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La face cachée de la viande

Yan Turmine

À regarder la bande annonce de l’émission “La face cachée de la viande“, produite par les productions J (Julie Snyder), on risque de jaser fort dans les campagnes lorsque que l’émission passera sur nos écrans. Cette émission fera la promotion du végétarisme, par des témoignages de personnalités, des affirmations et images-chocs contre la consommation de viande.

La bande annonce et certains extraits disponibles sur internet laissent entrevoir ce que sera le contenu de l’émission. On y fait la promotion du végétarisme non seulement pour des raisons de santé, mais beaucoup plus parce que l’on humanise les animaux et qu’il devient alors inacceptable de les tuer pour les manger. Il est alors facile de trouver des images d’animaux d’élevage maltraités, martyrisés afin d’associer ces mêmes images à notre consommation inacceptable de viande. N’oublions pas que pour beaucoup de monde la connaissance des animaux d’élevage passe par le cinéma ou le petit écran. Le cinéma projette plus une image humaniste des animaux (le film Babe par exemple) alors que la réalité est un peu plus « dure » : Un porc est élevé pour être tué et mangé. On abreuve nos enfants de films d’animation qui donnent des rôles humains aux animaux, même les lions deviennent gentils et végétariens.

Pour beaucoup de gens, leur viande provient de l’épicerie, sans réellement réaliser comment les animaux à l’origine ont été élevés et tués Cet état de fait s’explique en partie par l’urbanisation qui a coupé pour une très grande majorité de la population l’accès direct à la campagne. La connaissance des modes de production et d’élevage pour les citadins se fait donc par personne interposée, soit par les médias, mais aussi par l’industrie qui vend les produits de consommation. L’industrie (production et distribution) a souvent aussi donné une image bucolique à la production agricole, afin de plaire au consommateur. Cette image a cependant éloigné plus le consommateur de la réalité de l’élevage et de la transformation.

Cette volonté de l’industrie de cacher ou plutôt de camoufler la réalité de l’élevage à permis à des groupes extrémistes tels PITA aux États-Unis de dire n’importe quoi et de faire un tort considérable à l’élevage. Par exemple la Californie a interdit le gavage de canard, pourtant principal état pour la production de foie gras aux États-Unis. Dernièrement j’étais en visite en Turquie, avec des collègues nous somme allés manger dans un « St-Hubert » turc. Dans ce restaurant, propriété d’un grand industriel impliqué dans l’élevage et l’abattage de volailles, il y a des écrans géants qui font voir toutes les étapes de l’élevage, de l’abattage, jusqu’à la valorisation des fumiers faits par cette entreprise. De plus les napperons du restaurant reprennent de façon humoristique toutes les étapes de la production : du poussin à la table du restaurant. On est loin ici de l’image bucolique du fermier avec son chapeau de paille qui nourrit à la main ses poulets dans un pré fleuri. À voir le succès de cette entreprise, il faut croire que son choix marketing n’est pas si nuisible.

Il est important d’éduquer nos consommateurs, et non pas de les endormir avec des contes. À ce titre les portes ouvertes de l’UPA sont un pas dans la bonne direction. L’industrie doit aussi mettre la main à la patte, par un marketing un peu plus réaliste. Comment condamner ou corriger les faits d’une émission qui présente faussement l’élevage de façon diabolique quand l’on a nous-mêmes présenté faussement l’élevage de façon bucolique.

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