L’Union Paysanne peine à se renouveler

Personne ne se bouscule aux portes de l’Union Paysanne pour prendre le relais de son président sortant, Benoît Girouard.  L’organisation militante paysanne se cherche un nouveau leader. La lourdeur de l’engagement décourage la relève.

Le président quitte après plusieurs années à tenir seul, bénévolement, le flambeau de l’agriculture pratiquée par des paysans et soutenus par des consommateurs exigeants sur la qualité de leurs aliments.

Pendant les dix années qu’il a dirigé l’Union Paysanne, le producteur de l’Outaouais est devenu une figure emblématique du mouvement. Il a lancé des offensives contre l’UPA, qu’il faut mener à terme.

Deux autres départs

Après Benoît Girouard, au moins deux autres administrateurs, producteurs agricoles, estiment avoir fait le tour du jardin.  Sylvain Raynault, propriétaire de la ferme Bonneterre, hésite à renouveler son mandat. « Je suis pas mal occupé. Ce n’est pas évident, c’est du bénévolat. Face à nous, l’UPA dispose de moyens considérables. Benoît a été bon de tenir longtemps. Je pense que Maxime (Laplante) sera là, comme en intérim, pour tenir le fort », explique le producteur de céréales de la région de Lanaudière.

Le président de la ferme « Les Jardins de l’Écoumène », Jean-François Lévesque, manque aussi de temps, même s’il se reconnaît dans les valeurs de  l’Union Paysanne : « Dans le contexte actuel, la présidence nécessite trop d’engagement.  Il n’y a personne en tête. Je suis ouvert à recevoir des propositions de nouveaux venus de l’extérieur », dit Jean-François Lévesque. Le semencier biologique termine un second mandat et envisage de ne pas se représenter.

« C’est difficile d’y mettre du temps et l’énergie de construire un tel mouvement », ajoute-t-il en louant lui aussi le travail de Benoît Girouard. « (Il) a fait un travail remarquable de maintenir l’Union Paysanne sur son bras avec les ressources qu’on a. »

De syndicat à OBNL

Créée en 2001, l’Union Paysanne accumule bien du vécu. Le départ de Roméo Bouchard, au milieu des années 2000, a laissé des traces sur le dynamisme de l’organisation. Il y a deux ans, le syndicat de petits producteurs agricoles, de ruraux et de consommateurs, a pris le virage communautaire et est devenu un organisme à but non lucratif. « Ça nous aidera dans son financement », explique Benoît Girouard.

Mais son fonctionnement interne demeure peu transparent. Il est difficile de connaître son mode d’élections de l’exécutif, le membership réel, le mécanisme d’invitation utilisé pour rejoindre les 1000 membres à l’assemblée générale qui se tiendra le 19 novembre prochain à Victoriaville lors du congrès de l'Union paysanne qui débute 17.

Même revue, l’Union Paysanne n’attire pas plus.

Dominic Lamontagne, le militant et auteur de « La ferme impossible », des Hautes-Laurentides réfléchit à l’idée d’être ou pas membre de l’Union Paysanne. : « J’en connais mal les objectifs, je n’ai jamais été invité à discuter stratégie avec eux. Personne ne m’en a parlé ni indiqué un intérêt pour mes idées », dit-il.

Il estime que la multiplication des représentations, y compris celle qu’il mène avec l’Institut Jean-Garon, sont souhaitables. « J’aime donner mon  avis sans suivre une ligne de partie. »

Continuité

Majoritairement, les membres interviewés penchent pour une succession par Maxime Laplante.

Ce dernier ne confirme rien.

« Nous faisons un boulot d’équipe depuis le début. On va en discuter lors de l’AGA. Que je prenne la présidence, ça fait partie du scénario. Ça va de soi qu’il en faut un. C’est l’assemblée qui va choisir », poursuit le vice-président de l’UP depuis plus d’une décennie.

Il ne cache pas son intérêt pour tous types de collaboration : « J’ai besoin d’avoir une équipe autour de moi. On va terminer la discussion lors du congrès », a-t-il simplement mentionné.

 

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