MONTRÉAL, le 29 nov. 2012 /CNW Telbec/ – Dans un deuxième rapport sur le phénomène d’accaparement des terres agricoles rendu public aujourd’hui, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) propose la création d’une Société d’aménagement et de développement agricole du Québec (SADAQ) comme réponse à l’intérêt croissant des investisseurs privés pour notre patrimoine agricole.
« Le Québec dispose de tous les moyens nécessaires pour mettre de l’avant un dispositif comme la SADAQ. En phase avec l’histoire des institutions québécoises et profondément ancrée dans un modèle agricole qui a fait ses preuves, cette Société aurait les atouts nécessaires pour appuyer le développement de notre agriculture », a déclaré M. Robert Laplante, directeur de l’IRÉC.
« Nos lois et règlements actuels visant à protéger le territoire agricole ne suffiront pas à stopper un phénomène mondial comme l’accaparement des terres. Le Québec n’est pas isolé du reste du monde et plusieurs acteurs financiers privés se positionnent déjà dans le marché des actifs fonciers québécois. Il faut agir maintenant », a pour sa part commenté le président général de l’Union des producteurs agricoles, M. Marcel Groleau.
Un premier rapport qui secoue le monde agroalimentaire québécois
Rappelons qu’un premier rapport de l’IRÉC, en avril dernier, apportait un éclairage saisissant sur le phénomène d’accaparement des terres agricoles en identifiant, notamment, les pratiques spéculatives de plusieurs acteurs financiers comme un des facteurs pouvant expliquer cette explosion de transactions foncières dans le monde.
Ainsi, la crise financière de 2008 aurait généré les conditions pour une véritable « ruée » vers les terres, considérée comme une valeur refuge par les gestionnaires de fonds en temps de crise. Là se situe l’origine véritable du phénomène et c’est de cette façon que le Québec sera éventuellement entraîné dans la tourmente si rien n’est fait, plusieurs acteurs financiers privés se positionnant déjà dans le marché des actifs fonciers au Québec. Des sociétés de gestion de portefeuille ont d’ores et déjà commencé à acquérir des fermes et des terres à un rythme qui pourrait bien s’accélérer au cours des prochaines années.
Un deuxième rapport proposant une réponse institutionnelle forte : la SADAQ
Dans son deuxième rapport, l’IRÉC confirme que la financiarisation du secteur agricole est susceptible d’entraîner des conséquences de longue portée sur le modèle agricole québécois. La dévitalisation des communautés, la réduction du métier de producteur à des
tâches d’exécution, la marginalisation des fermes de petite et moyenne tailles et l’hyperspécialisation des productions constituent autant d’effets néfastes pour un modèle d’agriculture qui a jusqu’ici conjugué économie et choix d’occupation du territoire.
Devant de telles menaces, le laisser-faire ne peut être une politique. Des expériences étrangères, notamment le modèle français des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), ont prouvé leur efficacité et peuvent inspirer. La situation actuelle requiert une réponse cohérente et novatrice visant à défendre l’agriculture de métier, à soutenir la relève québécoise, à mettre en valeur le domaine agricole et à accompagner les communautés dans leurs choix de développement.
Pour l’IRÉC, la création d’une SADAQ se veut la pierre d’assise d’une réponse institutionnelle forte. « Sa mise en place doterait la politique agricole québécoise d’un puissant instrument d’acquisition et de transfert d’établissements, permettant à la fois de freiner la spéculation foncière, de rétribuer correctement les agriculteurs qui vendent leurs fermes au moment du départ à la retraite, de favoriser l’installation d’une relève axée sur l’agriculture de métier et de maintenir la structure d’occupation du territoire », a ajouté M. François L’Italien, chercheur à l’IRÉC et coauteur du rapport.
Pour l’Union des producteurs agricoles, le deuxième rapport de l’IRÉC sur le phénomène d’accaparement des terres agricoles tombe à point. « Le gouvernement du Québec nous convie à l’adoption d’une première politique québécoise de souveraineté alimentaire. Il s’agit d’un projet emballant et nous y adhérons pleinement. Mais il ne peut se réaliser si nous passons d’une agriculture de propriétaires à une agriculture de locataires », a mentionné Marcel Groleau.
« Les jeunes de la relève sont optimistes et fortement motivés, car le secteur agricole offre de belles perspectives d’avenir, en raison notamment d’une demande mondiale toujours croissante. Mais la hausse exorbitante de la valeur des terres qu’entraîne la spéculation est un frein réel à l’établissement et nous perdrons rapidement des joueurs si le Québec ne s’attaque pas rapidement au phénomène d’accaparement », a continué le président de la Fédération de la relève agricole du Québec, M. Alain Audet.
Le deuxième rapport de l’IRÉC est disponible à la page http://www.irec.net/upload/File/sadaqnovembre2012.pdf
Source :
Éliane Hamel
Directrice, Service des communications
Union des producteurs agricoles