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La colère gronde

par Jean-Pierre Lemieux
Il n'y a pas que l'eau d'érable qui va bouillir ce printemps. S'il y a un « printemps érable » cette année, il se pourrait bien qu'il soit vraiment érable. Un groupe d'irréductibles beaucerons prenant leçons des étudiants « carrés rouges » de l'an dernier et, plus récemment, du mouvement « Idle no more », voudrait bien canaliser la grogne et la colère qui couvent dans le monde agricole québécois.
À Saint-Éphrem le 5 mars dernier, MM. Léo Doyon et Yves Roy, ex-acériculteurs, ont commencé la mobilisation. Peu d'acériculteurs s'étaient déplacés « c'est normal, nous allons faire plusieurs petites réunions pour expliquer et répondre aux questions du plus grand nombre possible » d'expliquer M. Doyon rencontré sur place.
Bloquer le pont Pierre-Laporte ?
« Si vous voulez qu'on gagne de quoi, on s'en va aux Chutes de la Chaudière » a-t-il lancé. Il parle des Chutes de la Chaudière comme du lieu de rassemblement d'une grande manifestation qui utiliserait le pont Laporte pour aller à Québec et attirer l'attention.
Il a bien vu que d'autres producteurs dans bien des domaines sont aux prises avec le même genre de problème. En décembre, La Vie agricole publiait une entrevue avec des membres du Comité de transparence du Comité de mise en marché des bovins qui réclamaient, sans succès, une enquête de la police dans le dossier de l'abattoir Levinoff-Colbex. L'Association de défense des producteurs de bovins s'adresse à la Régie des marchés agricoles dans le même dossier. Des producteurs de porcs poursuivent la Financière agricole. Le Conseil des entreprises agricoles veut la fin du monopole de l'UPA. M. Doyon les invite tous à se mobiliser ce printemps
Leur colère est attisée aussi par l'attitude et le rôle joué par des institutions comme les banques, les caisses populaires, les Financières agricoles, le MAPAQ.
Raviver le Rassemblement des acériculteurs du Québec (RAQ)
Comme les autres M. Doyon en a gros sur le cœur contre l'UPA, son monopole et son rôle ambigu de défense des agriculteurs et la mise en marché. Lui aussi se réclame du rapport Pronovost. Selon lui la fin du monopole de l'UPA ne serait pas une catastrophe car pour la production de sirop d'érable il a un plan : raviver le Rassemblement des acériculteurs du Québec (RAQ) qui s'occuperait de la gestion d'un plan conjoint.
M. Doyon ne croit plus au système judiciaire. La solution c'est de descendre dans la rue, faire comme les étudiants et les autochtones. « Ce n'est pas vrai qu'on ne peut pas se tenir, si Bernier (le ministre Maxime Bernier) et Harper (le premier ministre) ne comprennent pas, ils vont comprendre aux Chutes de la Chaudière ».
Demande à la Reine Élisabeth
MM. Doyon et Roy ont lancé un site web (www.quebeccorrompu.com) qui se veut un « procès public » du système. Ils y déposent des vidéos et des documents prouvant, selon eux, la collusion et la corruption un peu partout.
Le site est l'œuvre de M. Roy, un membre de la communauté autochtone Alnombak en Beauce. Il faut bien le dire, ce projet semble bien ambitieux.
« Demande à Amnistie International (AI) et à l’organisation des Nations Unies (ONU) au nom des droits de l’homme, de faire pression sur la Reine Élisabeth pour qu’elle procède à la mise en tutelle ; du Procureur Général du Québec, (PGQ), l’Assemblé Nationale du Québec(ANQ), du Barreau du Québec, de la Régie des Marchés Agricoles et Alimentaire du Québec (RMAAQ), du Ministère de l’agriculture des pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), de l’ Union des Producteurs Agricoles du Québec (UPA), de la Financière Agricole du Québec (FAQ), de la Financière Agricole du Canada(FAC), et l’inspecteur Général des institutions Financière du Québec. »
M. Roy écrit : « Il n'y a pas juste le domaine de la construction, c'est tout le système qui est corrompu ». Il ajoute : « Nous nous tournons vers ses organismes, pour plaider notre cause, n'ayant plus confiance au système judiciaire québécois ».

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