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Dire non au mirage d’une entente Canada-Europe

Le Globe and Mail rappelait dernièrement que le Canada était en pleine négociation avec l’Europe pour conclure un traité de libre-échange. Un des points centraux de ce traité est entre autres le commerce agricole, plus particulièrement, l’accès du porc et du bœuf canadien au marché européen en échange de l’accès du fromage européen au marché canadien. Le National Post affirmait quant à lui que sans être imminente, l’entente était techniquement ficelée mais qu’on attendait l’approbation politique qui elle semble plus difficile à obtenir.

Washington surveille de près cette entente afin de voir quelle en serait la portée réelle notamment en ce qui concerne l’impact de l’accès du porc et du bœuf canadien au marché européen.

Plusieurs analystes disent que cette entente n’est que le prélude à une entente USA-Europe. Certains pensent même que si le Canada traînait à signer une telle entente, il pourrait se faire damer le pion par une entente entre les États-Unis et l’Europe, ce qui affaiblirait beaucoup la position du Canada.

En promettant des jours meilleurs aux producteurs de porcs et de bœufs en échange de sacrifices pour les producteurs de lait, cette entente risque de mettre à l’épreuve la solidarité entre producteurs.

Cette entente pourrait non seulement faire une brèche majeure dans le système de gestion de l’offre, mais aussi risquer d’opposer deux réalités agricoles. Nous observons d’un côté des fermes familiales qui prospèrent grâce à une politique agricole efficace que l’on appelle la gestion de l’offre, et de l’autre côté, des fermes de moins en moins familiales dont les productions de porc et de bœuf sont de plus en plus intégrées et encadrées par des politiques agricoles qui les laissent à la merci des marchés internationaux.

Demandez à un producteur de porcs s’il est d’accord avec cette entente Canada–Europe : Fort probable qu’il le soit. Il a tout à y gagner. Demandez à un producteur de lait s’il est en faveur d’une telle entente, il y a fort à parier que non. Il a tout à y perdre. De beaux débats en perspective qui risquent de mettre en péril l’unité chez les producteurs. Des enjeux qui profiteront à d’habiles politiciens, dont l’agenda politique, est loin des questions agricoles.

Le Canada et le Québec ont pu préserver leur agriculture grâce à des structures et à des politiques telles que la gestion de l’offre, la commission canadienne du blé, l’assurance stabilisation. Ces politiques ont par le passé assuré une prospérité pour toutes les productions et permettaient un nivellement vers le haut. L’effondrement de ces dernières dans plusieurs productions (tel le porc) ouvre une brèche dans la protection de notre agriculture en générale et risque d’entrainer un nivellement vers le bas pour tous.
Ce genre d’entente de libre-échange est long à signer. Son application encore plus. Ce qui laisse du temps pour que nos gouvernements puissent mettre en place de nouvelles politiques agricoles qui ramèneront la prospérité dans la grande majorité des productions. C’est alors que les producteurs de porcs ou de bœufs pourront dire non au mirage d’une entente Canada-Europe. S’éloigner de cette entente nécessitera de la solidarité, des concessions et sera un test pour le modèle syndical de l’UPA. Yan Turmine

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