À Montréal se tenait le 21 octobre dernier la première journée de consultation du Sommet de l’Alimentation. Celle-ci, orientée sur le thème : « À l’écoute des consommateurs» ( les autres journées à venir seront spécifiques orientées à l’écoute des transformateurs puis des producteurs) a été inaugurée par le ministre Paradis dont le discours précédait la présentation de Ricardo Larrivée, conférencier d’honneur. Cette journée a été l’occasion de présenter la tendance des consommateurs québécois, appuyée des résultats de sondages réalisés par Léger et Marketing. Une nourriture saine et pas chère semble être leur premier choix !
Caroline Roy, vice-présidente de Léger et Marketing a présenté les 15 préoccupations des Québécois issues d’un sondage effectué auprès de 1000 personnes. Il apparaît que des aliments permettant de les maintenir en santé à moindre coût sont les points qui intéressent en premier lieu les Québécois bien avant l’intérêt d’être informé sur la présence d’OGM, les conditions du bien-être animal ou sur la problématique aux pesticides même si ces points d’intérêt apparaissent dans la liste des préoccupations. Par ailleurs 90 % des Québécois pensent que les aliments achetés au Canada sont sécuritaires.
Si l’intérêt pour les produits locaux est réel, seuls 30 % des Québécois disent être habitués à acheter des produits locaux.
Les Québécois ne plaignent pas les producteurs
D’après Léger Marketing, 66% des Québécois sont d’avis que les conditions des employés agricoles et du monde agroalimentaire sont meilleures ici qu’ailleurs
« Comme chef, sans produit, je ne suis rien» dit Ricardo
Ricardo Larrivée a souligné que le dialogue entre les consommateurs, les transformateurs et les producteurs devait aller au-delà des tendances politiques. Il a ensuite souligné l’admiration qu’il a pour les producteurs qui se soucient de transmettre une terre toujours meilleure à leur relève et il a ajouté : « Comme chef sans produit, je ne suis rien».
Mieux informer le consommateur !
« Les consommateurs ont un réel pouvoir, mais on manque cruellement d’informations sur les aliments. Le MAPAQ devrait prévoir un wiki agroalimentaire vérifié par des experts pour répondre aux besoins des consommateurs». Ricardo a confié avoir lui aussi fait un sondage auprès de 3000 personnes pour le compte de son magazine et le résultat est similaire à celui présenté par Mme Roy, les Québécois ont pour principaux soucis en lien avec leurs aliments, le maintien de leur santé (à 94%) et le faible coût pour se les procurer.
S’il a ouvert sur l’importance de réglementer sur les gras trans il considère que « les taxes sur les boissons gazeuses ne sont pas une solution sinon il faut enlever 50% de ce qu’il y a dans les épiceries» dit-il.
Il s’est désolé que le dernier point considéré par les Québécois soit le fait de manger entre amis et en famille : « un repas entre amis ou en famille en bas de liste, ça me tue!» a-t-il dit.
Développer un nationalisme culinaire par région
Ricardo a aussi fait un plaidoyer en faveur du principe des appellations d’origine contrôlée : « Il est important d’avoir un nationalisme culinaire par région. C’est bon pour les exportations.»
Ricardo a aussi mis de l’avant l’importance de la réciprocité : « Ils mettent quoi sur les aliments au Chili, au Mexique, je ne le sais pas. Je leur dis, si tu veux vendre au Québec, bienvenue, mais ayez les mêmes valeurs que nous!»
De la transparence !
Hélène Laurendeau, nutritionniste et animatrice a quant à elle souligné l’importance de «dire la vérité aux consommateurs et pas seulement ce qui fait notre affaire. Ça prend de la transparence». Hugo A.Munoz Urena, professeur de la Faculté de droit de l’Université du Costa Rica a présenté sa conférence sur l’espace de la confiance et le droit de savoir du consommateur au cours de laquelle il a déclaré : « L’information aux consommateurs est la mesure la moins restrictive au commerce».
Au cours des ateliers en après-midi, Maxime Laplante, vice-président de l’Union paysanne a déclaré : « J’ai la présomption de croire ce qui a été dit ce matin au micro par les experts. Peut-on écouter le consommateur un peu plus?».