NDRL: Alors que l'on apprend aujourd'hui même le décès brutal à l'âge de 58 ans de Xavier Beulin, président de la FNSEA (premier syndicat agricole en France), La Vie agricole vous propose de relire le texte déjà publié sur notre site le 12 janvier dernier dans lequel nous exposions sa vision de l'agriculture suite à la sortie de son livre:«Notre agriculture est en danger, ce qu'il faut faire». La Vie agricole offre ses condoléances à sa famille, à tous les producteurs et intervenants du monde agricole.
Alors qu’au Québec ce sont les collaborateurs de La Vie agricole, Yan Turmine, Simon Bégin et Yannick Patelli, qui trouvent écho dans le monde littéraire pour parler d’agriculture avec leur livre:«UNE CRISE AGRICOLE AU QUÉBEC, vers la fin des fermes laitières traditionnelles», en France avec son livre : "Notre agriculture est en danger, ce qu'il faut faire", c’est Xavier Beulin, président de la FNSEA, principal syndicat agricole du pays, qui s’exprime sur l’avenir de l’agriculture. Il réplique ainsi à ses détracteurs et propose ses solutions pour l'agriculture française.
Il s’est confié récemment au journal Ouest-France. On y apprend qu’on lui demande d’incarner une France éternelle, la nostalgie d’un monde paysan aujourd’hui disparu. Mais son image médiatique serait toute autre: Il aime la vitesse, et roule à moto. Il joue au golf et a une résidence secondaire en Tunisie. Il ne cache pas sa réussite même si certains médias l’ont traité de « fossoyeur de l’agriculture française » et qu’ils enquêtent sur son patrimoine. Mais tout cela ne l’empêche pas de lancer son cri du cœur : « Notre agriculture est en danger.»
Ce livre écrit avec Yannick Le Bourdonnec, en librairie en France depuis le 3 janvier dernier, lui permet de s’expliquer sur sa situation personnelle et de commenter l’agriculture, de spécifier Ouest-France. Il souligne dans ce manuscrit le « potentiel formidable» de l’agriculture et de l’agroalimentaire.
Chirac écorché
Il écorche au passage l’ancien président de la République française, Jacques Chirac, qui selon lui a manqué de vision: « Ces succès d’un soir de marathon bruxellois nous ont privés d’une politique à long terme», dit-il.
Il s’adresse dans ce pamphlet aux candidats à l’élection présidentielle française de mai prochain et à ses militants du syndicat qu’il préside pour leur rappeler qu’il est avant tout un paysan, originaire d’un milieu agricole et impliqué très jeune dans le syndicat agricole principal en France, la FNSEA.
Il y rappelle son parcours, lorsqu’il rejoint le groupe Sofiprotéol aujourd’hui devenu Avril. Financé par des cotisations des agriculteurs de la filière des oléoprotéagineux, le groupe contrôle aujourd’hui les marques Lesieur, Puget et est présent dans les biocarburants avec la marque Diester, l’alimentation animale (Sanders). Ce groupe réalise 6,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et emploie 7200 salariés.
Les trois enseignements de Xavier Beulin: la collectivité, l’intérêt pour l’économie et les territoires comme rôle clé !
Pour Xavier Beulin, il faut tirer trois enseignements de la situation dans le monde agricole aujourd’hui, rappelle Ouest-France : «Le premier souligne l’importance du collectif: on ne réussit pas seul en agriculture. Le second rappelle la nécessité pour les paysans de s’impliquer dans les questions économiques: il ne suffit plus seulement de produire. Enfin, l’agriculture joue un rôle clé dans les territoires. Ce qui nécessite de la regarder autrement.»
Retrouver une stratégie agricole
Et il considère qu’à ce jour, la France contrairement à ses voisins, : « n’a plus de stratégie agricole. (…) Les Allemands ont exporté en 2016 quatre fois plus qu’il y a quinze ans, les Néerlandais trois fois plus», il ajoute, «La France n’est plus le premier mais le troisième pays exportateur d’Europe. Depuis 2000, nos exportations ont été devancées en valeur par celles des Pays-Bas et de l’Allemagne. Même chose sur la scène internationale. Notre pays a glissé de la deuxième à la cinquième place comme exportateur agroalimentaire, derrière les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et depuis 2010 le Brésil. »
Ouest-France rappelle ensuite qu’après ce bilan Xavier Beulin défend une politique « d’innovation sous toutes ses formes: technologique, sociale, environnementale ». Beulin propose aussi de décloisonner l’agriculture en l’ouvrant à de nouveaux champs de croissance comme la chimie du végétal, les agrocarburants.
Pour lui, robotique et numérique, génétique, biotechnologies font partie de l’arsenal indispensable pour retrouver le chemin de la croissance y compris pour le bio qui selon lui a conquis toute sa place dans le paysage actuel et que les mentalités ont largement intégré cette idée d'une agriculture multiple et diversifiée…
Un ministère de l’Agriculture qui ne répond pas aux défis posés
Xavier Beulin estime finalement que le ministère de l’Agriculture dans ses compétences actuelles ne répond pas aux défis posés, écrit-on dans Ouest-France. Il propose « un grand ministère qui engloberait l’agroalimentaire et les territoires ruraux. »