13 mars 2012, St-Hyacinthe. «N’en jetez plus, la cour est pleine». C’est dans ces mots que s’exprime Benoit Girouard, président de l’Union paysanne, en regard du dossier de l’abattoir Colbex qu’il suit depuis son début. Les derniers mois ont permis de mettre en lumière ce qui s’apparente à l’un des plus importants fouillis agricoles des 10 dernières années et dont l’issue n’est pas encore connue.
À la lumière de la longue suite illogique d’évènements pour le moins étranges autour de l’abattoir, l’Union paysanne en arrive aujourd’hui à demander au ministre Corbeil de déclencher dans les plus brefs délais une enquête publique sur tout ce qui concerne l’abattoir Colbex-Levinoff. Rappelons que cet abattoir accueille en quasi-monopole les vaches de réforme du Québec, c’est-à-dire essentiellement les vaches laitières qui sont retirées de la production de lait.
Si le projet même d’acquisition de l’abattoir en 2004 par la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ) constituait une énigme pour les fonctionnaires et les économistes, et bien le mystère, tout en s’éclaircissant un peu, comporte d’importantes zones d’ombres où les jeux de coulisse semblent régner.
•Que ce soit par les avis nombreux et défavorables de fonctionnaires provenant de différents ministères quant à l’implication du gouvernement dans le montage financier de la Fédération, ce qui n’a pas empêché l’ex-ministre Françoise Gauthier, contre leur avis, de signer cette entente.
•Que ce soit par le montant de la vente qui dépasse de 6 fois le coût d’un abattoir neuf, tel que mentionné dès le début du dossier par de nombreux experts.
•Que ce soit par le peu de garantie demandée par la Régie des marchés agricoles pour exempter la FPBQ de l’application des articles 60 et 128 de la loi sur la mise en marché des produits agricoles dans un dossier qui aurait dû en demander beaucoup en raison de la position dominante dans le marché confié à la Fédération.
•Que ce soit par la non-intervention de la Régie des marchés lors de la vente des 20% d’actifs restant des frères Cola à la FPBQ et qui n’a jamais été soumis au vote des producteurs de bovins du Québec, les vrais détenteurs des actifs et surtout…..des dettes de l’abattoir Colbex.
•Que ce soit par la mauvaise gestion globale du dossier par ses différents acteurs qui ont mené une entreprise privée rentable à une faillite technique qui retombera sur les producteurs de bovins du Québec dont les coûts sont encore inconnus.
Le ministre et son gouvernement ont donc une responsabilité envers les producteurs de bovins pris dans l’échafaudage nébuleux de leur fédération et qui, en raison du monopole de l’UPA, n’ont pas d’outils pour se défendre et faire valoir leurs droits.
Mais ce qui commande surtout cette enquête publique… c’est l’intérêt des producteurs de bovins du Québec, car pour l’instant depuis le début de cette saga, les intérêts de la FPBQ et de l’UPA ont passé en premier.
Pour Information :
Benoit Girouard, président Union paysanne