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Agricultrice menacée d’expropriation à cause d’un site archéologique



Par Jean-Pierre Lemieux

Comme moyen d’écarter une menace d’expropriation, une agricultrice de Saint-Anicet a confié à un avocat le mandat de négocier un nouveau bail de location d’une parcelle de sa terre qui est présentement exploitée comme centre d’interprétation autochtone par la MRC du Haut Saint-Laurent.

Mme France Droulers de la ferme Biophile avait décidé de mettre fin à ce bail de location (non renouvelable, échéance en 2017) consenti par son frère en 1997. Elle n’était pas intéressée non plus à vendre cette partie de sa terre. Lasse de toutes ces tracasseries qui durent depuis quatre ans, Mme Droulers estime que la MRC abuse de ses droits à l’expropriation.

Site archéologique

La parcelle de terrain en question est un centre d’interprétation construit autour d’un site archéologique iroquois. « On y retrouve les vestiges du plus important village iroquoien jamais mis au jour au Québec. Vers 1450, environ cinq cents Iroquoiens du Saint-Laurent ont aménagé un village le long de la rivière La Guerre dans l’actuelle municipalité de Saint-Anicet. » (http://www.sitedroulers.ca)

Au cours d’une conversation téléphonique Mme Droulers a précisé que le site même des fouilles est protégé, la présence d’un centre d’interprétation n’y change rien. Mme Droulers a mis en doute les prétentions de la MRC au sujet des 15 000 visiteurs annuels.

Ministère de la Culture

Les fouilles sur le site sont terminées. « Toutes ces tracasseries n’aident pas l’archéologie » fait remarquer Mme Droulers. Le site a été découvert par son père, François. En sachant tout ce que cela peut comporter comme tracas, un agriculteur qui trouve un artefact en labourant ses champs y pensera peut-être à deux fois avant de faire connaître sa découverte comme il est obligé de le faire.

Mme Droulers a réclamé l’aide du ministère de la Culture mais sans résultat. Dans une lettre adressée au ministre Maka Kotto, Mme Droulers fait remarquer que le ministère devrait se préoccuper de l’accueil que recevront les archéologues si le propriétaire du terrain sait qu’il risque l’expropriation.

Député Billette

Lors d’une entrevue téléphonique, le député d’Huntington, circonscription où se trouve la ferme de Mme Droulers, a dit ne pas vouloir intervenir dans le dossier. Le libéral Stéphane Billette, un agriculteur lui-même, se dit prêt à jouer le rôle de « facilitateur ». À sa connaissance il y a eu une offre d’achat mais dit ne pas vouloir intervenir autrement qu’en mettant les gens en contact.

Commission de protection du territoire agricole

Mme Droulers dit avoir obtenu l’assurance de l’appui de l’UPA de sa région pour se défendre si la MRC allait de l’avant avec l’expropriation. Quoiqu’il en soit, parler d’exproprier une partie ou la totalité de la ferme, c’est parler de beaucoup d’argent comparer à la location de l’espace occupé par le centre d’interprétation actuel.

Dans une décision en 1996, la Commission de protection du territoire agricole avait permis l’établissement du site archéologique estimant que cela « nuirait peu à la pratique de l’agriculture » et n’aurait pas d’effet d’entraînement à cause du caractère unique du site. Des changements à la situation actuelle nécessiterait sans doute un retour devant la CPTAQ.

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