La production et la transformation de la biomasse agricole sont de nouveaux débouchés pour les agriculteurs de l’Ontario.Suite à une recherche initiale approfondie, l’industrie en plein essor s’efforce maintenant de bâtir et développer des marchés pour les cultures de biomasse pouvant être cultivées pour la production d’énergie, de litière pour le bétail, de bioproduits ou pour remplacer la paille dans des applications comme le compostage.
Un vaste projet mené par la Fédération de l’agriculture de l’Ontario (FAO) et financé dans le cadre du programme Cultivons l’avenir, une initiative fédérale-provinciale-territoriale, a évalué le potentiel des cultures de biomasse dans différents emplacements géographiques de l’Ontario. Cela comprenait établir une analyse de rentabilité, déterminer les marchés potentiels et étudier les caractéristiques agronomiques de production, comme l’ensemencement, la récolte et la lutte antiparasitaire.
« Au cours des quatre à cinq dernières années, un certain nombre de partenaires, y compris l’Université de Guelph, le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario et l’Association pour l’amélioration des sols et des récoltes de l’Ontario, ont regardé tous les aspects de la production d’une culture de biomasse ou destinée à la culture énergétique », explique Mahendra Thimmanagari, spécialiste des bioproduits à base de plantes avec le MAAARO. « Nous avons généré de l’information sur les problèmes de production possibles, les mauvaises herbes et les ravageurs, le potentiel de rendement, les coûts de production et nous avons identifié des marchés potentiels. »
Le miscanthus et le panic raide sont les cultures de biomasse les plus communes, avec le miscanthus qui pousse très bien dans des sols plus productifs. Le panic raide est une culture économique à faire pousser, elle s’adapte facilement aux terres de catégorie supérieure ou inférieure. Les deux ont un potentiel de rendement élevé (10 à 25 tonnes par hectare pour le miscanthus et 7 à 10 tonnes par hectare pour le panic raide) et sont des cultures vivaces. Une fois établis, les plants demeureront productifs pour une période de 15 à 20 ans.
Les cultures de biomasse pourraient présenter des cultures de remplacement ou des occasions de diversification des cultures pour les agriculteurs de cultures commerciales et seraient également un bon ajout pour la rotation des cultures régulières, puisque leurs systèmes radiculaires extensifs pourraient améliorer la santé du sol. Le panic raide et le miscanthus occupent actuellement environ 2 500 acres principalement dans le sud-ouest et l’est de l’Ontario, et quelques acres dans des régions du nord de la province.
Selon Thimmanagari, la plupart des agriculteurs vendent actuellement ces cultures pour environ 0,07 $ par livre. Pour développer cette industrie, plusieurs marchés possibles ont été identifiés, certains à court terme et d’autres à long terme, dit-il. La coopérative de l’Ontario Biomass Producers Co-operative (OBPC) et un groupe d’agriculteurs ontariens, appuient la production de biomasses durables à travers l’Ontario et cherchent activement de nouveaux marchés pour ces cultures. À court terme, la litière pour le bétail pourrait être un marché local attrayant, particulièrement pendant les années où la paille de blé, une source de litière couramment utilisée, est insuffisante. D’autres possibilités à court terme sont comme ingrédient dans le compost utilisé par les producteurs de champignons ou comme remplacement des copeaux de bois retrouvés dans le paillis actuellement utilisé dans les pépinières.
La combustion pour le chauffage des locaux et la production combinée de chaleur et d’électricité sont également une option; toutefois, Thimmanagari admet qu’il peut être difficile pour la biomasse agricole de rivaliser avec les coûts inférieurs des granulés de bois qui sont actuellement largement utilisés.
Des débouchés commerciaux existent également pour ce qu’on appelle des biocomposites – des produits en plastique, comme des pièces d’automobiles et des pots de fleurs qui utilisent des ingrédients à base de plantes au lieu d’ingrédients dérivés de combustibles fossiles. Par exemple, l’utilisation de fibres des cultures de biomasse dans la construction automobile peut donner des pièces automobiles plus légères, améliorant leur rendement en carburant. Thimmanagari indique que les marchés de biocomposites dans les secteurs de la consommation, de l’automobile et de la construction devraient subir une hausse significative au cours de la prochaine décennie à mesure que la demande pour des bioproduits augmente : « Les carburants et les sucres sont des marchés de demain importants », indique-t-il, en ajoutant que les technologies et les chaînes d’approvisionnement pour ces occasions d’affaires sont encore en développement. « Lorsque vous extrayez le sucre provenant de la biomasse, le sucre peut être utilisé dans n’importe quel produit chimique. Le sucre à base de maïs est actuellement couramment utilisé. »
« Pour prendre de l’expansion dans cette nouvelle industrie, nous regardons de près ces débouchés commerciaux, en plus de donner un soutien aux agriculteurs, aux transformateurs primaires et secondaires et à d’autres intervenants qui travaillent dans la chaîne d’approvisionnement », ajoute-t-il.