Par Gérard Samet
La Vie Agricole a demandé
à André Boisclair sa vision sur les questions de l’actualité énergétique au
Québec, ce qui concerne tout particulièrement
le milieu agricole.
André
Boisclair a été ministre de l’environnement du Québec avant de devenir le Chef
du Parti Québécois, puis conseiller de Questerre, l’un des grands noms de
l’industrie gazière canadienne. Il s’impose, toutefois, un devoir de réserve
pour commenter certains pans de l’actualité sur les autres questions que celles
concernant l’énergie.
André
Boisclair fait d’abord un constat : le Québec consomme déjà du gaz de
schiste. «30% du gaz naturel canadien
provient de la fracturation. Gaz Métro achète du gaz naturel aux États-Unis », dont une bonne
partie est du gaz de schiste. Selon lui, « on achète aussi du gaz de
l’ouest canadien, et même de la
Russie. Dans l’avenir, le Québec devra acheter de toute façon
du gaz naturel issu de la fracturation du schiste ». André Boisclair plaide pour que l’on observe
les faits et que la population québécoise puisse donner son consentement après
avoir reçu toutes les assurances sur la sécurité environnementale de l’exploration
et de l’exploitation du gaz de schiste.
Moratoire et gaz de schiste : on
enfonce une porte ouverte !
André
Boisclair est étonné de la décision de la ministre des Ressources naturelles,
Martine Ouellet, qui a décidé d’un moratoire complet sur l’exploration et l’exploitation
du gaz de schiste.
« Je
ne comprends pas, on enfonce une porte ouverte. Le moratoire est déjà en cours puisque
rien ne se fait en attendant l’Étude environnementale stratégique qui va nous
donner un portrait complet de la situation». André Boisclair estime indispensable
« qu’on réponde à toutes les
questions », puisque la population s’attend à recevoir des assurances sur
la sécurité des installations.
Développer l’exploitation de nos richesses
pétrolières et gazières : une nécessité !
En exergue : “Ne pas
réfléchir sur l’exploitation des hydrocarbures, une erreur ! “ André Boisclair
Le
Québec est riche en hydrocarbures et ne pas réfléchir sur leur exploitation
serait une erreur. Mais il serait impossible d’aller de l’avant, selon André
Boisclair, sans avoir nécessairement l’ « appui de la population ».
Pour cela, que ce soit sur la question du gaz de schiste, ou sur celle de la
recherche de pétrole, y compris dans le golf du Saint-Laurent, il est
nécessaire de rechercher « une cohabitation harmonieuse avec les habitants
concernés ». De toute façon, « aucune exploration ne peut être
entamée sans l’accord du propriétaire du terrain ». Pour obtenir cet
accord de la population, « laissons les scientifiques nous éclairer sur
l’impact réel », de l’exploitation des hydrocarbures. « Aucune
exploration, aucune exploitation, ne devra se faire à tout prix. Il faut que
chacun y trouve son compte ».
L’Alberta pour modèle !
André Boisclair cherche à rassurer le public.
Pour lui les quelques exemples malheureux dans l’exploration du gaz de schiste
qui ont été constatés en Pennsylvanie ne doivent pas créer de préjugés pour
toute l’industrie. « Rien ne se compare aux États-Unis, la réglementation est
différente au Québec. Il serait préférable d’étudier l’Alberta, qui est un bon
exemple »
Selon
monsieur Boisclair, le travail législatif, avec la Loi sur les hydrocarbures,
et une réglementation technique appropriée, permettront d’aboutir, le moment
venu, à la rédaction d’un Guide de bonne conduite environnementale. Pour cela
il faut créer, selon lui, les conditions d’une entente entre l’industrie et le
milieu municipal d’une part et avec l’Union des Producteurs Agricoles (UPA)
d’autre part, pour l’utilisation des terres agricoles.
Oui à la fermeture de Gentilly 2 et appui à
Pauline Marois
Lorsqu’André
Boisclair était ministre de l’environnement du gouvernement québécois, il y a
une dizaine d’années, « la question de la fermeture de Gentilly 2 ne s’est
pas posée », puisqu’il n’était pas question de travaux de réfection. Désormais
les conséquences financières « du maintien de Gentilly2 se posent aux
contribuables québécois ». Il
comprend la décision de fermer la centrale nucléaire. « Pauline Marois
peut compter sur mon appui et mon amitié. Elle a toutes les qualités pour
rassembler ».
Le débat sur le pluralisme syndical
En exergue : À propos du
pluralisme syndical « Tous les débats sont permis au Québec », André
Boisclair
André
Boisclair a cité l’UPA comme partenaire de négociation pour obtenir une entente environnementale
destinée à encadrer juridiquement l’exploration et l’exploitation du gaz de
schiste sur les terres agricoles. Que pense-t-il du monopole de représentation
syndicale de l’UPA?
Lorsqu’il
était ministre de l’environnement, « personne ne voulait ouvrir le débat
sur le pluralisme syndical agricole. La situation a manifestement changé! »,
constate-t-il prudemment. « Tous les débats sont permis au
Québec ».