L’association des économistes québécois tenait un dîner mi-janvier à l’Hôtel Plaza à Québec au cours duquel plusieurs spécialistes en finances se sont exprimés sur l’avenir économique du Québec et de l’Amérique du Nord. Le panel était animé par l’ancien ministre du développement économique du cabinet Charest, Clément Gignac. Tous les intervenants faisaient preuve de pessimisme envers les projets du nouveau président américain Donald Trump.
« Ça rappelle les années 30 !» François Dupuis
François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins a déclaré : «2017/2018 sont des années qui nous promettent beaucoup de défis. Nous vivrons une baisse du potentiel de croissance en raison du vieillissement de la population au Québec, car on constate un endettement national et international. Par ailleurs, l’arrivée de Trump au pouvoir à la Maison-Blanche avec ses promesses douteuses est un gage de beaucoup d’incertitudes».
Mais François Dupuis reconnaît que les ménages américains et les PME chez nos voisins du sud ont confiance suite aux annonces de baisses d’impôts aux particuliers et aux entreprises faites par Trump. Il précise toutefois qu’il faut s’attendre à des effets sur la réglementation, des renégociations des échanges commerciaux et une augmentation des dépenses militaires. «Trump vise une croissance de 3,5 à 4 % par an alors qu’ils sont actuellement aux États-Unis à 2 %. Il faut savoir qu’il sera limité par son congrès. Car si on appliquait ce qu’il dit ça aurait un effet direct sur la dette publique. Le pays est actuellement endetté à hauteur de 76 % du PIB, il serait alors à 105 % avec Trump si il fait tout ce qu’il dit».
Et il ajoute : « Ça rappelle les années 30 où l’on disait tout va bien jusqu’à ce que tout s’écroule. S’il y a trop de protectionnisme, ce n’est pas bon à terme ni pour l’économie mondiale ni pour les États-Unis. Il va falloir que Trump s’en rende compte».
«Il faut espérer qu’on ne se rendra pas au bout du Brexit», Marc Lévesque
Pour Marc Lévesque, vice-président d’Investissements PSP : « Oui, les marchés ont optimistes depuis l’élection de Trump. Les marchés pensent que les côtés positifs de Trump vont aider plus que ses aspects négatifs. Et c’est là l’erreur. L’inflation s’en vient avec des taux plus élevés. Mais notre chance c’est qu’on pense que seulement le quart des politiques de Trump vont passer l’étape du congrès. La politique commerciale de Trump est une véritable menace pour le monde. C’est comme ça qu’on a créé 1929 ! Les plus impactés seront la Chine et le Mexique. Il y a un vrai risque de guerre commerciale entre la chine et les É.-U. et les marchés n’en tiennent pas compte. L’autre grand risque c’est le Brexit qui est un risque majeur pour la Grande-Bretagne, pour l’Europe et toutes les économies en fait. Il faut espérer qu’on ne se rendra pas au bout du Brexit».
Et le Québec dans tout ça ?
Pour Stéphane Marion de la Banque Nationale du Canada, économiste et stratège en chef : « En 2016, 84 % des secteurs d’activités au Canada s’en sortent bien. Au Québec le plein emploi est là et on est en surplus budgétaire, mais le problème c’est la population en âge de travailler qui est en déclin. Ça prend une économie qui permette une perspective pour la formation en entreprise». Il a rappelé que le Québec ne peut voir son avenir que par l’immigration pour assurer la main-d’œuvre de demain.