrait que je vous passe les communications pour plus de détails. “

Toutefois, en lui rappelant que dans son rôle de directeur des contrôles techniques, si le cas s’est produit, il a dû le voir, il nous alors expliqué : “C’est juste qu’on a eu un manque de matière grasse alors on en a récupéré dans du lait qu’on a jeté après. Mais il s’agit de lait écrémé. Il y a eu une semaine particulièrement difficile cet été mais c’était surtout en Ontario.“

De la BST* dans notre lait ?

Notre première source anonyme s’inquiète : “ La Fédération ne contrôle plus grand-chose dans le lait. Je prétends même que Saputo et Parmalat rentrent en masse du lait protéiné. Est-ce qu’on peut savoir s’il y a de la BST dedans ?“. À cela M.Bournival nous dit “ C’est interdit au Canada. Je doute qu’on puisse prouver qu’on en retrouve. Au Québec, on fait bien attention à cela. Il faudrait s’assurer que ce n’est pas juste des rumeurs.“

Le clash entre le Québec et l’Ontario ?

Le premier agriculteur qui nous a rejoint doute même de la version officielle du ministre de l’agriculture du Québec : “Le ministre Paradis a beau dire que tout va bien, le drame en ce moment, c’est que nos usines veulent moins de lait. Elles sont alimentées par les États-Unis.  On nous dit officiellement que ça va bien entre le Québec et l’Ontario. Moi je ne crois pas cela.“

La loi du silence comme Colbex

Quand on lui demande ce que communiquent Les Producteurs de Lait et son président Bruno Letendre à ce sujet, notre agriculteur répond :“ On sait rien dans les champs. C’est comme l’histoire de l’abattoir Colbex. Et il y a des gens qui ne veulent pas qu’on parle. “

Des médias complices ?

L’agriculteur en question nous déclare même avoir approché un journaliste de la Terre de Chez Nous qui aurait suite à des pressions refusé de traiter le dossier.

Sur la gestion de l’offre, un doigt d’honneur de l’Ontario ?

Sur la gestion de l’offre, il dit : “ On ne parle que du Québec mais l’Ontario a l’air de s’en foutre. C’est un problème on ne nous dit pas la vérité. L’Ontario commence si vous voulez  mon avis à faire des doigts d’honneur au Québec. Et comment se fait-il qu’Agropur organise le 31 août une assemblée générale  sur la gestion de l’offre et sur les quotas et que nous à la Fédération on ne nous dit rien.“

Des producteurs à genoux ?

“ Dans les quotas, je pense que les jours donnés en avril ont servi à nous faire produire et à terme à faire baisser le prix du lait. Chaque jour d’août, on est à genoux devant les usines !“

À écouter ce cri du cœur de producteurs laitiers, on est en droit de s’interroger à savoir si tranquillement le système ne cherche pas juste à faire baisser le prix de l’hectolitre comme une première démarche pour annoncer un jour la fin de la gestion de l’offre ou à les en protéger en leur montrant ce que serait une totale libéralisation du marché ?

Le responsable des contrôles techniques de la Fédération M.Bournival explique :“ Disons que c’est certain que le fait d’avoir une forte augmentation de production de lait à un impact à la baisse sur les revenus des producteurs.“

Une Fédération de “Yes, man !“

Quand on demande à notre producteur à l’origine de ce dossier, pourquoi la Fédération des producteurs de lait et donc des producteurs se tireraient eux-mêmes dans le pied, il nous répond : “ Ce sont tous des “Yes man“. La moitié vient là pour les jetons de présence.  Je suis moi-même passé par une présidence régionale. J’ai vu.“

 

La somatotropine bovine (STB-BST) est une hormone protéinique produite par les glandes pituitaires des vaches laitières. La STB-BST peut être produite de façon synthétique en utilisant de l'ADN recombinant. La BST est injectée aux vaches pour augmenter leur production laitière.

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