Site icon LA VIE AGRICOLE / LVATV.CA

Selon une récente étude, l’industrie canadienne du bœuf serait sur le point de basculer

OTTAWA, le 10 sept.
2012 /CNW/ – Une nouvelle étude publiée par l'Institut canadien des
politiques agro-alimentaires (ICPA) révèle que l'industrie canadienne du bœuf
est dans un état d'extrême précarité et que des mesures correctrices s'imposent
pour que les producteurs et les intervenants de ce secteur puissent en tirer le
maximum d'avantages, et que cette industrie devienne un fournisseur fiable face
aux attentes croissantes d'un monde en quête de ce type de protéines.  

« L'industrie  canadienne du bœuf accuse du retard et les occasions
s'effritent à cause d'un manque de collaboration, » d'affirmer David McInnes,
Président et chef de la direction de l'ICPA. « Les données et les entrevues
démontrent que notre industrie du bœuf est dépourvue d'une stratégie globale lui
permettant de répondre aux défis et de profiter des occasions importantes qui
s'ouvrent à elle. »

L'étude fait valoir que le Canada, malgré tous
ses avantages liés à sa situation géographique, à la qualité et à sa capacité de
production, risque de devenir un importateur net de bœuf. Le cycle bovin connaît
présentement une baisse de production et il n'existe aucune stratégie évidente
pour récupérer une part intéressante du marché intérieur.

À l'exportation, l'industrie canadienne compte de façon indue sur un seul
marché, les USA, marché qui compte pour 85% du commerce canadien du bœuf et du
bovin. La bonne nouvelle est que les USA génèrent pour $1.8 milliard des ventes
totales canadiennes (des exportations de près de $1 milliard de bœuf et $800
millions de bovins). La mauvaise nouvelle est que le Canada « remblaye » le marché des USA, c'est à dire
qu'en tirant partie de l'approvisionnement canadien en bovins et bœuf,
l'industrie du bœuf américaine augmente ses propres exportations et profite de
marges de profit et de valeurs supérieures. Et l'industrie canadienne ne semble
guère se soucier de cet état de chose.

Mais l'étude précise qu'il ne faut pas blâmer le gouvernement. Quand les
producteurs bovins et l'industrie du bœuf ont eu besoin de soutien, comme ce fut
le cas après la crise de ESB, les gouvernements fédéral et provinciaux ont
répondu à l'appel. Et le gouvernement canadien fait un travail admirable en
ouvrant de nouveaux marchés étrangers mais malgré tout, l'industrie du bœuf n'en
fait pas suffisamment pour augmenter les ventes, améliorer les prix et augmenter
les marges de profit. L'industrie devra ultimement se doter d'une stratégie. Les
gouvernements peuvent ensuite soutenir l'élaboration de véritables stratégies et
axer leur appui financier sur les priorités qui en découlent. 

« Dans le secteur du bœuf, un regain d'intérêt semble maintenant se
manifester quant à la nécessité d'adopter une nouvelle approche, » de dire
McInnes. « On réalise de plus en plus que nous ne pouvons optimiser les marchés
intérieur, américain et étrangers au rythme où nous exportons le bœuf et les
bovins aux USA. Ou bien nous acceptons de demeurer un fournisseur de
« remblayage » au marché américain – avec ses conséquences et avantages – ou
nous prenons une décision stratégique déterminante concernant les marchés où
nous pouvons performer à notre pleine mesure. Cela suppose d'augmenter la part
du bœuf canadien dans notre marché intérieur, de prendre plein avantage des
marchés étrangers clés de grande importance, et de tirer encore plus de valeur
de l'important marché américain. » 

L'étude a aussi souligné que la réponse aux désirs du consommateur est
insuffisante.   De nos jours, les consommateurs veulent plus d'information, y
compris plus de renseignements sur les pratiques de production, la valeur
nutritive  ainsi que son empreinte écologique.  Pourtant, l'industrie canadienne
du bœuf n'arrive pas à bien faire passer un message qui réponde aux enjeux et
préoccupations ou encourage la consommation de bœuf.

Le rapport de l'ICPA trace un plan directeur qui remettra l'industrie
canadienne sur la voie d'un succès progressif.  Le rapport invite l'industrie à
se doter d'une stratégie complète et solide, basée sur l'implication active de
tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement du bœuf.  Le rapport  déclare
que l'information – y compris de l'information sur le commerce, la production et
la qualité qui transite aisément des producteurs aux transformateurs, des
détaillants aux consommateurs, et de l'information qui différencie le bœuf
canadien de la concurrence étrangère -  et peut ainsi jouer un rôle important 
dans l'élaboration d'une stratégie. Le rapport de l'ICPA met aussi l'accent sur
l'importance d'impliquer d'autres intervenants du système alimentaire tels ceux
des milieux de la santé, de l'environnement, de la recherche, de l'innovation et
autres afin d'aider à répondre aux besoins du consommateur.  Enfin, le rapport
précise qu'il faudra des champions pour mener à terme une stratégie réussie, des
gens qui mobiliseront les acteurs clés et établiront des objectifs précis.

« Par le passé, face aux défis, l'industrie canadienne du bœuf a su se
rallier, collaborer et les relever avec vigueur, » de conclure McInnes.  « Notre
rapport prétend, et plusieurs intervenants clés abondent dans ce sens,  qu'à
l'aide d'une solide stratégie, d'un engagement à travailler ensemble et d'une
discipline d'exécution efficace – l'industrie canadienne du bœuf saura, encore
une fois, être à la hauteur et livrer les avantages attendus des producteurs,
des intervenants et des consommateurs au Canada
et à l'étranger.  L'industrie doit visualiser ce qui est de l'ordre du possible
pour ensuite concevoir une stratégie qui lui permettra de se rendre à
destination. »

L'ICPA a interviewé plus de 80 intervenants du secteur du bœuf  et d'autres
secteurs connexes  à l'automne de 2011.  Il a aussi mené une importante campagne
de consultation en 2012.  L'ICPA a pu entreprendre cette étude grâce au
financement de la Alberta Livestock and Meat Agency (ALMA), de la Banque Royale
du Canada (RBC) et du Saskatchewan Ministry of
Agriculture.

L'Institut canadien des politiques agro-alimentaires (ICPA) est un forum
indépendant et impartial qui œuvre pour la réussite du secteur agricole et
agroalimentaire canadien. L'ICPA est un catalyseur. Il identifie les nouveaux
enjeux, favorise le dialogue et présente des options de solutions aux enjeux de
concert avec les intervenants des diverses chaînes d'approvisionnement
agroalimentaires ainsi qu'avec d'autres intervenants du milieu alimentaire.
L'ICPA, dont le siège social est situé à Ottawa,
a été constitué en société sans but lucratif en 2004 par le gouvernement fédéral
et est dirigé par un conseil d'administration, dont les membres sont issus de
divers milieux, appuyé par un comité consultatif.

 

Données clés du rapport de l'ICPA

1. Importance du secteur du bœuf L'industrie canadienne du bœuf génère $6 milliards en
ventes à la ferme (2011), soit quelque 15% de la valeur de la production
agricole.
2. Balance commerciale du bœuf à la baisse En 2011, la balance commerciale du Canada, en termes de valeur, était de $42 millions,
alors qu'elle était de $1,4 milliard en 2002.
3. Approvisionnement intérieur du bœuf Le Canada fournit quelque
75% du bœuf dans son propre marché.  Ce chiffre est moindre que les 87% de 2005
à cause de la hausse des importations provenant des USA.
4. Différences de la valeur du commerce du bœuf

Canada – USA
Les exportations de bœuf du Canada vers les USA comptent pour seulement 60% de la
valeur du bœuf exporté des USA vers le Canada. En
2011, les exportations de bœuf du Canada vers les
USA se chiffraient à une moyenne de $3,74/kg, alors
que le prix moyen des importations des USA était de $6,55/kg.  
5. Exportations de bœuf des USA ailleurs qu'au Canada vs. Exportations de bœuf du Canada ailleurs qu'aux USA Les exportations de bœuf des USA ailleurs qu'au Canada sont en hausse de 280% depuis 2005, alors que
les exportations du Canada ailleurs qu'aux USA
sont en hausse de 45%.  Depuis 2002, les exportations du Canada ailleurs qu'aux USA étaient en baisse de 3,5%
alors que l'industrie du bœuf des USA a augmenté de 51% ses exportations vers
les marchés internationaux (excluant les envois au Canada).
6. Importance du marché américain En moyenne, 85% des exportations de bœuf et de bovins
sur pied sont destinés à un seul marché, celui des USA.  Pour une moyenne
quinquennale (2007-2011), les ventes canadiennes de bœuf et bovins  aux USA se
chiffraient à quelque $2,2 milliards (pour un total
combiné de $1,8 milliard en 2011).
7. Diversification des marchés d'exportation
En 2011, 74% des exportations de bœuf du Canada allaient vers les USA, ce qui représente 72% de
la valeur totale des exportations de bœuf canadiennes.  En 2002, 78% des
exportations de bœuf  (quantité) du Canada
allaient vers les USA, soit 83% de la valeur totale.
8. Cheptel bovin du Canada Le cheptel bovin du Canada a diminué de 1 million de têtes, soit 20% depuis
2005. 
9. Consommation de bœuf  (Canada) La consommation per capita a baissé de 10,7% depuis
2001 et se chiffre maintenant à 27,5 kg/per capita
(en carcasse équivalente).  La consommation de porc sur la même période a baissé
de 28% alors que celle de la volaille (poulet, poule et dinde) a augmenté de
3,4%.
10. Consommation de bœuf (mondiale)

La consommation globale de volaille a augmenté de
10,3% au cours des trois dernières années (2008-2011) alors que celle du bœuf a
baissé de 3,5%.  Parmi les pays de l'OCDE, la consommation du bœuf est à la
baisse.  Mais dans les pays non membres de l'OCDE, cette consommation est à la
hausse. 

SOURCE : Institut canadien des politiques agro-alimentaires

Renseignements :

David McInnes
Président et chef de la direction Institut canadien des
politiques agro-alimentaires

Quitter la version mobile