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Pour être acceptable, le projet d’accord de l’OMC devrait refléter la position canadienne

LONGUEUIL, QC, le 11 févr. /CNW Telbec/ – Tel est le message qu’a lancé Christian Lacasse, président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et porte-parole de la Coalition G05 pour un modèle agricole équitable : la gestion de l’offre. M. Lacasse, qui rencontrait à Genève hier après-midi le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Pascal Lamy – à l’invitation de ce dernier – était à la tête d’une délégation d’agriculteurs québécois et canadiens. L’objectif visait à faire le point sur l’état des négociations sur le commerce agricole à l’OMC, à promouvoir l’exception agricole et à rappeler la position canadienne sur la gestion de l’offre, soit : aucune augmentation de l’accès à son marché du lait, de la volaille et des œufs, ni aucune réduction des tarifs.

Rappelons que M. Lamy presse les États membres de l’OMC de conclure le cycle de Doha en 2011 sur les mêmes bases que ce qui a été proposé en 2008, l’année où ont éclaté les crises alimentaire et financière mondiales. Or, nombre d’observateurs estiment que c’est la déréglementation et le « tout au marché » prônés depuis les années 80, notamment par le Fonds monétaire international (FMI), qui sont à l’origine de ces crises. En ce début de 2011, alors qu’un nouvel épisode de la crise alimentaire semble imminent, le porte-parole de l’UPA juge que les négociations à l’OMC ne tiennent pas compte du nouveau contexte mondial. « Nous devons tous tirer des leçons des crises majeures des dernières années. Mais l’OMC file droit devant, sans remettre en question les orientations qu’elle s’était données au tournant des années 2000, alors que le monde change », a déclaré M. Lacasse.

Pour les États et les grands organismes internationaux comme l’OMC, la sécurité alimentaire des populations doit devenir une priorité. Et pour y arriver, ils doivent impérativement reconnaître la spécificité de l’agriculture et des aliments. Parce qu’elles nourrissent les gens, les denrées agricoles ne sont pas comme n’importe quel autre produit du commerce international. « Comprenons-nous bien : la solution à la crise alimentaire et à la crise des revenus agricoles à l’échelle mondiale dépendra, en grande partie, de ce que les pays membres de l’OMC décideront en matière de commerce agricole international » a plaidé le porte-parole agricole. Il faudrait que le prochain accord tienne compte des crises récentes et préserve la capacité des pays à se nourrir eux-mêmes.

Et si le Canada a choisi de développer la gestion de l’offre sur son territoire, c’est justement parce qu’elle assure l’autonomie et la sécurité alimentaires de sa population, sans aucune subvention de l’État. De plus, ce modèle agricole bénéficie de l’appui politique des provinces et du gouvernement canadien. En 2005, la Chambre des communes adoptait d’ailleurs une motion unanime pour son maintien et sa pérennité.

La position du Canada à l’égard de la gestion de l’offre est d’autant plus justifiée lorsqu’on tient compte des efforts que les pays ont consentis jusqu’ici dans l’ensemble des secteurs de négociations, c’est-à-dire l’accès au marché, le soutien interne (subventions agricoles) et la concurrence à l’exportation (subventions à l’exportation). Le Canada a en effet rempli pleinement ses engagements en matière d’accès aux marchés et de soutien interne pendant que d’autres pays ont continué à soutenir leur agriculture de manière significative, notamment en transférant leurs subventions directes dans d’autres formes de subventions que les règles de l’OMC ne limitent pas. « Un dollar est un dollar. Qu’il soit déclaré vert (permis par l’OMC) ou non. Les agriculteurs canadiens ne peuvent concurrencer les trésors publics étrangers », a conclu M. Lacasse.

L’UPA est une organisation syndicale professionnelle : elle regroupe 43 000 agriculteurs et agricultrices au Québec et fond sa raison d’être et son action sur les valeurs de solidarité, de démocratie, d’équité et d’action collective. Pour plus de précisions : www.upa.qc.ca.

Depuis sa création en 2003, GO5 Coalition pour un modèle agricole équitable, la gestion de l’offre a su rallier 30 000 personnes et organisations qui croient en une agriculture forte et prospère au Québec. Elle vise le maintien de la gestion de l’offre au terme du cycle actuel de négociations à l’OMC. Pour plus de précisions : www.go5quebec.ca

Source: Élianne Hamel

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