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L’enjeu, la ferme familiale ou l’agriculture industrielle




M. Daniel Miclette avec un agneau Blackbelly sur un rocher.


par Jean-Pierre Lemieux

Un agriculteur de Notre-Dame-de-la-Paix (MRC Papineau) se demande si l’agriculture industrielle mettra fin à la ferme familiale. M. Daniel Miclette possède en Outaouais, secteur Petite nation, une ferme de 100 acres depuis 1998.

« J’y habite en permanence depuis 2001. Mon but en achetant cette terre fut de reconstituer une ferme comme c’était avant le virage industrielle des années 1970 qui a conduit à l’agriculture industrielle spécialisée ». Vous pouvez voir ce qu’il en a fait en allant visiter son site web : (site web) . Il reçoit une quelques centaines de visiteurs par année, principalement l’été.

Pour décrire la Ferme les trois coteaux, M. Miclette écrit sur son site : « Interprétation des races anciennes et rustiques d’animaux. Depuis 2000, cette ferme a pour mission de faire coexister agriculture et nature. Après la restauration en milieu naturel d’une partie de la superficie, des espèces animales ayant en commun la rusticité, l’instinct et la beauté ont progressivement été intégrées à l’écosystème de la ferme. »

Il est inscrit au MAPAQ, il a sa carte de producteur agricole et est membre de L’UPA mais le revenu généré n’étant pas suffisant, il occupe un emploi à temps plein au BMR du village.

« À petite échelle les productions agricoles n’ont que très peu d’impact sur l’environnement et le voisinage. Si la tendance se maintien et que les productions agricoles deviennent des industries de plus en plus grandes, les conflits avec le voisinage vont proliférer ».

De l’aide

Depuis plusieurs années, lui et trois autres voisins, vivent la situation. Un « industriel » qui exploite une grande production de céréales, a construit en 2010 un complexe de séchage de maïs à moins de 100 mètres de sa résidence et de celle de trois autres voisins. L’un d’eux était à 30 mètres. En 2012 sa vie étant devenu « un véritable enfer » ce voisin a déménagé et a dû vendre. Qui a acheté? Le seul qui pouvait l’acheter c’était le producteur de céréales.

« J’ai demandé l’aide de plusieurs instance de l’UPA. J’ai pensé pouvoir être traité en égal mais ce ne fut pas le cas. On m’a ignoré, discrédité et ridiculisé .

Dans le but de mettre toutes les chances de son côté, M. Miclette a fait les plans de ce genre de «silencieux » sur le séchoir de son voisin et il a évalué le coût à environ 500$. En plus il a offert de trouver et rassembler les matériaux, ses outils et son temps pour construire ce qui pourrait régler le problème.

Dans un échange de courriels qu’il nous a fait parvenir on peut comprendre que le directeur général qu’il a contacté à la Fédération des producteurs de pommes de terre, M. Clément Lalancette, était d’accord pour offrir sa médiation. Le 22 novembre 2012 il écrivait : « Si vous avez une solution à moins de 500$ je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez trouver un terrain d’entente. » Dans un autre courriel le 28 novembre M. Lalancette demande à M. Miclette : « Qui paiera ce 500$? »

Quelques jours plus tard, le 7 décembre, le même « médiateur » écrit : « … ce sera ma dernière intervention dans ce dossier car je ne peux pas m’immicer (sic) entre deux producteurs après discution (sic) avec l’autre partie ».

Il semble bien que la solution avancée n’aurait fonctionné que si en plus de ramasser les matériaux et de construire le silencieux avec ses outils M. Miclette avait accepté en plus de payer lui-même les frais. « Je songe sérieusement à vendre. Des situations comme la mienne, il y en a plein».

L’impact de la ferme familiale sur la vie du village n’est pas le même que l’impact de la ferme industrielle : les gros n’achètent pas ici. En plus de sa ferme, M. Miclette comme il travaille au BMR du coin, est donc bien en mesure de constater l’effet qu’aura le départ d’un petit producteur. Autour de son village, Notre-Dame-de-la-Paix, il y a quatre gros producteurs et environ 200 petits.

Selon lui, la majorité sont des producteurs bio ou de petits producteurs genre « gentlement farmer » ou des retraités qui ont acheté une « fermette » à cause du « désir de vivre à la campagne pour la qualité de vie et la tranquillité ».

Les entreprises agricoles devenant de plus en plus grosses sont des entreprises comme les autres : « elles deviennent des entités sans morale (…) foulant du pied tout ce qui se dressent devant eux ».

L’agriculteur souligne le « financement gouvernementale de l’agriculture industrielle ». « Juste en crédit de taxes municipales, combien de millions en coûte-t-ils aux contribuables québécois. Dans mon cas je retire 750$ pour une ferme d’une valeur approximative de 100 000$. Imaginer le retour de taxes de celle qui valent plusieurs millions? »

« Mettre fin au monopole de l’UPA ça presse ». M. Miclette rêve de regrouper tous les petits producteurs agricoles, moins de 75 000$ de production, dans une même association : « Le visage et l’ambiance des campagnes en seraient métamorphosés ».

M. Miclette se dit un « éternel optimiste », il ne perd pas espoir de trouver une solution satisfaisante pour tous.

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