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Un pour tous ou tous pour un… et chacun son syndicat ! Jean Garon

Afin de préparer l’avenir de l’agriculture au Québec, il va falloir regarder ce que nous avons fait dans le passé et les résultats que cela a donnés.

Après la crise des années 1930 et suivantes, le monde agricole québécois a favorisé l’entraide et la solidarité pour appuyer la ferme familiale indépendante. Pour atteindre les objectifs, les gens du milieu agricole ont choisi le syndicat et la coopérative, dont les rôles ont bien changé depuis.

Pourquoi? Parce que le capitalisme est en modèle économique qui est en train de revoir ses règles de fonctionnement. Les dirigeants d’entreprises ne semblent plus avoir de limite dans leur rémunération: ils prennent une part de plus en plus imposante pour eux-mêmes. De plus en plus, on observe un vent de gloutonnerie qui souffle sur le monde capitaliste: Les dirigeants et les membres des conseils d’administration ne semblent ressentir aucune gêne à s’accaparer une part de plus en plus excessive de la rémunération payée par leur entreprise.

Les grandes institutions subissent aussi ces assauts: les salaires et avantages corporatifs des dirigeants semblant atteindre des sommets considérablement plus élevés que par le passé. Même les dirigeants des coopératives et des caisses populaires ne font pas exception à cette voracité. Le néo-capitalisme libéral est à l’oeuvre au détriment de la solidarité sociale.

Les agriculteurs et les éleveurs du Québec vont devoir s’affirmer: dire quelle sorte de syndicat ils veulent mettre en place et comment ils doivent faire en sorte de préciser quelle structure syndicale ils privilégient ou s’il doit y avoir des syndicats différents, selon le statut des agriculteurs:

o la ferme familiale indépendante et efficace

o le producteur intégré

o les producteurs coopératifs, etc.

Chacun son syndicat avec des membres qui ont les mêmes intérêts, est-ce l’avenir ? Un syndicat agricole ne peut défendre à la fois un producteur indépendant et un producteur intégré. Ce sont deux réalités dont les définitions juridiques sont différentes.

Ambiguïté fondamentale sur le plan syndical

À la suite de la crise des années suivant 1930, le monde agroalimentaire du Québec a choisi un modèle basé sur la ferme familiale indépendante et efficace. Quand on veut mettre dans le même syndicat des producteurs indépendants, des producteurs intégrés par une coopérative où ils sont devenus à toutes fins pratiques des employés alors qu’ils devraient être les patrons de la coopérative, on crée un syndicat qui ne sait plus qui il défend et c’est une ambiguïté fondamentale.

Quand le gouvernement (l’ASRA) reconnaît les producteurs indépendants, les producteurs intégrés et les intégrateurs privés ou coopératifs sur le même pied, il y a une erreur fondamentale car les intégrateurs privés et coopératifs sont en réalité des fournisseurs de céréales, sinon des commerçants professionnels de céréales. Ce ne sont pas des bandits, mais des regroupements agricoles dont les membres ont des intérêts différents qui les définissent. On ne peut pas faire l’autruche et nier que les intérêts des uns et des autres ne sont pas les mêmes, souvent en opposition les uns avec les autres.

On ne peut pas traiter l’agriculteur indépendant et les commerçants privés ou coopératifs comme s’ils avaient des intérêts identiques alors qu’ils sont différents.

Doit-on payer des prestations d’assurances aux intégrateurs et aux producteurs indépendants à partir d’une même caisse d’assurances? Le gouvernement du Québec est le plus endetté des États américains et des provinces canadiennes de l’Amérique du Nord. Ne devrait-il pas mieux cibler ses choix et les endroits où les fonds publics devraient être affectés?

Dans quel Etat les fonds publics sont utilisés pour assurer les commerçants professionnels? Il faut y réfléchir !

Comment peut-on justifier que l’État du Québec accepte de verser des millions de dollars aux intégrateurs et des milliers de dollars aux producteurs indépendants et intégrés?

Quelle autre catégorie de commerçants professionnels que les intégrateurs pourraient recevoir de telles sommes d’argent en compensation du Gouvernement du Québec?


Pour rejoindre Jean Garon: jeanrgaron@videotron.ca

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