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Distinguer nos produits alimentaires

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, M. Pierre Corbeil, a récemment déposé le livre vert pour une politique bioalimentaire. Ce secteur, qui inclut l’agriculture, les pêcheries, la transformation alimentaire et l’alimentation, est stratégique pour le Québec : il se prépare près de 24 millions de repas par jour grâce au secteur bioalimentaire qui emploie 475 000 Québécois.

Le livre vert est un document d’orientation, une proposition du gouvernement soumise à l’examen de l’Assemblée nationale. Il s’inscrit dans la foulée du rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois et a été préparé après plusieurs consultations avec le milieu.

Ce projet place le produit au cœur de la future politique bioalimentaire. Il a donc été bâti autour des besoins du consommateur d’ici et d’ailleurs. Essentiellement, il vise à orienter l’industrie bioalimentaire pour que les produits disponibles répondent à leurs besoins et leurs attentes : qu’ils respectent l’environnement, soient bons pour la santé et favorisent le développement économique du Québec. Pour y parvenir, trois orientations ont été retenues : distinguer les produits alimentaires québécois, renforcer la capacité concurrentielle des entreprises bioalimentaires québécoises et valoriser l’environnement et le territoire.

Attardons-nous à la première de ces orientations. Ce que nous recherchons ici, c’est que les réseaux de commercialisation et le consommateur, d’ici et d’ailleurs, développent un préjugé favorable envers les produits alimentaires fabriqués au Québec. Pour ce faire, il est essentiel que le consommateur puisse identifier, reconnaître et demander nos produits lorsqu’il fait son marché ou lorsqu’il va au restaurant.

Cette volonté de distinguer nos produits alimentaires – la première orientation proposée par le livre vert – consiste à intensifier des initiatives déjà entreprises en ce sens par l’industrie ou le gouvernement du Québec et qui ont généré d’excellents résultats.

En plus de renforcer de telles initiatives, le livre vert prévoit, comme premier objectif en vue de distinguer nos produits alimentaires, d’établir d’abord les caractéristiques propres aux produits du Québec, puis de les mettre en valeur. Ces caractéristiques possibles, susceptibles de donner une valeur ajoutée à nos produits, sont multiples et variées. Par exemple, nos produits répondent à des normes sévères de salubrité et ils sont produits avec des exigences environnementales parmi les plus élevées au monde.

Le Québec a d’ailleurs été un précurseur en Amérique du Nord dans le domaine des appellations, spécialement pour le biologique. Il faut poursuivre nos actions en développant et en maintenant des systèmes de reconnaissance, de certification, de surveillance et d’information qui permettront à nos entreprises bioalimentaires d’utiliser une appellation pour leurs produits et ainsi, de les distinguer par leur origine ou leur qualité. Le but est de développer un préjugé favorable envers les produits fabriqués au Québec. Nous avons tout avantage à faire valoir ces atouts. La campagne « Aliments du Québec : toujours le bon choix! » va d’ailleurs dans ce sens.

Le livre vert propose deux autres objectifs liés à la distinction de nos produits. Le deuxième est de soutenir une offre d’aliments sains et sécuritaires, car cela fait l’objet d’une préoccupation constante chez les Québécois. C’est ce qu’a montré un sondage SOM mené au Québec en 2009 : pour les deux tiers des personnes interrogées, la salubrité et la qualité des aliments devraient être des priorités gouvernementales concernant l’industrie bioalimentaire.

Pour atteindre cet objectif, la future politique renforcera les mécanismes de sécurité des produits alimentaires et l’implantation de la traçabilité des aliments de la terre ou de la mer à la table, en plus d’assurer la mise en œuvre de programmes d’assurance qualité adaptés aux différents secteurs de l’industrie.

Enfin, le troisième objectif est de promouvoir les produits québécois sur les marchés d’ici et d’ailleurs. Pour cela, nous privilégierons notamment la mise en vedette de nos produits dans les établissements alimentaires, l’appui au développement de circuits courts de commercialisation, y compris l’agrotourisme, et nous renforcerons l’image de marque des produits de chez nous sur les marchés extérieurs.

En outre, il est important de préciser que ces intentions visent l’ensemble des entreprises bioalimentaires québécoises, quels que soient leur taille et leurs créneaux de produit. Ainsi, les productions considérées jusqu’ici comme marginales ou non traditionnelles, ou encore au potentiel sous-exploité, devraient bénéficier d’un appui pour leur développement dans la mesure où les entreprises les produisant offriront une perspective de rentabilité. Elles profiteront alors à l’ensemble du Québec, et particulièrement aux régions où elles se font, pouvant même créer là un véritable effet de levier.

Depuis 2008, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) soutient déjà certains secteurs en émergence comme les produits biologiques, les productions serricoles, l’horticulture ornementale et les boissons alcooliques artisanales. Les efforts proposés par le livre vert que nous venons de résumer pourront s’appliquer à de telles productions.

Nos entrepreneurs et nos entreprises savent comment réaliser des produits de grande qualité, qui peuvent se distinguer. Ce que le projet de politique propose, c’est une orientation bien définie et globale pour aider tous les acteurs de l’industrie à faire connaître et reconnaître les caractéristiques distinctives de leurs produits. Une telle image de marque est aujourd’hui essentielle au succès de la filière bioalimentaire, et le livre vert nous y convie, pour des ventes accrues et la prospérité de l’ensemble du Québec.

Source: Hélène Bourret

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