Dès l'été 2010, l'industrie pétrolière et gazière avait 31 puits «modernes». Quelque-uns, dont les puits de Saint-Louis et de La Présentation, étaient déjà fracturés. En septembre 2010, l'APGQ(Ass pétrolière et gazière du Qc) organisait 3 réunions pour annoncer fièrement qu'elle se préparait à forer 20 000 puits dans les basses-terres du Saint-Laurent. Cette conquête triomphale fût freinée par l'indignation populaire; on se souviendra de la réunion plus que houleuse du 28 septembre 2010 à Saint-Hyacinthe. La grogne populaire, plus deux BAPE(#273 et #307), et deux ÉES(évaluation environnementale stratégique) ont remis cette invasion en question. Sept ans plus tard, à 10 mois des élections générales, l'enjeu de l'acceptabilité sociale de la filière gazière est toujours à l'avant-plan.
En effet, malgré l'opposition forte, bien articulée et axée sur des faits scientifiques, et malgré de belles déclarations au sujet de la réduction des GES(gaz à effet de serre), le gouvernement de M Couillard s'est senti obligé de faire un cadeau à l'APGQ en utilisant le bâillon pour faire «accepter» la loi sur les hydrocarbures en décembre 2016. Cette année, comme deuxième cadeau de Noël à l'APGQ, il se prépare à accepter les 4 projets de règlements de la loi sur les hydrocarbures. De retour à la case départ… comme en septembre 2010. Alors, qu'est-ce l'acceptabilité sociale?
En 2014, le 5e rapport du GIEC(Groupe d'experts intergouvernementales sur l'évolution du climat) affirmait qu'il faut réduire les GES.[1] L'Accord de Paris proclame à tous les gouvernants du monde qu'il faut réduire les GES si on veut tenter de limiter le réchauffement climatique à 2 degré C. Pourtant, la loi sur les hydrocarbures et les règlements qui en découlent permettront à l'industrie d'augmenter sa production de GES. Le collectif des scientifiques écrit; «…Des règlements rétrogrades, par et pour l’industrie contre l’intérêt public…». [2] Contrairement à l'action du gouvernement, l'opposition populaire[3] à l'industrie des hydrocarbures est basée sur des faits scientifiques. Dans une démocratie, les lois et règlements édictés par le gouvernement ne devraient-ils pas être le reflet fidèle de l'opinion publique?
Le débat sur l’acceptabilité sociale de la filière gazière perdure depuis 2010. Dans un effort désespéré pour proclamer qu'elle a un simulacre d'acceptabilité sociale, l'industrie, avec la complicité du gouvernement, prétend qu'elle peut procéder si elle a l'accord de quelques élus locaux. Comme «vérité alternative», on ne peut faire mieux. «Faute de papier, on se contente de copeaux», disait mon père lorsqu'il fallait répondre à un appel de la nature en pleine forêt! «Et attention aux orties!» Présentement, dans la région de Gaspé, les gazières utilisent ce succédané d'acceptabilité sociale pour justifier leur forages, pendant que quelques élus de cette MRC ont de la difficultés à répondre à des questions de citoyens.[4] Vive les «fake news»!
Et ce n'est pas tout! L'APGQ, et Gaz Métro/Énergir veulent faire de l'exploration gazière en prévision de passer à l'exploitation dans la région de Lotbinière.[5] Questerre fait saliver ses actionnaires[6] La stratégie de dire que l'acceptabilité sociale passe par les élus locaux peut en effet entrouvrir une porte en Gaspésie et ailleurs. Mais à quel prix? Et ça laisse la place à toutes sortes de dérapages. En février 2017, TransCanada offrait des bourses d'études à condition que «… les jeunes doivent notamment démontrer à l’entreprise qu’ils résident dans une communauté située « à proximité de projets proposés par TransCanada, de projets en construction ou d’actifs d’exploitation ».[7] Philantropie ou achat d'acceptabilité sociale? Ça, c'est dans le meilleur des cas. Et si quelqu'un décidait d'utiliser la «méthode Vaillancourt»; au niveau municipale ce système a bien fonctionné à Laval pendant près d'un quart de siècle. Est-ce qu'une telle manière de fonctionner pourrait permettre l'exploitation de gaz de schiste dans certaines régions?
Depuis plusieurs années, la société québécoise essaie d'assainir ses moeurs avec des outils comme la Commission Charbonneau et l'UPAC. Pendant longtemps, M Gilles Vaillancourt a fait la pluie et le beau temps à Laval. Mais il a eu le malheur de frapper «une ortie»; c'est-à-dire une chambre et pension gratuite dans une institution de détention pendant 6 ans.[8] Et ça chauffe encore plus parce que le tribunal l'oblige à remettre des millions. À ceux de l'industrie et du gouvernement qui préconisent une fausse définition de l'acceptabilité sociale, je leur souhaite quelques orties.
Gérard Montpetit
Membre du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain
1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27évolution_du_climat
4] https://youtu.be/szLRvq_y6MY
5] https://www.mondialisation.ca/quebec-canada-gaz-metro-le-grand-silence-revelateur/5621089
6] http://static.ow.ly/docs/Questerre%20corporatepresentation(1)_76Rf.pdf
8] http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006111/gilles-vaillancourt-prison-remboursement-8-millions-laval-fraude-corruption