Que cache Agropur ?

Quand les coopératives se «pètent les bretelles» au Sommet international des coopératives ( tenu à Québec au  mois d’octobre) en faisant référence à la force du modèle coopératif au Québec et que l’on s’enorgueillit de l’exemple démocratique que cela représente, le minimum serait que les principaux dirigeants de ces organisations parlent à la presse. Le 18 octobre dernier, La Vie agricole a rejoint l’adjointe de M. Serge Riendeau pour lui demander une entrevue avec le président d’une des plus importantes coopératives québécoises pour échanger sur son départ du conseil d'administration et sur la situation laitière au Québec en ce moment. C’est finalement le département des communications qui a rappelé au journal pour nous dire que M.Riendeau avait choisi de ne pas parler à la presse et qu’il fallait s’en tenir au communiqué émis le 17 octobre dernier. 

Le sentiment du devoir accompli

Dans le cadre de ce communiqué M.Riendeau,, après 25 ans au conseil d’administration d’Agropur, dont près de 15 ans à titre de président de la coopérative, a annoncé son départ à la retraite qui prendra effet le 8 février prochain lors de l’assemblée générale annuelle : « J’ai le sentiment du devoir accompli et je quitte mes fonctions en ayant la certitude que la coopérative est en excellente position pour poursuivre son développement.(…) Pour ma part, je m’y suis investi pleinement afin d’atteindre nos objectifs et de servir nos membres propriétaires pour le plus grand avancement de la coopérative », a-t-il déclaré rappelant qu’au cours de sa présidence, Agropur a vu son chiffre d’affaires croître de 1,8 à 6 milliards de dollars pour joindre le groupe des 20 plus grands transformateurs laitiers au monde. Il y rappelle le développement de la coopérative aux États-Unis et le moratoire sur l’importation de lait diafiltré décidé récemment.

Moratoire tardif sur l'arrêt d'importation de lait diafiltré

Certains diront mieux vaut tard que jamais, mais d’autres diront que la présidence de M. Riendeau aura plutôt été marquée par un modèle clonant le fonctionnement des multinationales que par un modèle au seul intérêt des producteurs. Le moratoire sur l’arrêt d’importation de lait diafiltré, bien qu’une bonne nouvelle, n’a été effectué qu’après que ce soient écoulées des dizaines d’années à copier le modèle d’affaires des multinationales privées. Et tout en se félicitant de l’action d’Agropur de ne plus en importer, le communiqué ne passe aucun message clair aux gouvernements contre cette pratique qui nuit à l’ensemble des producteurs au Québec et au Canada.

Un président silencieux: très mauvaise image pour les coopératives

S’il faut suivre la voie des coopératives qui serait le nouvel évangile du Québec, comment y croire quand le président d’une des plus grosses coopératives de la province refuse de parler à la presse ? Où est la démocratie tant vantée par les coopératives ? Que cache Agropur cette fois-ci ? Est-ce que M.Riendeau  n’aurait toujours pas d’explication sur la déclaration qu’il nous a faite à la dernière assemblée générale annuelle d’Agropur quand il nous disait importer 12 % de lait diafiltré pour ses transformations quand il venait de dire quelques minutes avant, 6 % aux producteurs présents dans la salle ? Si aujourd’hui le moratoire sur l’importation de lait diafiltré est véritablement effectif, que craint-il ? A-t-il peur de nous faire de nouvelles déclarations ambiguës ? Que pensent les membres producteurs d’un président qui craint de parler publiquement de son bilan ? À leur place je me méfierais des décisions qui se prennent en haut lieu. Si l’entente entre les industriels/transformateurs est si acceptable pourquoi ne pas la défendre dans la presse ?

La Vie agricole avait préparé quelques questions pour le président d’Agropur. Nous les publions des fois que celui-ci décide d’y répondre d’ici le mois de février, mois de son départ, ou des fois que le nouveau président soit de personnalité plus communicative !

Questions au président d’Agropur :

1-Pourriez-vous nous spéficier M.Riendeau les raisons de votre départ ?

2-Vous avez déclaré à un autre journal agricole être fier d’avoir pu régler le problème du lait diafiltré, mais l’est-il vraiment ? Les ingrédients laitiers de plus en plus présents dans l’alimentation sonnent-ils la fin du «vrai lait» ?

3-Oui, Agropur, par son moratoire, stoppe le lait diafiltré ( combien de temps ?), mais la classe 6 ne va-t-elle pas appauvrir les producteurs laitiers canadiens et notamment du Québec ?

4-Les fermes laitières du Québec de petites tailles sont-elles appelées à disparaître ?

5-Avec la signature prochaine de l’AECG cela peut être une bonne nouvelle pour les exportations, mais aussi un danger pour les importations. Comment voyez-vous cela ?

6-La gestion de l’offre n’est-elle pas pervertie ? Faut-il pour cela changer la gestion de la gestion de l’offre et redonner du pouvoir au ministre de l'Agriculture face à un syndicat quel qu’il soit de plus en plus puissant ?

 

 

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