Accaparement des terres agricoles : Prudence clame le Conseil des entrepreneurs agricoles

Saint-Hyacinthe, le 6 décembre 2012 – Le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) tient à
dénoncer le climat d’urgence et d’émotivité véhiculé par l’IRÉC et son rapport sur
l’accaparement des terres agricoles québécoises préparé pour l’Union des producteurs agricoles
(UPA).

Après avoir assisté hier à la présentation du rapport lors du Congrès annuel de l’UPA, le CEA
constate que l’IRÉC ne dispose pas de données claires et complètes sur l’état du phénomène au
Québec. Elle-même mentionne dans son rapport de novembre 2012 à la page 1 que
« L’accaparement des terres, pour l’instant, reste un phénomène assez circonscrit et il ne
constitue pas une menace immédiate ».

D’ailleurs, une étude du Groupe AGÉCO, réalisée pour la Coop Fédérée et publiée en
octobre 2012 sur le même sujet, faisait remarquer qu’à l’échelle canadienne, c’est au
Québec que la proportion des terres possédées par ceux qui les exploitent (les agriculteurs)
est la plus élevée à 81%. « Étrange que l’IRÉC propose de s’inspirer du modèle français dans
sa solution pour contrer l’accaparement des terres au Québec alors que l’étude d’AGÉCO
mentionne que le taux d’exploitation des terres agricoles par le propriétaire est tout au plus
de 30% en France » soulève Jacques Cartier, président du CEA.

La proposition de l’IRÉC consiste en effet à créer une nouvelle société parapublique
québécoise, la Société d’aménagement et de développement agricole du Québec (SADAQ)
soutenue par l’État et les contribuables québécois en grande partie. La SADAQ aurait un
bureau national et des bureaux dans les régions du Québec. Cette solution est appuyée par
l’UPA. « Pourtant, les interventions de la SADAQ iraient jusqu’à brimer les transactions des
producteurs agricoles entre eux » mentionne M. Cartier.

« Avant de proposer une solution précipitée, aberrante, lourde et coûteuse en
fonctionnement, peut-on s’intéresser aux causes réelles qui motivent certains producteurs
agricoles à vouloir vendre leurs terres ? » questionne le président du CEA.

Les cas soulevés « d’accaparement des terres » au Québec sont situés dans des régions
périphériques (Témiscamingue et Saguenay-Lac-Saint-Jean) où les sols sont moins favorisés
au niveau climatique et limités dans les possibilités de production agricole.

En ce sens, le CEA croit que la Politique de souveraineté alimentaire, qui sera déposée au
printemps prochain par le gouvernement québécois, a plutôt avantage à donner des
moyens concrets de valoriser le potentiel agricole des sols dans les régions, à offrir de
nouvelles perspectives et de nouveaux outils pour donner le goût aux producteurs de
valoriser leur ferme, ainsi que de mettre en place des dispositifs pour faciliter l’accès aux
terres par les agriculteurs et la relève agricole.

« Les producteurs agricoles attendent de la future Politique de souveraineté alimentaire
beaucoup d’autres choses prioritaires en matière d’amélioration de sols propices à la culture,
de sécurité du revenu, de commercialisation des produits agricoles, d’agroenvironnement, de
main-d’oeuvre, d’innovation, etc. avant de vouloir se lancer dans une SADAQ ! » de conclure
M. Cartier.

Si le gouvernement québécois décide de faire de l’accaparement des terres un sujet
d’intérêt, le CEA, qui regroupe maintenant plus de 2 500 producteurs agricoles, s’attend à ce
qu’un portrait réel et complet de la situation soit réalisé au Québec, de même qu’à être
consulté dans toute réflexion sur des pistes de solutions envisagées.


Source : Gilles Brouillard, Conseil des entrepreneurs agricoles (450) 278-5562

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