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Puits de gaz VS vaches laitières ? Le match !

Québec, le 18 janvier 2011 —— Les agronomes de Nature Québec ont pris la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, madame Nathalie Normandeau, au mot et ont tenté de savoir qui, d’un puits de gaz de schiste en phase d’exploration ou d’une vache laitière, émettait le plus de gaz dans l’atmosphère…Rappelons que madame Normandeau a déclaré récemment « Écoutez, une vache émet plus de CO2 dans l’atmosphère qu’un puits. Je veux dire c’est factuellement prouvé ». Vraiment ?

À partir de l’analyse de 3 puits, sur les 31 qui ont été inspectés et pour lesquels les données sont assez complètes pour faire l’exercice, les agronomes, Jeanne Camirand et Jérémie Vallée, de Nature Québec ont évalué que les fuites observées dans ces trois puits équivalent aux « émanations » de méthane de 107 vaches (voir tableau). Si l’on fait l’extrapolation sur les 600 forages d’exploration de gaz ou de pétrole sur le territoire, avec le même niveau de problématique observé dans les puits réellement inspectés, on pourrait dire, sans se tromper de beaucoup, que les fuites de gaz équivalent à ce qui est émis par un troupeau de plus de 6000 vaches…

Pour Jeanne Camirand, « Il est quand même étonnant que les données transmises au BAPE par le ministère parlent parfois en terme de concentration de méthane sous forme de pourcentage (allant de moins de 1 % jusqu’à 100 % de CH4) et, d’autres fois, en termes de quantité, mais jamais les deux, ce qui aurait permis d’y voir plus clair sur les émissions réelles. Il a donc fallu travailler par recoupement et en établissant des hypothèses de travail ». Ainsi le calcul réalisé l’a été en fonction d’une concentration de 20 % de CH4 dans les fuites de gaz, selon une pression de 101,3 KPa et une température ambiante de 15º C. Ce dernier correctif est utilisé, par exemple, pour calculer les volumes d’essence vendus à la pompe.

Puits Émissions (t CO2e/an) Équivalent en vache
A261 51 14
A266 198 54
A275 146 39

Notes :
Calculé en fonction d’une concentration de 20 % de CH4 dans les fuites de gaz.
Calculé selon une pression de 101,3 KPa et une température ambiante (15º C).
Selon les experts, une vache émet 176 Kg de CH4 par année (fermentation entérique et gestions des fumiers)

Les « rots de vaches » plus dommageables que les « pets »…

Et, fait important, on a considéré qu’une vache émet annuellement 176 kg de méthane par année incluant la fermentation entérique et la gestion des fumiers. « On parle souvent par erreur de « pets de vache », alors qu’on devrait plutôt parler d’éructation ou de « rots » » de poursuivre Jeanne Camirand. « En fait, le processus de digestion des ruminants émet naturellement du méthane, (dont seulement 1 % vient des pets) ».

Il faut comparer les puits avec les puits et les vaches avec les vaches
Après avoir réalisé cet exercice, somme toute amusant, pour vérifier les dires de la ministre, Nature Québec met sérieusement en doute la pertinence de comparer des vaches qui servent à nous nourrir, à des gaz provenant de fuites non prévues, d’une exploitation dont les risques globaux sur l’environnement et la santé sont encore mal connus.

Nature Québec rappelle que le Québec souhaite d’ailleurs réduire ses émissions de 20 % sous le niveau de 1990, pour 2020. Les émissions d’un cheptel de bovins qui est relativement stable peuvent être réduites par l’adoption de certaines pratiques agricoles qui rendent la ferme plus efficace. En est-il de même pour la nouvelle industrie des gaz de schiste qui prévoit, à terme, exploiter plus de 5000 nouveaux puits sur le territoire québécois ?

Pourquoi ne pas utiliser le méthane des vaches ?
La comparaison de la ministre Normandeau n’est peut-être pas si bête que ça. En effet, le méthane de la gestion des fumiers peut servir à produire de l’énergie. Pourquoi chercher plus loin, pourquoi ne pas encourager le développement de cette énergie !

« Pour une ferme laitière de 180 têtes, le coût du système serait de l’ordre de 300 000 $. Cet investissement permettrait de produire de l’électricité pour alimenter 5 maisons (450 kWh électriques par jour) et de la chaleur pouvant remplacer l’équivalent de 100 litres de propane par jour » (http://www.craaq.qc.ca/data/DOCUMENTS/EVC033.pdf).

Source: Mylène Bergeron

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