L’accord de libre-échange Canada-Union européenne (AÉCG) est paralysé :Victoire démocratique et opportunité pour repenser le modèle économique

Face au naufrage de l’Accord de libre-échange Canada-Union européenne (AÉCG) confirmé par le refus du Parlement de la Wallonie de donner le feu vert à sa signature, le Réseau québécois sur l’Intégration continentale (RQIC) accueille avec satisfaction la paralysie momentanée de l’AÉCG et somme les gouvernements canadien et québécois de s’asseoir avec la société civile pour discuter dans les meilleurs délais des multiples éléments controversés de l’accord en vue de sa renégociation. 

 

Le blocage de l’AÉCG est le fruit d’une formidable mobilisation sociale des deux côtés de l’Atlantique depuis 2010 et qui s’est intensifiée au cours des derniers mois pour finalement réussir à révéler publiquement les enjeux d’un accord qui a été mal négocié, dans un déficit démocratique sans précédent. L’accord comporte des lacunes si profondes que rien ne peut justifier son adoption en l’état si ce n’est l’obstination d’une élite politique et économique qui n’hésite pas à piétiner la démocratie et persiste à approfondir un modèle économique néolibéral qui est un échec pour les peuples et la planète.

Négocié par des technocrates dans une opacité complète, sans que la société civile ne soit consultée, l’AÉCG aurait un impact néfaste sur l’emploi et le travail décent, sur l’agriculture de proximité et la survie des fermes familiales de lait et de fromages, sur la majorité des PME québécoises dont le succès ne repose pas sur l’exportation mais sur des politiques actives de développement économique local. Clair obstacle à l’Accord de Paris et la mise en œuvre de mesures solides pour protéger l’environnement, l’AÉCG favoriserait aussi la privatisation des services publics, la hausse du coût des médicaments, et donnerait des outils démesurés aux grandes entreprises privées pour contester les politiques d’intérêt public qui limiteraient leurs profits.

L’AÉCG est un mauvais accord au plan économique et politique, au niveau social, agricole, culturel et environnemental », insiste le porte-parole du RQIC. « Il est grand temps de se sortir du modèle économique du libre-échange, qui a brisé ses promesses au cours des 25 dernières années avec l’ALÉNA, et de bâtir un nouveau paradigme qui remette l’économie au service de l’intérêt public et permette de relever le défi du changement climatique.

Des rumeurs circulent à l’effet que le Sommet Canada-UE pourrait toujours avoir lieu ce jeudi, à Bruxelles, suivant les propos du président du Conseil européen, Donald Tusk, suite à un entretien avec Justin Trudeau. Nous exigeons du premier ministre de cesser les manœuvres politiques "poudre aux yeux" et d’être à l’écoute de sa population. Il ferait mieux de rester au Canada et se mettre à consulter la société civile pour mieux comprendre ce qui cloche avec l’AÉCG. Il en va de l’image du premier ministre, qui s’est engagé à gouverner autrement, dans la transparence et en favorisant le débat démocratique.

 

Pierre-Yves Serinet, RQIC

 

 

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