Un producteur indépendant outré !

Par Gérard Samet

Charles Proulx a confié à La Vie Agricole ne pas avoir dormi de la nuit après la lecture du dernier numéro de notre publication tellement il était dérangé par les propos tenus par Christian Breton dans l’entrevue où celui-ci prétend que les producteurs de porcs qui sont en faillite le sont par leur faute.

Charles Proulx, un producteur de porcs indépendant, ancien président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, réplique à Christian Breton et accuse le Gouvernement de privilégier les intégrateurs et l’UPA de fermer les yeux. Charles Proulx a choisi de vivre sur ses terres dans la ferme familiale, près des animaux. Il s’est consacré à un seul métier, celui de producteur de porc indépendant. «Moi j’ai toujours eu une seule source de revenus. Je ne dépends pas d’un intégrateur pour vivre. Est-ce qu’un producteur de porcs qui dispose de la caution d’un intégrateur est un producteur indépendant? Il est lié».

Le Gouvernement est injuste avec les producteurs de porcs indépendants, dont il provoque la disparition.

«Le Gouvernement détourne l’ASRA de son objectif initial», estime Charles Proulx. «Cet objectif était d’aider les producteurs indépendants». Selon lui, le système de l’Assurance Stabilisation du Revenu Agricole (ASRA) aurait du privilégier les fermes familiales. «Il a été institué par monsieur le ministre Garon il y a une trentaine d’années pour aider les producteurs indépendants. Pourquoi les industriels intégrateurs reçoivent-ils une compensation du même fonds de stabilisation que les producteurs indépendants? Ce ne sont pas des producteurs de porcs!» La conséquence, estime-t-il, « ce sont les baisses de l’ASRA qui ont multiplié les faillites des producteurs indépendants, qui tombent tous en même temps ». Depuis 2008, rappelle-t-il, il y a des coupes dans l’ASRA, ce qui correspond à une baisse d’environ 110 000$ par ferme chaque année. «Il est injuste que le gouvernement du Québec accorde la même compensation aux industriels et aux producteurs de porcs indépendants», affirme Charles Proulx. Il prétend qu’il est tout à fait anormal et contraire à la loi, que les intégrateurs reçoivent la plus grosse part de l’ASRA, alors que cet argent ne devrait être réservé qu’aux producteurs indépendants.

Sur les industriels de l’intégration

«Breton juge les producteurs indépendants avec dédain, mais les intégrateurs profitent de la situation. Il nous rend responsables de nos difficultés financières, mais est-ce le cas lorsque toute une catégorie de producteurs indépendants comme moi tombe sous la pression financière? Ce sont alors ces mêmes intégrateurs qui rachètent à bas prix les inventaires ou dans certains cas les sites d’élevages des producteurs indépendants en difficultés financières». Et le comble, croit-il, est qu’ils sont aidés pour cela par les énormes subventions gouvernementales de l’ASRA!

Selon Proulx, Breton, qui a 50 compagnies, un réseau commercial et une centaine de producteurs de porcs apparentés, «est un industriel et pas un producteur de porcs». Ce sont les profits de la quincaillerie et du centre d’insémination qui contribuent à sa rentabilité. «Ce sont les à côtés qui lui permettent de vivre, croit-il. Je n’ai pas moi de compagnie de génétique, de quincaillerie, de camions de transport, d’abattoir pour mes animaux, ou de meunerie commerciale, des quotas de volailles».

Il estime que les intégrateurs faussent les prix et le marché par «leurs tentacules en faisant la pieuvre» qui étouffe les producteurs indépendants. Il prétend que le prix de revient des producteurs indépendants n’est pas artificiel comme celui des intégrateurs qui produisent du porc en interne pour approvisionner leurs autres activités alimentaires.

Sur l’UPA

«J’accuse l’UPA de laxisme», affirme Proulx. «L’UPA a la tête dans le sable et ne veut plus voir la vérité. Ses dirigeants n’ont rien fait pour les producteurs de porcs. Ils doivent défendre les producteurs agricoles. Pourquoi n’utilisent-ils pas leurs fonds disponibles pour défendre les producteurs agricoles en difficultés?»

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