Dans un blog publié cette semaine sur Huffington Post, Jean-FrançoisLisée candidat à la chefferie du Parti Québécois et à la succession de Pierre-Karl Péladeau s’est référé à l’expérience vécue du temps de René Lévesque et Jean Garon, deux symboles forts de la défense des intérêts du Québec.
Il écrit : “Le point de départ de ma réflexion en matière d'agriculture, et plus largement d'alimentation, est qu'il ne s'agit pas d'un simple marché. Ces secteurs développent des produits essentiels – tout comme l'eau ou l'électricité – et ont un impact majeur sur l'aménagement du territoire, le mode de vie et le bien-être. Pour cette raison, un discours simpliste souhaitant imposer sans plus réfléchir le libre marché dans le secteur de l'agriculture et l'agroalimentaire néglige son caractère stratégique pour le Québec. Le deuxième principe qui guide de ma réflexion est la nécessité pour les agriculteurs de pouvoir compter sur un environnement stable, durable et prévisible, où l'État intervient pour garantir un système solide de partage des risques“.
Et il poursuit : “ Je souhaite ainsi m'inscrire dans la continuité de l'action des gouvernements du Parti Québécois. (…) Il y a eu les grandes avancées de René Lévesque et de Jean Garon qui, avec le zonage agricole, ont créé un garde-fou sur la spéculation des terres. Puis, avec Lucien Bouchard, nous avons créé la Financière agricole qui a été un progrès considérable. (…) Tous les pays dans le monde soutiennent leur agriculture et le Québec ne doit pas faire exception à cette règle.“
Les grands principes de Lisée
1.Rétablir une prévisibilité financière pluriannuelle pour les agriculteurs.
Le premier engagement de gouvernement que je dirigerais serait de rétablir une certaine prévisibilité financière pour les agriculteurs (…) Par ailleurs, je crois qu'il faut penser au-delà de cet enjeu et ouvrir une discussion sur le partage du risque associé au taux de change, auquel toutes les entreprises exportatrices sont exposées. En tant qu'ancien ministre du Commerce international, j'ai été sensibilisé à cet enjeu qui concerne de nombreuses entreprises autant dans la production et la transformation. Au Québec, si on a perdu nos abattoirs dans l'industrie bovine, c'est parce que le dollar canadien – gonflé artificiellement par le pétrole – nous a rendus moins compétitifs. Je veux réfléchir à la façon dont le gouvernement québécois peut aider.
2. Mettre en place un FIRA+
Partant du paradigme qu’il existe une problématique d’accaparement des terres agricoles, il ajoute : “Je crois qu'il faut réfléchir à un FIRA+ qui permettrait de financer tous les bons dossiers. Il faut aussi établir une transparence dans les transactions afin de voir dans quelle mesure la valeur des terres est affectée par la spéculation et qui sont les acheteurs.“
3. Une réglementation allégée pour les petits producteurs et les producteurs artisanaux
Lisée ouvre une porte aux demandes des petits producteurs qui ne se retrouvent pas toujours dans la représentation syndicale traditionnelle : “J'ai déjà eu l'occasion de dire pendant la campagne que je souhaitais être le premier ministre des petites entreprises. Bien sûr, il faut une réglementation solide pour protéger la qualité des aliments et les droits des travailleurs, mais il faut aussi tenir compte de la réalité des petites entreprises. Je propose que l'encadrement réglementaire tienne compte des différences entre les petites et les grandes entreprises, que ce soit dans la production ou la transformation alimentaire. Les petits producteurs et les producteurs artisanaux devraient avoir accès à une réglementation allégée. Je suis conscient que cet enjeu est délicat, mais il en va de la rentabilité de beaucoup de nos petits producteurs et de leur capacité à se concentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire de leur capacité à développer de nouveaux produits innovateurs.“, écrit-il.
4. Renforcer le développement de « circuits courts » en alimentation
Sur ce point Jean-François Lisée veut : “ Un développement de « circuits courts » en alimentation en s'appuyant sur le secteur public : hôpitaux, CHSLD, CPE, écoles ou établissements d'enseignement supérieur. (…) Ne serait-il pas possible, par exemple, d'obliger les distributeurs à inclure un important pourcentage de contenu québécois, comme on le fait dans d'autres domaines ? Il faut conserver une saine concurrence entre les producteurs et les distributeurs, bien sûr, mais je souhaite qu'on se mette au travail pour déterminer un cadre équitable où les produits québécois vont être privilégiés.
5. Accroître la production des serres québécoises
Rappelant l’idée d’entente annoncée par l’ex-ministre de l’Agriculture, François Gendron dans le gouvernement Marois, il précise : “Depuis plusieurs années, les producteurs de serre demandent qu'on leur accorde un tarif préférentiel afin de réduire leur coût d'exploitation. Le Québec souffre d'un retard important face à l'Ontario, où les producteurs en serre ont accès à du gaz naturel à très bon prix. Comme nous le faisons avec les alumineries, je propose d'accroître substantiellement la production des serres québécoises et la disponibilité des légumes québécois à l'année en facilitant l'accès des producteurs à un tarif biénergie très compétitif.“
6. Forêt : vivement l'indépendance
Sur le bois d'œuvre, il écrit : “Si le gouvernement canadien avait mis sur le dossier du bois d'œuvre un pour cent de l'énergie qu'il a mis à essayer de vendre le pétrole bitumineux dans le projet McKenzie, cela serait probablement réglé depuis longtemps. Ce dossier est en soi un des meilleurs arguments pour l'indépendance. Il serait plus efficace d'être face à face avec les Américains et de négocier nous-mêmes nos ententes.“ a-t-il déclaré.
7. La promesse de la biomasse
Lisée envisage de mettre en évidence les projets de biomasse. “C'est notre transition écologique. Au lieu de prendre du pétrole ou du mazout étranger, on utilise notre biomasse forestière résiduelle.“
8. La charte du bois
Il propose de créer la charte du bois qui mettra en vitrine celui-ci et s’engage à ce que le gouvernement québécois sous son égide fasse en sorte que ses nouvelles constructions mettent le bois en évidence lorsqu'il construit lui-même ses édifices, ses écoles. “Le bois, c'est beau, chaleureux, écologique et c'est bon pour notre économie. C'est la voie à suivre.“ a-t-il conclu.